Le gouvernement conservateur de Doug Ford n’en est pas à son premier scandale, mais les récentes révélations de la vérificatrice générale de l’Ontario concernant le Fonds pour le développement des compétences viennent s’ajouter aux nombreux signes laissant croire que la corruption gangrène les hautes sphères du parti. C’est ce que souligne le SCFP-Ontario, la division ontarienne du Syndicat canadien de la fonction publique, en réclamant que le ministre du Travail David Piccini rende des comptes sur le dossier.
« Il faut savoir répondre de ses actes quand ce genre de scandale éclate, car sinon, c’est la confiance du public qui est minée », soutient le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn. « Avec le Fonds pour le développement des compétences, on parle de 2,5 milliards de dollars d’argent public – des ressources collectives qui auraient pu renforcer l’Ontario et protéger les travailleuses et travailleurs qui sont aux prises avec le chômage, les dédales de la requalification et les dégâts causés par les droits de douane américains. Alors que chaque dollar de nos fonds publics devrait être consacré à élargir les perspectives d’emploi et à améliorer les services publics, voir ces fonds mal utilisés est franchement inquiétant. »
« Le ministre Piccini doit reconnaître la chose et démissionner. Et s’il ne le fait pas, le premier ministre Ford doit le révoquer afin d’agir dans le meilleur intérêt de la population. »
Voici quelques constats inacceptables issus du rapport de la vérificatrice générale :
- Des organisations dont la demande de financement avait été classée comme faible ou moyenne, mais qui avaient embauché des lobbyistes, ont reçu en tout 126 millions de dollars (une nouvelle analyse du Toronto Star révèle même une somme de 237 millions versée à des groupes ayant soutenu le parti de Doug Ford).
- Des projets jugés à faible rendement ont néanmoins reçu des fonds, sans justification ni trace d’explication.
- Plus de la moitié des décisions de financement prises par les fonctionnaires ont été annulées.
Le rapport de la vérificatrice générale indique que les pratiques de sélection n’étaient ni justes, ni transparentes, ni responsables.
« Par le passé, les ministres et député(e)s du parti devaient répondre des conséquences de leurs actes quand des dossiers à leur charge étaient mal gérés ou venaient discréditer le travail du gouvernement, rappelle Fred Hahn. En 2023 seulement, l’ancien député conservateur Vincent Ke a quitté le caucus en raison d’allégations d’ingérence électorale à l’étranger, puis le ministre du Logement Steve Clark a démissionné à son tour dans la foulée du scandale de la ceinture de verdure, qui a aussi poussé l’ex-député Kaleed Rasheed à quitter le caucus pour son rôle joué dans cette affaire. »
« Même s’il agit souvent de manière éhontée et donne parfois l’impression que l’intégrité est une valeur secondaire en politique, le gouvernement Ford ne pourra pas échapper à la nécessité de rendre des comptes à la population ontarienne sur cette question. »