Depuis 2020, les lieux de travail ont mis en œuvre un large éventail de mesures pour réduire le risque d’exposition des travailleurs à la COVID-19. Il n’existe pas de mesure unique qui protège pleinement un travailleur d’une telle exposition. Souvent, on doit mettre en place plusieurs méthodes de contrôle. De nombreux employeurs se sont concentrés sur l’équipement de protection individuelle (EPI) comme première et dernière ligne de défense pour protéger les travailleurs. En fait, l’EPI est considéré comme le moyen le moins souhaitable de contrôler un danger.

La hiérarchie des contrôles ci-contre illustre les types de mesures et de procédures les plus efficaces pour éliminer ou réduire l’exposition d’un travailleur aux dangers en milieu de travail. Lorsqu’on ne peut pas éliminer le danger ou lui substituer autre chose, le niveau de contrôle suivant, en termes d’efficacité, est le contrôle technique, qui inclut la ventilation.

En ce qui concerne la COVID-19, la ventilation constitue un contrôle technique essentiel pour garantir que tout virus infectieux susceptible d’être aérosolisé est dilué et évacué du lieu de travail. Autrement dit, lorsque l’air est pur sur le lieu de travail, le risque d’exposition au virus diminue. Pour bénéficier d’un air pur, on peut changer l’air fréquemment et utiliser des filtres. Un filtre dont la valeur de rapport d’efficacité minimale est d’au moins MERV-13 devrait réussir à capturer les particules en suspension chargées de virus. Si et seulement si le système de ventilation peut accueillir des filtres à haute capacité HEPA, on préférera ceux-ci. Avant de passer à un filtre de classe supérieure, un technicien en CVC doit évaluer le système pour s’assurer que la résistance plus élevée de ce nouveau filtre n’entravera pas le rendement du système.

La loi

En vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail, un employeur a le devoir général de prendre toutes les précautions raisonnables dans les circonstances pour protéger un travailleur. Cette exigence de diligence raisonnable peut inclure l’adoption de normes pour le débit et les échanges d’air dans les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC). Certaines administrations (T.-N.-L., N.-B., C.-B., secteur fédéral) exigent de l’employeur qu’il veille à ce que les systèmes de ventilation répondent aux critères de conception et de rendement établis dans la norme ASHRAE 62-1989 de l’American Society of Heating, Refrigerating, and Air Conditioning Engineers (ASHRAE), Ventilation for Acceptable Indoor Air Quality (« ventilation pour une qualité acceptable de l’air intérieur »). Plus précisément, il faut assurer un approvisionnement en air extérieur à raison de 15 à 20 pieds cubes par minute (pi3/min) par occupant du bâtiment. Dans d’autres administrations, la fonction et la conception du système de CVC des bâtiments doivent être généralement conformes aux normes de l’ASHRAE. En général, les systèmes CVC doivent fonctionner au moins deux (2) heures avant et après l’occupation de la salle. La ventilation des toilettes doit fonctionner à plein régime. 

Souvent, les établissements de soins de santé doivent respecter des exigences réglementaires additionnelles. Par exemple, en Ontario, les systèmes de ventilation doivent être inspectés au moins tous les six (6) mois. Les détails de cette inspection se trouvent ici : https://www.labour.gov.on.ca/french/hs/pubs/gl_ventilation.php.

Évaluation des systèmes de ventilation

On peut modifier un système de ventilation pour augmenter l’apport en air extérieur tout en réduisant la recirculation de l’air dans une pièce, une autre pièce ou un plénum ouvert (vide de plafond). Les systèmes CVC sont complexes. Avant de les modifier, il faut prendre en compte de nombreux facteurs, comme la température de l’air extérieur, le taux d’humidité, le débit d’air et la direction de l’air. Toute modification ou tout équilibrage d’un système doit être confié à un technicien ou un ingénieur en CVC. Un système mal équilibré peut diminuer la circulation de l’air, provoquant potentiellement une accumulation d’air contaminé dans une pièce ou la propagation de celui-ci dans un couloir et d’autres pièces.

Pendant la pandémie, la plupart des lieux de travail devraient faire augmenter l’apport en air extérieur du système de ventilation par un technicien ou un ingénieur qualifié. Celui-ci pourra aussi inspecter les problèmes de rendement. Le Centre de santé des travailleurs (ses) de l’Ontario (OHCOW) a préparé une liste de contrôle de la ventilation. Celle-ci comprend des questions pertinentes qu’un comité mixte de SST local peut utiliser pour évaluer la qualité de la ventilation dans une école ou un bâtiment. Elle se trouve ici (en anglais seulement) : https://www.ohcow.on.ca/ventilation-checklist-2.html

Utilisation d’appareils portatifs (ventilateurs, purificateurs/filtreurs d’air HEPA)

Il y a quelques considérations à prendre en compte avant d’introduire un ventilateur ou un appareil similaire sur le lieu de travail. Les systèmes de ventilation locaux et centraux sont optimisés et équilibrés pour assurer des échanges d’air constants. Un ventilateur a à la fois le potentiel de perturber la circulation de l’air et de disperser dans l’air les petites gouttelettes provenant des éternuements ou de la toux d’un client vers le visage d’un travailleur ou d’autres clients.

Il y a eu des cas de coronavirus propagés par une mauvaise ventilation. Dans l’article ci-dessous (en anglais seulement), les courants d’une unité de climatisation dans un restaurant ont soufflé des gouttelettes de COVID-19 en suspension dans l’air vers les personnes et les surfaces dans sa direction. Nous nous attendrions à des résultats similaires avec la présence d’un ventilateur dans certains lieux de travail. Par conséquent, nous ne recommandons généralement pas l’utilisation d’un ventilateur qui soufflerait de l’air dans une direction qui pourrait créer des courants croisés entre les travailleurs.

https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/7/20-0764_article

L’utilisation de purificateurs/filtreurs d’air HEPA portatifs peut améliorer la circulation d’air dans une pièce ventilée. Néanmoins, ils ne remplacent pas un système CVC équilibré et optimisé. Pour approuver ou non l’utilisation d’un ou de plusieurs purificateurs-filtreurs d’air HEPA autonomes dans une pièce, on devra évaluer les risques de propagation du virus. Le succès d’un purificateur-filtreur d’air pour éliminer les particules dépend de la taille de la pièce, ainsi que du positionnement et du débit d’air de l’appareil. Un hygiéniste industriel ou un technicien CVC chevronné doit participer à cette évaluation.

Les purificateurs d’air utilisent diverses technologies (lampes UV, générateurs d’ions et d’ozone) pour éliminer les impuretés dans l’air. Certains types de purificateurs d’air peuvent libérer de l’ozone nocif. Les filtreurs d’air, quant à eux, utilisent des filtres pour éliminer les particules dans l’air.

L’entretien des purificateurs-filtreurs d’air, y compris le changement des filtres, doit être confié à des travailleurs dûment formés et qui connaissent les exigences du fabricant de l’appareil.

Conseils pour les pièces à ventilation naturelle ou limitée

Les pièces avec une ventilation mécanique limitée ou inexistante ne doivent être utilisées qu’en cas de nécessité. Dans ces cas, il faut mettre en place d’autres mesures et contrôles pour réduire l’exposition. Pour choisir ces mesures, reportez-vous à la hiérarchie des contrôles. Les contrôles sont déterminés par une évaluation. Il est important de se rappeler que la mise en œuvre d’une mesure de contrôle ne doit pas créer de nouveaux risques et doit permettre aux travailleurs de travailler sans gêne.

Contrôles techniques :

  • Ouvrir les fenêtres et les portes*
  • Utiliser des purificateurs ou des filtreurs d’air HEPA portatifs+
  • Utiliser des ventilateurs portatifs pour aspirer l’air et l’évacuer
  • Utiliser des ventilateurs de plafond pour diluer et disperser l’air
  • Utiliser des écrans en plexiglas

Contrôles administratifs

  • Diminution du taux d’occupation des locaux
  • Désinfection accrue des surfaces
  • Dilution complète de l’air pendant que le lieu de travail est inoccupé (en ouvrant toutes les portes et les fenêtres) *

*Évaluez les autres risques et dangers : sécurité, violence, pollution de l’air, quantité de pollen/allergènes, insectes, température extérieure, humidité.
+ Évaluez l’augmentation du bruit.

Ressources au sujet de la qualité de l’air

ASHRAE

COVID-19
https://www.ashrae.org/technical-resources/resources

Conseils pour l’exploitation de bâtiments pendant la pandémie de COVID-19
https://www.ashrae.org/file%20library/technical%20resources/ashrae%20journal/2020journaldocuments/72-74_ieq_schoen.pdf

AIHA

Réduction du risque de COVID-19 à l’aide de contrôles techniques
https://aiha-assets.sfo2.digitaloceanspaces.com/AIHA/resources/Guidance-Documents/Reducing-the-Risk-of-COVID-19-using-Engineering-Controls-Guidance-Document.pdf

ASPC

Conseils de ventilation
https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus/document-orientation/guide-ventilation-espaces-interieurs-pandemie-covid-19.html#a2

Santé publique Ontario
https://www.publichealthontario.ca/-/media/documents/ncov/ipac/2021/01/faq-covid-19-portable-air-cleaners.pdf?la=fr.

Morawska et al. How can airborne transmission of COVID-19 indoors be minimized?
Environment International (2020) (en anglais seulement)

https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.105832