Ce profil offre aux membres du SCFP des renseignements sur leur secteur de travail, et ce, dans une perspective nationale.

SURVOL

Le SCFP a plus de 22 000 membres qui travaillent dans les bibliothèques, fournissant des services de première ligne dans les communautés de toutes les provinces du pays. Ces travailleuses et travailleurs oeuvrent au sein de conseils d’administration de bibliothèques publiques, au sein de municipalités et d’institutions universitaires, collégiales et scolaires.

Le SCFP représente la majorité des employé(e)s de bibliothèque syndiqués au Canada.

Nos membres sont surtout bibliothécaires, commis de bibliothèque et technicien(ne)s-archivistes. La plupart (85 %) sont des femmes. Douze pour cent des membres sont racisés.

LES ENJEUX

Les bibliothèques, un bien public

Les bibliothèques sont ouvertes à tout le monde. Ce sont des lieux sécuritaires pour les populations vulnérables et marginalisées, y compris les sans-abris et les pauvres, les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie, les personnes ayant un handicap, les populations racisées et autochtones, et les membres des communautés 2SLGBTQI+. Les bibliothèques adhèrent aux principes démocratiques d’équité, d’accessibilité et d’inclusion, en plus d’en faire la promotion

Les bibliothèques stimulent l’économie. Elles contribuent à briser le cycle de la pauvreté en offrant un accès gratuit à Internet, à la recherche d’emploi et au développement des compétences. Elles favorisent l’alphabétisation, une compétence essentielle sur le marché du travail d’aujourd’hui. Elles offrent des services aux personnes âgées, aux chômeuses et aux chômeurs, ainsi qu’aux personnes qui se préparent à l’examen de citoyenneté, en plus d’organiser des groupes de lecture et d’apprentissage des langues.

Chaque année, les bibliothèques publiques du pays accueillent 100 millions de personnes et prêtent 2,1 millions de livres. Près des deux tiers des Canadiennes et des Canadiens ont une carte de bibliothèque.

Le financement

Les bibliothèques sont financées par les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux. Les municipalités sont les principaux bailleurs de fonds, leurs investissements sont supérieurs à ceux du gouvernement fédéral et des provinces mis ensemble. Le fédéral finance uniquement les bibliothèques nationales. Les provinces et les territoires financent les bibliothèques publiques, scolaires, universitaires et collégiales.

Les gouvernements provinciaux et les municipalités ont tenté à plusieurs reprises de se retirer du financement des bibliothèques. Pendant des décennies, ils ont réduit les budgets et imposé des gels salariaux dans le secteur public, entraînant des pertes d’emplois, une augmentation de la charge de travail, des réductions de services et un risque accru de privatisation. L’arrivée de nouvelles technologies, comme les bibliothèques sans personnel et l’enregistrement des prêts en libre-service, a entraîné des pertes d’emplois.

Les compressions budgétaires dans les services sociaux ont poussé bon nombre de personnes à se tourner vers leur bibliothèque pour trouver de l’aide. La demande pour de l’information sur l’immigration et de l’aide à la recherche d’emploi a augmenté. Les compressions entraînent une réduction du personnel, ce qui accroît la charge de travail et augmente le risque de violence au travail de la part d’usagères ou d’usagers frustrés par le service jugé inadéquat.

COVID-19

La pandémie a contribué, voire exacerbé, les défis permanents du secteur. Les employé(e)s de bibliothèque craignent que les employeurs profitent de la pandémie pour licencier du personnel de manière permanente et réduire, restructurer ou privatiser les services.

Malgré ces défis, la pandémie a permis d’illustrer l’importance du travail des employé(e)s de bibliothèque qui aident les gens à rester connectés les uns aux autres et à leur communauté. Les bibliothèques ont offert plusieurs services et programmes en ligne pour protéger les usagères, les usagers et le personnel contre le virus. Le personnel de bibliothèque a tendu la main aux populations marginalisées et vulnérables. Il a organisé des banques alimentaires et livré des livres et d’autres documents de prêt aux garderies et aux établissements de soins.

De plus, le personnel a téléphoné à des milliers de personnes âgées pour vérifier leur santé et leur bien-être et les aider à planifier leur vaccination contre la COVID-19.

Les risques et la violence au travail

Les signalements d’incidents de violence au travail ont augmenté pendant la pandémie. Des usagères et des usagers qui refusaient de porter le masque ont agressé, menacé et harcelé verbalement et physiquement les employé(e)s de bibliothèque. Devant l’ampleur du phénomène, la Bibliothèque publique de Saskatoon a même dû fermer temporairement deux de ses succursales.

Les employé(e)s de bibliothèque interagissent quotidiennement avec des sans-abris et des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de dépendance. De nombreuses bibliothèques publiques se sont retrouvées en première ligne de la crise des opioïdes. Ces réalités peuvent mettre en danger la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs.

La violence au travail est un risque aux causes spécifiques, qui a été amplifié en raison des attaques gouvernementales répétées contre le financement des bibliothèques.

Pour en savoir plus sur la violence au travail, consultez la fiche d’information du SCFP intitulée Comment prévenir la violence dans nos bibliothèques.

La précarité d’emploi

Selon le Sondage national sur la précarité d’emploi mené auprès des travailleuses et des travailleurs de bibliothèque du SCFP, un fort pourcentage des membres occupent un poste précaire. Le travail précaire est à temps partiel, temporaire, occasionnel ou contractuel. Ces postes non permanents offrent moins d’heures de travail à temps plein et un accès limité aux assurances collectives et au régime de retraite.

Les résultats du sondage ont révélé que 53 % de nos membres œuvrant dans les bibliothèques occupent un emploi précaire ou à risque de précarité. Les personnes qui occupent un emploi précaire ont tendance à travailler moins qu’un horaire à plein temps, à gagner moins de 40 000 dollars par an, à occuper plus d’un emploi et à travailler comme commis de bibliothèque ou assistant(e).

Beaucoup de gens à temps partiel cumulent plusieurs emplois pour joindre les deux bouts, ce qui les empêchent de jouir d’un bon équilibre travail-famille.

La privatisation

La sous-traitance des services bibliographiques (commande, traitement, catalogage du matériel, technologie) est une menace courante de privatisation.

L’enregistrement des prêts et des retours en mode libre-service est répandu. Il entraîne la perte de postes et l’érosion d’une culture du service de première ligne appréciée de la clientèle.

Les entrepreneurs privés ont tendance à tourner les coins ronds, à réduire le personnel et à exercer une pression à la baisse sur les salaires et les avantages sociaux.

Les partenariats public-privé (PPP) constituent une menace récente. La Ville d’Ottawa a envisagé un PPP pour la nouvelle succursale principale de sa bibliothèque publique. Une campagne fructueuse menée par la section locale 503 du SCFP l’a contrainte à abandonner ce projet en faveur d’un nouveau développement près du centre-ville. La nouvelle bibliothèque publique d’Ottawa devrait ouvrir ses portes en 2025.

Les progrès technologiques et les bibliothèques sans personnel

Les bibliothèques sans personnel sont de plus en plus nombreuses au pays. Dans ce type de bibliothèque, il n’y a aucun employé pendant plusieurs heures. Cela se traduit par une réduction des emplois et des programmes, un accès limité pour les communautés vulnérables et des risques accrus pour la sécurité publique. Les réseaux publics suivants ont maintenant une ou plusieurs bibliothèques sans personnel : Toronto (section locale 4948), Hamilton (section locale 932.04) et Calgary (section locale 1169). Les réseaux suivants étudient cette option : Regina (section locale 1594), Kingston-Frontenac (section locale 2202) et Essex County (section locale 2318).

L’enregistrement en libre-service est un autre outil de réduction des coûts qui entraîne de nombreux licenciements. Un rapport du personnel présenté au conseil d’administration de la Bibliothèque publique de Toronto a révélé que 81 emplois à temps plein avaient été perdus en raison de cette technologie.

L’identification par radiofréquence (IRF) représente une menace parce qu’elle permet aux usagères et aux usagers d’enregistrer leurs prêts et leurs retours sans l’aide du personnel. La puce électronique de l’IRF remplace le code-barre traditionnel. Elle sert à identifier et suivre les livres, DVD, CD et autres documents bibliothécaires. D’abord introduite comme un outil pour faciliter le travail du personnel, l’IRF est de plus en plus utilisée pour éliminer des postes.

Le recours aux bénévoles

Le personnel de bibliothèque est de plus en plus préoccupé par le recours aux bénévoles. Les employeurs font appel à des bénévoles pour réduire les coûts de main-d’œuvre et éviter de créer de nouveaux emplois rémunérés. Les femmes sont plus touchées que les hommes, puisque les bénévoles œuvrent généralement dans les secteurs à prédominance féminine, comme les bibliothèques. Or, le problème, ce n’est pas les bénévoles, c’est plutôt les raisons pour lesquelles les employeurs font appel à eux, qui peut contribuer à la détérioration du climat de travail. Pour en savoir plus, consultez la fiche d’information du SCFP intitulée Utilisation de bénévoles dans les bibliothèques.

Les services aux communautés autochtones

Dans les petites communautés autochtones rurales et isolées, les services bibliothécaires publics sont insuffisants ou font complètement défaut. De nombreuses communautés n’ont pas accès à une bibliothèque publique adéquatement financée, particulièrement dans les réserves ou en région éloignée. Et on manque de matériel produit et publié dans les langues autochtones. Des groupes de revendication exhortent les gouvernements à accroître les budgets pour mieux servir les communautés autochtones

LES NÉGOCIATIONS

Austérité et concessions

Les sections locales SCFP du secteur des bibliothèques ont connu des négociations difficiles pendant la pandémie de COVID-19 et le climat de négociation post-pandémie ne sera pas meilleur. Les appels à l’austérité sont à nouveau nombreux et les gouvernements et les employeurs se préparent à réduire les dépenses. Nous savons à quoi nous sommes confrontés. Des décennies de politiques économiques restrictives ont entraîné des compressions budgétaires, des gels de salaires, le sous-financement de programmes et de services, des licenciements et des demandes de concessions à la table de négociations.

La politique de négociation du SCFP rejette les concessions et les clauses de disparité de traitement. Nous négocions vers l’avant, pas vers l’arrière. Nous nous nous opposerons à ce que des gains durement gagnés soient annihilés. Il est important que les sections locales continuent de transmettre ce message à la table de négociation. Pour traverser la pandémie et nous diriger vers la reprise socioéconomique et au-delà, nous avons besoin de services publics forts. Investir dans les services et les l’infrastructures publics nous aidera à traverser les turbulences de la pandémie et à profiter d’un avenir plus rose et plus équitable.

Autres enjeux de négociation

La plupart des sections locales du secteur des bibliothèques négocient directement avec l’employeur. Dans certaines régions, la stratégie de négociation inclut une coordination limitée ou le recours à une section locale éclaireuse qui établit la barre pour les autres sections.

La conférence sur la négociation du secteur des bibliothèques du SCFP-C.-B. est un bon exemple de coordination et d’éducation à la négociation. Les membres ont participé à des ateliers sur la préparation des négociations, la mobilisation des membres, la planification stratégique et les communications.

Nos sections locales du secteur des bibliothèques ont réalisé des gains notables au cours des deux dernières années, malgré le climat de négociation difficile. La plupart des augmentations salariales négociées se situent entre 1,5 et 2 %. La section locale 391, à la Bibliothèque publique de Vancouver, a obtenu de nouvelles dispositions sur les congés culturels, la représentation autochtone et le congé pour soins trans. Elle a aussi négocié un régime de rémunération qui profite aux travailleuses et aux travailleurs précaires.

Des sections locales ont obtenu des améliorations à la formation du personnel, aux congés de maladie, aux assurances collectives, aux congés de compassion et de deuil, ainsi qu’aux congés de maternité, parental et d’adoption.

Les régimes de retraite

Environ 92 % des membres du SCFP qui travaillent dans une bibliothèque ont la possibilité de cotiser à un régime de retraite enregistré. Le régime à prestations déterminées est le type le plus courant; il est généralement fourni par le biais du régime de retraite municipal.

La plupart des travailleuses et des travailleurs à temps partiel et occasionnels sont exclus des régimes de retraite au travail ou doivent satisfaire à des règles d’admissibilité élevées. Cela touche particulièrement les employé(e)sdes petits conseils de bibliothèques composés principalement d’une main-d’œuvre à temps partiel.

LES CAMPAGNES

Le SCFP a lancé sa toute première campagne nationale pour les bibliothèques afin de faire connaître les services importants que fournissent nos membres de ce secteur à la collectivité. La campagne sur les réseaux sociaux réclame que les employeurs et les gouvernements financent et protègent adéquatement ces services. Notre slogan est Les employé(e)s de bibliothèque donnent vie à votre bibliothèque!

Visitez notre site Web de campagne pour vous engager à soutenir le personnel des bibliothèques et à renforcer les services de bibliothèque dans nos communautés, nos écoles et nos établissements d’enseignement postsecondaire.

En anglais : https://cupe.ca/sign-pledge-i-support-my-library-i-support-my-library-workers

En français : https://scfp.ca/signez-lengagement-je-soutiens-ma-bibliotheque-je-soutiens-mes-employes-de-bibliotheque

Le comité des travailleuses et des travailleurs des bibliothèques du SCFP-Québec a lancé une campagne vidéo pour faire connaître les importants services publics offerts par nos membres. Cliquez sur le lien suivant pour visionner la vidéo Les travailleurs et travailleuses des bibliothèques du SCFP sous les projecteurs disponible sur You Tube.

Le SCFP souligne aussi l’importante contribution des bibliothèques et de leur personnel en participant aux célébrations du Mois des bibliothèques au Canada en octobre de chaque année. Cliquez sur le lien suivant pour en savoir plus sur notre campagne relative au Mois des bibliothèques au Canada sur les réseaux sociaux.

En anglais : https://cupe.ca/event/canadian-library-month

En français : https://scfp.ca/evenement/mois-des-bibliotheques-au-canada

Des campagnes fructueuses du SCFP et d’autres groupes ont forcé le gouvernement fédéral à verser 26 millions de dollars sur cinq ans au Centre d’accès équitable aux bibliothèques et au Réseau national de services équitables de bibliothèque. Cette décision rétablit partiellement les subventions éliminées en 2020, puis augmente le financement pour les années suivantes. Ces deux organismes offrent des services aux personnes incapables de lire les imprimés. Cette incapacité est un handicap physique, visuel ou d’apprentissage qui empêche une personne de lire le matériel imprimé conventionnel. Il peut s’agir d’une déficience visuelle ou de cécité, de dyslexie, de problèmes d’alphabétisation ou d’un handicap physique comme la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques.