Commerce et investissements internationaux
En 2018, des syndicats et des mouvements sociaux du Mexique, des États-Unis et du Canada se sont réunis à Montréal pour partager leurs préoccupations relatives à la renégociation de l’ALÉNA. Le SCFP est membre de Common Frontiers, du Réseau pour le commerce juste et du Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), trois organismes qui ont organisé cette rencontre. Plusieurs groupes qui collaborent depuis l’entrée en vigueur de l’ALÉNA au début des années 1990 y ont également participé. Ils font valoir depuis longtemps le point de vue des travailleurs, des agriculteurs, des Autochtones, des femmes, des écologistes et des défenseurs des droits de la personne.
Lors de cette rencontre, les groupes de la société civile ont réclamé un nouvel ALÉNA qui permettrait d’améliorer réellement le sort des citoyens et qui protègerait l’environnement. De plus, les groupes participants se sont engagés à renforcer les liens de solidarité entre les travailleurs des trois pays, à la grande joie du mouvement syndical mexicain.
En effet, dans tous les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ce sont les Mexicains qui travaillent le plus longtemps pour le salaire le plus faible. L’ALÉNA n’a pas rehaussé le niveau de vie des travailleurs mexicains. Au contraire, il a contraint plusieurs citoyens à se tourner vers le travail précaire informel ou à migrer à l’étranger en quête d’un travail décent. Les Mexicains ont désespérément besoin qu’un cadre législatif qui protège leur liberté d’association et leur droit à la négociation collective. Or, ils luttent d’arrache-pied contre un projet de loi qui imposera de bas salaires et de piètres conditions de travail, en plus de saper les efforts de négociation collective.
Au Canada, le gouvernement Trudeau a fait sienne la politique du gouvernement Harper consistant à signer des accords de libre-échange avec le plus grand nombre de pays possible. En plus de l’ALÉNA, il s’affaire à négocier des ententes avec la Chine, l’Inde et un groupe de pays latino-américains qu’on appelle le MERCOSUR. Pour contrer l’opposition à ces accords commerciaux, le gouvernement Trudeau promet de les rendre « progressistes » en y intégrant des articles contraignants sur les droits des travailleurs, l’environnement, les droits des femmes et les droits des peuples autochtones. Or, à la lumière des négociations menées à ce jour, ce ne sont que des promesses creuses. En effet, l’accord Canada-Chili est le seul à inclure un article sur l’égalité des sexes et son contenu ne fait qu’illustrer l’inefficacité des accords commerciaux comme vecteur de changement social.
Les accords de libre-échange suscitent la grogne populaire un peu partout. En nous unissant, nous aurons plus d’impact. Au lieu du libre-échange, nous réclamons des échanges équitables.
30e congrès mondial de l’Internationale des services publics
Le 30e congrès mondial de l’Internationale des services publics (ISP) s’est tenu en novembre 2017 à Genève, en Suisse, sous le thème Le peuple au-dessus du profit. Le SCFP, affilié actif de l’ISP depuis plus de 50 ans, y était représenté.
L’ISP est une fédération syndicale mondiale qui représente 20 millions d’hommes et de femmes travaillant dans les services publics. Elle parle au nom de plus de 650 syndicats dans 148 pays et territoires.
Le congrès mondial de l’ISP permet aux dirigeants et aux militants de partager leurs stratégies et de travailler ensemble pour promouvoir la qualité des services publics et défendre les droits syndicaux. Les délégués ont adopté un plan d’action qui fixe les objectifs pour les cinq prochaines années. Ce plan cible la défense de la démocratie et d’une société inclusive qui s’engage à assurer l’égalité des sexes, le respect et la dignité pour tous. Il plaide en faveur d’un développement économique profitant à tous, de la redistribution de la richesse et de la consolidation du pouvoir des travailleurs.
La résolution présentée par le SCFP sur la loi antiterroriste canadienne de 2015 (C-51) a été bien reçue. Les gouvernements du monde entier se servent de la « guerre au terrorisme » comme justification pour bafouer les libertés civiles et limiter le droit de manifester. Comme l’illustrent les expériences de nos alliés colombiens, philippins et turcs, les syndicalistes qui combattent les actions antisyndicales sont accusés de mettre la sécurité nationale en péril. C’est la même chose pour les militants autochtones qui résistent aux minières étrangères qui s’emparent de leurs terres. « Nous sommes résolument en faveur du droit de chacun à s’organiser et à manifester pacifiquement, au Canada comme partout dans le monde », a déclaré le président du SCFP national, Mark Hancock, devant les congressistes.
Commission de la condition féminine des Nations Unies
En mars dernier, des représentantes du SCFP faisaient partie de la délégation syndicale internationale qui s’est présentée devant la Commission de la condition féminine des Nations Unies à New York. La délégation a invité les gouvernements du monde entier à poser des gestes concrets pour favoriser l’égalité des sexes et les droits des femmes.
Les déléguées ont fait pression sur les gouvernements pour que les priorités syndicales soient incluses dans les « conclusions concertées », un document réunissant les engagements négociés à la commission. En raison de l’influence des intérêts corporatistes et conservateurs au sein de l’appareil onusien, l’apport des syndicalistes féminines est crucial dans ce processus.
La délégation a aussi demandé que les gouvernements s’engagent à respecter les droits de base des travailleurs, comme le droit à la syndicalisation, à la négociation collective et à un salaire égal pour un travail d’égale valeur. Ces droits sont protégés par les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), mais les gouvernements doivent mieux les respecter.
Les déléguées ont demandé des engagements fermes des gouvernements envers des services publics de qualité, comme les services de garde à l’enfance, l’éducation et la santé. Elles ont aussi réclamé une fiscalité plus progressiste qui permettrait de financer adéquatement les services publics. La vice-présidente régionale du SCFP pour l’Ontario, Candace Rennick, a fait une présentation portant sur la campagne pour les soins de longue durée intitulée Le temps pour soigner. Cette campagne constitue un bon exemple d’implication syndicale en faveur de services publics de qualité. Candace Rennick a expliqué que les femmes sont affectées de manière disproportionnée lorsque les services publics de base ne sont pas disponibles. Celles-ci comptent sur le soutien et les bons emplois que procurent les services publics. En outre, en l’absence de services publics de qualité, ce sont surtout les femmes qui offrent les soins, et ce, gratuitement.
Les déléguées syndicales ont fait la promotion active de la campagne mondiale contre la violence au travail fondée sur le sexe. À l’aide du mot-clic #StopGBVatWork, elles ont réclamé une nouvelle convention de l’OIT sur ce type de violence qui menace gravement la sécurité et le bien-être des travailleuses. En juin 2018, l’OIT organisera une première discussion en vue de l’adoption d’une telle convention.