SURVOL

Le SCFP représente environ 37 900 membres dans le secteur des transports qui travaillent pour des compagnies aériennes, des aéroports, des services de traversier, des autorités portuaires, des entreprises ferroviaires, des services d’entretien des chemins publics, et des réseaux de transport en commun public et privé.

La Division du transport aérien représente 20 000 membres de onze compagnies : Air Canada (et Air Canada Rouge), WestJet (avec Encore et Sunwing), Porter, Air Transat, Calm Air, Flair Airlines, PAL Airlines, Pascan Aviation, Pivot, Air North et Canadian North. Le SCFP représente aussi du personnel de maintenance dans cinq aéroports municipaux.

Air Canada, WestJet et Air Transat comptent plusieurs sections locales, chacune ayant son exécutif, ainsi qu’un comité exécutif national qui s’occupe de la négociation collective et des griefs. Chez les autres transporteurs, nos membres sont représenté(e)s par une seule section locale. La Division du transport aérien est l’instance qui régit ce sous-secteur. Son congrès a lieu avant le congrès national du SCFP.

Le sous-secteur du transport terrestre compte quant à lui près de 10 700 membres. La plupart sont des chauffeuses et chauffeurs d’autobus à l’emploi de sociétés de transport municipales au Québec. Chaque municipalité a sa propre section locale et sa convention collective. Les représentant(e)s de ce sous-secteur se réunissent chaque trimestre au sein du Conseil provincial du secteur du transport terrestre du SCFP-Québec pour discuter de questions communes et planifier les campagnes sectorielles.

Le troisième groupe en importance (plus de 4500 membres) est constitué de cols bleus et de cols blancs responsables de l’entretien des autoroutes et des routes provinciales.

Enfin, le SCFP compte quelque 3000 membres dans le transport maritime et ferroviaire, travaillant notamment pour les ports du Québec, les autorités portuaires municipales, les services de traversier du Québec et de l’Ontario, ainsi que SkyTrain et Southern Rail en Colombie-Britannique.

LES ENJEUX

Lois et politiques gouvernementales hostiles

Pour assurer le déplacement des personnes et des marchandises, nous avons absolument besoin d’un réseau de transport accessible, abordable et bien financé. Ce secteur est essentiel à la croissance socioéconomique. Or, partout dans le monde, les travailleuses et travailleurs du secteur des transports subissent d’intenses pressions de la part des gouvernements et du secteur privé : baisse des salaires et détérioration des conditions de travail engendrées par la privatisation et la déréglementation, précarisation des emplois et atteinte au droit à la négociation collective.

Transports Canada multiplie les écrans de fumée pour cacher qu’il est à la botte du privé, alors qu’il fait passer le profit avant la sécurité publique dans les domaines de l’aviation commerciale et du transport ferroviaire. On mentionne d’ailleurs en toutes lettres dans un règlement permettant de réduire le nombre d’agent(e)s de bord sur les vols que la mesure permettra aux compagnies aériennes d’économiser sur les coûts de main-d’œuvre!

Cette décision compromet pourtant la sécurité des passagères et passagers et des membres de l’équipage, en plus d’accroître la charge de travail des agent(e)s de bord, de réduire la qualité de leur travail et de miner leur sécurité d’emploi. Le SCFP a exhorté Transports Canada à faire marche arrière en revoyant à la hausse le nombre d’agent(e)s de bord requis lors des vols.

La privatisation et à la sous-traitance des services de transport en commun et des travaux routiers sont de plus en plus fréquentes. Des emplois bien rémunérés sont perdus et remplacés par des postes précaires. Ces stratagèmes s’accompagnent d’attaques contre le droit à la négociation collective. Les effets négatifs sont nombreux : insécurité d’emploi, surcharge de travail et baisse de la satisfaction au travail.

Santé et sécurité

La diminution du nombre d’agent(e)s de bord sur les vols est très préoccupante du point de vue de la santé et de la sécurité. La réduction de la taille de l’équipage affecte les procédures de sécurité, particulièrement en situation d’urgence, et accroît la charge de travail et la fatigue du personnel. Le SCFP s’est montré proactif en négociant dans ses conventions collectives des clauses sur la taille de l’effectif excédant le seuil réglementaire fixé par Transports Canada. Par exemple, il a fait inscrire dans les conventions des membres d’Air Canada et d’Air Transat une clause qui maintient le ratio de sécurité reconnu d’un(e) agent(e) par 40 sièges sur certains vols.

Transports Canada s’est aussi soustrait à sa responsabilité de protéger le personnel et la clientèle des compagnies aériennes pendant la pandémie. Au lieu d’agir comme un organisme de réglementation, le ministère a laissé les compagnies aériennes décider par elles-mêmes des mesures à mettre en place, favorisant ainsi les profits au détriment de la sécurité. Le gouvernement fédéral a déterminé que le personnel des compagnies aériennes était essentiel pendant la pandémie, sans toutefois le protéger des conséquences économiques ni reconnaître son droit de refuser un travail dangereux.

Les conductrices et conducteurs dans le transport en commun sont également confrontés à de nombreux risques en matière de santé au travail : problèmes musculosquelettiques, troubles gastriques et intestinaux, troubles du sommeil et problèmes psychologiques. Espace trop souvent exigu, mal conçu et mal éclairé, exposition élevée à des variations de température et à des vibrations, horaires très variables, quarts fréquemment fractionnés, périodes de repos insuffisantes (pendant et entre les quarts) et rotations épuisantes sont leur lot quotidien.

La montée de la violence au travail est une préoccupation, dans les avions comme dans les transports en commun. Dans le secteur du transport aérien, la hausse des frais, la réduction des services à bord et l’augmentation de la capacité des appareils ont accru l’insatisfaction et les comportements turbulents de la clientèle. Dans les transports en commun, les passagères et passagers agités et parfois violents représentent un danger pour le personnel. Les travailleuses et travailleurs, qui font état d’un niveau de stress élevé, s’estiment mal appuyés et mal protégés par leur employeur.

Le personnel de la voirie, enfin, fait également face à des risques professionnels liés à la fatigue et au stress, notamment en raison des nombreuses heures supplémentaires pendant les tempêtes hivernales et des conditions routières dangereuses dans lesquelles il doit parfois conduire.

Banque de l’infrastructure du Canada

Sur la base de données fournies par le SCFP, un comité parlementaire a recommandé, dans un rapport de mai 2022, l’abolition de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC), une victoire majeure contre la privatisation. Le comité a confirmé que la privatisation coûte plus cher pour de moins bons services et nuit aux services publics dont nous avons besoin. La BIC a pour mandat de soutenir le transport en commun, le commerce et le transport, ainsi que les infrastructures vertes par le biais de financement provenant de partenariats public-privé (PPP).

Le Parti libéral du Canada a rompu sa promesse électorale de soutenir les municipalités en leur offrant des prêts à faible coût. Il a préféré créer la BIC, qui sert les intérêts des grandes entreprises. Résultat : des millions de dollars de perdus, et un bilan bien maigre — rien pour faire pardonner le lourd budget de fonctionnement et les salaires exorbitants versés aux dirigeant(e)s.

Le SCFP réclame une banque publique qui ferait passer les intérêts des communautés avant ceux des entreprises, qui octroierait des prêts à faible taux pour aider les gouvernements à construire des infrastructures, à stimuler l’économie et à soutenir de bons emplois verts, qui soutiendrait des projets communautaires, et qui n’obligerait pas la privatisation par le biais de PPP et d’autres stratagèmes.

LES NÉGOCIATIONS

La négociation collective dans le secteur du transport aérien est difficile depuis des décennies. Au cours des 30 dernières années, la déréglementation, des guerres de prix onéreuses et une concurrence féroce ont érodé les salaires et les conditions de travail des agent(e)s de bord. Ces facteurs ont engendré une nouvelle sous-catégorie d’employé(e)s à statut précaire, surtout composée de jeunes. Les dernières rondes de négociations dans le secteur ont porté principalement sur la protection des gains durement acquis et sur le rejet des demandes de concession.

Du côté du transport terrestre, maritime et ferroviaire, les gouvernements provinciaux et les municipalités prônent l’austérité et recourent à la privatisation et à la sous-traitance, ce qui fait reculer les salaires et les avantages sociaux. Dans l’ensemble du secteur des transports, les questions au cœur des négociations sont les salaires, les avantages sociaux, les conditions de travail, en particulier la santé et la sécurité au travail, la sécurité d’emploi, la privatisation, la déréglementation, le travail non rémunéré et les attaques contre les droits conférés par les conventions collectives. Malgré le climat de négociation difficile, nos sections locales du secteur des transports ont réalisé des gains notables.

LES CAMPAGNES

Nos membres du secteur des transports font face à d’énormes défis en raison de l’attitude des employeurs et des gouvernements. Mais le SCFP mène des campagnes et utilise l’action politique pour protéger leurs salaires, leurs avantages sociaux et leurs conditions de travail.

Le travail non payé, c’est du vol

Les agent(e)s de bord sont responsables de la sécurité et du confort des passagères et passagers ainsi que la sûreté de l’avion même, au sol comme à 7 000 mètres d’altitude; la connaissance des différents appareils est donc essentielle pour la sécurité de tout le monde à bord. En fait, les agent(e)s de bord doivent tout savoir, depuis les protocoles d’urgence jusqu’aux premiers soins, en passant par la gestion des passagères et passagers agités et l’extinction d’incendies à bord. Le personnel de cabine est formé pour faire face à toutes sortes de situations, par exemple un décès ou la présence de marchandises dangereuses à bord, ce qui, bien sûr, exige une solide formation, en plus de mises à niveau annuelles.

Certaines de ces tâches sont rémunérées, mais plusieurs ne rapportent que le salaire minimum fédéral, voire moins, et d’autres encore, selon la compagnie aérienne, ne sont pas rémunérées du tout. Ainsi, la majorité des agent(e)s de bord au Canada ne sont pas payé(e)s pendant l’embarquement et le débarquement, ni pendant l’attente lorsqu’il y a des retards.