Viandes trop cuites difficiles à mâcher. Pain industriel rassis. Plats fades accompagnés de condiments de mauvaise qualité. Il s’agit de plaintes courantes concernant la nourriture dans les établissements de soins de longue durée de l’Ontario.
Bien que le sous-financement de l’État contribue aux problèmes de qualité, de nombreux établissements sous-traitent les services alimentaires à des entreprises qui priorisent le profit plutôt que les besoins de la clientèle. Celles-ci ont tendance à préparer peu d’options qui sont souvent préemballées, ce qui prive les résidentes et résidents de l’attrait des aliments frais et d’un mot à dire sur le menu.
La sous-traitance est assez courante dans les établissements à but lucratif, mais elle est également problématique dans les foyers municipaux et à but non lucratif.
Pourtant, quelques établissements ontariens ont choisi une autre approche. Dans les quatre résidences gérées par la Municipalité régionale de Peel, la nourriture est préparée sur place avec des ingrédients de qualité, elle est servie fraîche et, surtout, elle répond aux préférences de la clientèle.
« La nourriture dans mon foyer est vraiment bonne », affirme Pam Hayer, préposée aux services de soutien à la personne et membre de la section locale 966 du SCFP. « Nous avons beaucoup de résidentes et de résidents d’origine indienne, et ils peuvent avoir de la nourriture indienne. Et tout le monde a deux choix. Et si aucun de ceux-ci ne nous plaît, on peut demander à la cuisine de préparer autre chose. »
Contrairement aux établissements qui sous-traitent, la nourriture dans les foyers de Peel est préparée et servie par du personnel interne qui connaît les penchants et les comportements des résident(e)s. Il est donc plus facile d’anticiper les besoins et d’assurer la satisfaction de chacun à l’heure des repas.
« Nous préparons la nourriture en fonction du régime alimentaire de chacun, comme un régime rénal ou sans gluten », explique Rupinder Tutt, une aide-nutritionniste dont les tâches incluent, entre autres, l’évaluation des besoins nutritionnels. « Les services alimentaires sont bien organisés. On applique les recommandations du Guide alimentaire canadien dans la préparation des menus. »
Mme Tutt dit que contrairement à son expérience dans un foyer à but lucratif qui priorisait la rationalisation des coûts, la Région de Peel a investi dans du matériel d’aide adaptée pour diminuer la dépendance à du personnel d’assistance et promouvoir l’indépendance des personnes âgées ou en situation de handicap à l’heure des repas.
Les travailleuses et les travailleurs sont généralement satisfaits de la gestion des services alimentaires de Peel, mais ils soulignent qu’on peut faire mieux. En effet, de nombreux employés et employées sont précaires. Mmes Hayer et Tutt affirment que certaines personnes n’ont toujours pas de poste à temps plein après dix ans à l’emploi.
« Lorsqu’on travaille à temps partiel, on en apprend moins sur la clientèle, parce qu’on ne travaille pas toujours au même étage; on change d’étage à chaque quart de travail, raconte Rupinder Tutt. Et puis, on a besoin d’un deuxième emploi pour survivre. Donc, parfois, on n’arrive pas à donner notre cent pour cent, parce qu’on vient de terminer de travailler à l’autre endroit. C’est parce que j’ai un poste à temps plein que je peux me consacrer entièrement à mon travail ici. »
Lola Silbourne, PSSP et secrétaire-trésorière de la section locale 966 du SCFP, affirme que la grande différence dans la qualité de la nourriture dans les établissements de Peel, par rapport aux autres, montre qu’on peut vraiment améliorer les soins de longue durée en optant pour la bonne approche.
« La gestion des services alimentaires de Peel est très encourageante et, à bien des égards, un modèle à suivre pour les autres établissements, dit-elle. Nous saluons ses efforts pour améliorer l’expérience des résidentes et des résidents et veiller à ce que ceux-ci bénéficient du confort, de la dignité et de la paix qu’ils méritent à la fin de leur vie. Mais, comme le soulignent nos membres, Peel peut faire encore mieux. Comme syndicat, nous continuerons d’exhorter l’employeur à faire les bons choix quant aux conditions de vie et de travail en soins de longue durée. »