Selon les militants syndicaux et communautaires, il n’y a pas de place pour le profit dans notre système national d’approvisionnement en sang et ses travailleurs méritent de profiter d’horaires stables. C’est le message qu’ils ont livré à la réunion publique du conseil d’administration de la Société canadienne du sang, le 23 juin, à Winnipeg.
En février, la société privée à but lucratif Canadian Plasma Resources (CPR) a ouvert un centre de collecte du plasma contre rémunération à Saskatoon. CPR avait dû quitter l’Ontario deux ans plus tôt, la province ayant banni la rémunération des dons de sang et de plasma. Depuis, cette société privée détenue par des intérêts iraniens fait pression sur la Colombie-Britannique, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick en vue d’y ouvrir des cliniques à but lucratif.
Les militants syndicaux et communautaires ont imploré le CA de la Société canadienne du sang (SCS) de s’opposer à la clinique privée de plasma et de faire respecter son mandat d’unique préleveur de sang au pays. Après le scandale du sang contaminé, dans les années 1980, la commission d’enquête du juge Krever avait recommandé qu’il y ait un seul préleveur et gestionnaire du système d’approvisionnement en sang au pays, sans but lucratif, et qu’aucune compensation ne soit versée pour les dons. Or, seuls le Québec et l’Ontario ont banni la rémunération des donneurs de sang.
Kim Storebo, la présidente du SCFP 1846 (le syndicat des employés de la SCS en Alberta) a dit au CA que le SCFP accueillait favorablement ses plans d’élargir de beaucoup ses activités de prélèvement volontaire de plasma. « Mais, a-t-elle ajouté, jamais la Société canadienne du sang ne devrait rémunérer les donneurs en espèces ou en quasi-espèces », conseil qui respecte les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé et du juge Krever.
En outre, Mme Storebo a pressé le CA de prolonger les heures d’ouverture des cliniques de la SCS et les horaires de travail de ses employés. Ces dernières années, la SCS a délibérément réduit les heures de prélèvement et fermé des cliniques, dans le cadre d’une approche d’efficacité Lean inspirée de Toyota. La majorité des employés des cliniques de la SCS travaillent à temps partiel, sur un horaire de travail changeant.
Le SCFP a insisté : en augmentant le nombre de postes à plein temps et les heures de travail des employés à temps partiel, on améliorerait le temps d’attente des donneurs dans les cliniques surpeuplées. « Où sommes-nous censés mettre les donneurs, a demandé Mme Storebo? On ne peut tout de même pas les accrocher aux murs! »
Le SCFP n’était pas seul à se présenter devant le CA de la SCS. D’autres syndicats et groupes communautaires ont fait des présentations : le SEFPO, huit travailleurs du sang de l’Î.-P.-É. qui ont fait la grève pendant 9 mois, la Coalition canadienne de la santé, Friends of Medicare et Blood Watch.