La réconciliation et la fin des inégalités affligeant les Premières Nations nécessiteront une action concertée et des investissements considérables, mais, heureusement, les retombées positives dépasseront de beaucoup les coûts. L’éducation sera la clé du succès, même si l’équation est beaucoup plus complexe.

Les inégalités entre les Canadiens autochtones et non autochtones sont déjà évidentes en bas âge et se poursuivent tout au long de la vie. Par 
rapport aux enfants non-autochtones, 
les enfants autochtones courent deux 
fois plus de risques de mourir durant leur première année de vie, courent 
trois fois plus de risques de vivre dans 
la pauvreté, courent presque deux fois plus de risques d’être sans emploi 
et ont trois fois moins de chances d’obtenir un diplôme universitaire.

Les conditions de santé des Autochtones sont aussi bien pires. Comparativement aux Canadiens non autochtones, les Autochtones courent sept fois plus de risque d’être assassinés. Ils vivent aussi cinq à 10 ans de moins en moyenne.

Cependant, lorsque les Autochtones ont accès à une éducation et à des services publics de même qualité 
que ceux offerts aux Canadiens non autochtones, les disparités économiques et sociales, notamment au niveau de la santé, diminuent considérablement.

L’amélioration des conditions de vie, les possibilités économiques et l’accès à l’éducation sont d’ailleurs liés. La Commission de vérité et de réconci-liation a révélé que les séquelles des pensionnats autochtones persistent pendant plusieurs générations. De plus, des dizaines de milliers d’enfants autochtones continuent d’être retirés 
de leur famille pour être placés en 
adoption ou en foyer d’accueil. Les enfants autochtones sont 25 fois 
plus souvent placés dans une famille d’accueil relevant du fédéral que les enfants non autochtones.

Les conditions économiques doivent être améliorées pour empêcher cette
situation de perdurer.

Dans une décision historique récente, le Tribunal canadien des droits de la personne a statué que le gouvernement fédéral faisait preuve de discrimination 
à l’endroit des enfants autochtones vivant sur les réserves en ne leur fournissant pas le même niveau de services de garde qu’ailleurs. Trois mois plus tard, le tribunal a exigé du fédéral qu’il accélère la mise en place de mesures correctives.

Comme l’a souligné le président de la Commission de vérité et de réconciliation Murray Sinclair, alors que les Premières Nations considéraient l’éducation comme un droit au moment de la signature des traités, elle a historiquement été utilisée comme outil d’assimilation.

L’éducation est la clé, mais comme les autres services publics, elle doit être de très grande qualité et contrôlée par les Premières Nations. L’éducation doit célébrer la culture et les langues autochtones plutôt que de contribuer à leur éradication. Elle doit aussi être accessible en bas âge. Les programmes d’éducation de la petite enfance et de services de garde, comme ceux offerts avec succès par le Centre pour enfants de la Première Nation Katl’odeeche sur la réserve de Hay River Dene aux Territoires du Nord-Ouest, peuvent faire une différence remarquable pour les générations à venir.

La diversité des peuples et des communautés autochtones est un 
joyau qu’il faut préserver. Nous en profitons tous socialement, économiquement et culturellement. En termes monétaires, selon une étude réalisée 
par le Canadian Centre for the Study 
of Living Standards, le produit intérieur brut canadien augmenterait de 36,5 milliards de dollars et l’écart entre les revenus et les dépenses du gouvernement serait réduit de 17,7 milliards de dollars en 10 ans si les inégalités qui affectent les Autochtones (conditions de vie, accès à l’éducation et au marché du travail) étaient éliminées. Mais ce qui est encore plus important que l’impact économique, c’est ce que nous pouvons tous gagner aux plans social et culturel en transformant une relation d’inégalités et de discrimination en une relation de plus grande égalité et de respect mutuel de nation à nation.