Le gouvernement libéral fédéral vient de créer une nouvelle agence fédérale axée sur le logement abordable. Or, les 13 milliards annoncés pour Maisons Canada ne suffiront pas à résoudre la crise du logement et de l’itinérance. Par le passé, les gouvernements libéraux ont souvent financé des promoteurs immobiliers en quête de profits, qui construisent des logements inabordables pour la classe moyenne. Le nouveau gouvernement ne doit pas répéter ces erreurs.
Le coût du logement grimpe plus vite que les salaires depuis des décennies. Le logement social, qui n’est pas sujet aux aléas des marchés financiers, est la clé pour rendre le logement plus abordable.
L’essentiel à respecter pour Maisons Canada
Maisons Canada réussira à construire des logements abordables pour les travailleuses, les travailleurs et les familles seulement si elle intègre les éléments suivants :
- Un plan détaillé doté de cibles et d’échéances afin que le gouvernement fédéral finance des promoteurs de logements hors marché pour faire construire pendant 10 ans 50 000 nouvelles unités de logement social annuellement.
- L’engagement de diriger tout le financement de Maisons Canada vers la construction ou l’achat de logements sociaux (publics, sans but lucratif ou coopératifs), de sorte que le secteur privé ne puisse pas en profiter.
- Un fonds fédéral dédié à l’offre de logement social avec loyer indexé sur le revenu et plafonnant à 30 % du revenu du ménage, et une définition uniforme de l’abordabilité, fondée sur le revenu et reflétant la réalité des travailleuses et travailleurs. À l’heure actuelle, plusieurs définitions de l’abordabilité coexistent dans les programmes d’habitation du fédéral.
- Une garantie que les terres publiques seront exclusivement attribuées à des fournisseurs de logement social construisant des logements qui resteront abordables de manière permanente.
Les plans doivent être concrets
Aujourd’hui, le logement social, sans but lucratif et coopératif équivaut à seulement 4 % du parc résidentiel (comparativement à 6 % en 1994). Des expert(e)s demandent que le logement hors marché représente au moins 20 % du parc résidentiel au pays. Ce type de logement aide à stabiliser les loyers, à limiter la spéculation immobilière et à favoriser l’accès au logement pour les communautés en quête d’équité.
Le gouvernement fédéral doit en outre accompagner le financement du logement d’un contrôle des loyers et du taux d’inoccupation, et mettre en place des restrictions et des règles claires pour les grands investisseurs pour qui le marché immobilier résidentiel est une source de profits.
À ce jour, les subventions et le financement du fédéral n’ont eu que des retombées limitées sur les personnes en besoin impérieux de logement et ont peu contribué à atteindre les cibles en matière d’itinérance. Le gouvernement libéral de Mark Carney doit emprunter une nouvelle voie et s’engager à garantir un logement à tous et à toutes.