À titre de ministre de la Santé mentale et de la Toxicomanie, Judy Darcy dirige l’intervention provinciale en réponse à la crise qui continue de tuer trois à quatre personnes chaque jour en Colombie-Britannique. En tant qu’ancienne présidente nationale du SCFP, elle sait combien cette crise est un problème national qui touche nos membres personnellement et professionnellement.
1) Comment votre ministère a-t-il répondu à la crise des opioïdes en Colombie-Britannique?
Lorsque nous avons pris le pouvoir en juillet 2017, nous avons créé le ministère de la Santé mentale et de la Toxicomanie, le premier et le seul au Canada. Notre principal objectif est de sauver des vies et de permettre aux gens d’obtenir des traitements et des services de réadaptation.
Notre approche repose sur quatre piliers : la réduction des méfaits, le traitement, l’application des lois et la prévention.
Ensemble, avec tous nos intervenants de première ligne, nous avons réussi à éviter 4700 décès depuis deux ans. En augmentant la distribution de naloxone, en doublant le nombre de centres de prévention des surdoses et de consommation supervisée et en améliorant l’accès aux traitements médicamenteux, nous avons joué un rôle important pour sauver des vies.
Les trousses de naloxone à emporter sont maintenant disponibles dans plus de 1500 endroits en Colombie-Britannique, y compris dans 600 pharmacies communautaires. Nous avons doublé le nombre de sites de prévention des surdoses et de consommation supervisée. Il y a eu plus d’un million de visites et pas un seul décès.
Nous travaillons à rediriger un plus grand nombre de personnes vers des options de traitement et de réadaptation. Nous avons amélioré la surveillance des centres privés de réadaptation pour toxicomanes et la qualité de leurs services. Nous poursuivons des projets traditionnels comme le centre de sevrage à Vancouver. Aussi, nous travaillons avec la police dans plusieurs communautés, afin qu’elle puisse orienter les personnes à risque vers les services dont elles ont besoin.
2) Que fait la province pour aider les intervenants de première ligne pour faire face à cette crise?
Je n’insisterai jamais assez sur l’importance des efforts héroïques de nos secouristes, de nos t travailleurs en réduction des méfaits, de ceux des soins de santé et communautaires, des pairs, des bénévoles, des amis et des familles des personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Et je sais qu’il y a un coût à payer pour cette générosité.
Le gouvernement provincial a donc mis sur pied une équipe d’intervention mobile. Il s’agit de travailleurs de première ligne dont le rôle est justement d’aider nos travailleurs de première ligne. Ils fournissent le soutien et les services psychosociaux nécessaires. À ce jour, plus de 12 000 personnes provenant de plus de 1000 organismes différents répartis dans 70 communautés ont eu accès à des services permettant de traiter les traumatismes et de prévenir l’épuisement professionnel.
Nous avons aussi modifié les lois sur l’indemnisation des lésions professionnelles pour reconnaître les problèmes de santé mentale et les traumatismes qui frappent un grand nombre de secouristes.
3) Pourquoi le gouvernement fédéral n’a-t-il pas posé plus de gestes pour résoudre ces problèmes?
Le financement fédéral a permis d’améliorer énormément l’efficacité de nos interventions provinciales et nous en sommes très reconnaissants. Cependant, la crise des surdoses continue d’avoir un impact disproportionné sur la Colombie-Britannique. Nous devons continuer à augmenter nos interventions pour mettre fin à la souffrance et aux décès de nos proches.
Il n’y a pas de réponse simple qui permettra de résoudre cette crise du jour au lendemain. Nous élargissons l’accès aux substituts de drogues toxiques fournis sous supervision médicale. Aussi, nous allons continuer d’ajouter des outils à notre boîte à outils jusqu’à ce que nous réussissions à mettre fin à cette terrible crise.
4) Pourquoi les membres du SCFP devraient-ils se soucier de cet enjeu?
La toxicomanie et les problèmes de santé mentale menacent tout le monde. Les gens qui meurent sont nos enfants, nos frères et sœurs, nos mères, nos pères, nos collègues et nos meilleurs amis. Cette crise est une situation d’urgence sans précédent touchant la santé publique et affectant la vie de tout le monde.
Les membres du SCFP ont toujours été aux premières lignes, afin de travailler pour bien communs. Nous devons tous y contribuer. Nous devons mettre fin au silence, à la honte et à la stigmatisation qui empêchent trop de personnes de demander de l’aide.