Au cours de la première journée de négociation en plus de deux semaines entre les Services canadiens de l’ouïe (SCO) et le SCFP 2073, aucune offre n’a été présentée et il n’y a pas eu de véritable négociation.

La direction du SCO s’est présentée sans proposition concrète pour faire avancer les discussions, en soumettant plutôt une liste d’exigences aux membres, notamment dans le but de mettre fin à la campagne publique qui a permis à des dizaines de client(e)s d’hier et d’aujourd’hui de livrer des témoignages bouleversants sur la façon dont elle les a abandonnés. Par l’entremise d’un médiateur nommé par le gouvernement, la direction du SCO a précisé qu’elle ne prendrait en compte la dernière proposition du personnel (ou ne déposerait sa propre offre) que si le personnel acceptait ses conditions. En l’occurrence, l’imposition d’un embargo médiatique et d’une ordonnance de non-publication, le retrait de la plainte pour pratique déloyale de travail dont la Commission des relations de travail de l’Ontario est saisie, ainsi que la cessation des démarches auprès d’Agrément Canada pour demander à l’organisme d’accréditation d’examiner l’historique consternant des SCO en matière de relations de travail.

« La direction du SCO n’avait pas l’intention de négocier une entente, c’est évident. La situation est très éprouvante pour le personnel, qui a du mal à joindre les deux bouts, ainsi que pour la communauté des personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes. En effet, elles doivent composer avec une grève qui s’éternise et n’ont pas accès aux services essentiels dont elles ont besoin pour mener une vie autonome et digne ». C’est ce qu’a déclaré Mara Waern, consultante en emploi auprès des SCO depuis plus de trente-cinq ans et présidente du SCFP 2073, une section locale qui représente 206 membres du personnel des SCO. « On a été sincèrement touchés par l’élan de solidarité manifesté par notre clientèle, tant d’hier que d’aujourd’hui, qui s’est jointe à nous sur les lignes de piquetage et a pris la parole publiquement pour raconter ce que les SCO représentaient et pourraient redevenir. La direction des SCO ne s’en prend pas seulement aux membres du personnel. Elle s’attaque aux personnes qu’elle devrait soutenir. »

Des personnes sourdes et malentendantes de l’Ontario ont livré des récits touchants dans les médias et sur les réseaux sociaux, et des centaines de personnes ont fait parvenir des lettres au conseil d’administration des SCO. De plus, des organisations importantes œuvrant pour les droits des personnes sourdes et des personnes handicapées et du mouvement syndical ont signé une lettre ouverte à l’intention d’Agrément Canada.

Les SCO exigent un embargo médiatique à quelques semaines seulement de leur plus importante activité de financement annuelle, un tournoi de golf. Cette activité de financement est un autre enjeu délicat qui met en évidence le changement d’orientation sous la direction de Julia Dumanian. Dès sa première année en poste, ce qui était auparavant une activité conviviale pour le personnel organisée par des personnes sourdes est devenu un événement exclusif générant des dizaines de milliers de dollars, tout en excluant toute participation ou représentation significative de la communauté sourde.

« Rien de ce qui nous concerne sans nous. C’est le slogan du mouvement pour les droits des personnes en situation de handicap depuis des décennies », a déclaré Jennifer Lynch, conseillère en établissement pour les personnes sourdes aux SCO et membre de l’équipe de négociation du SCFP 2 073. Elle s’interroge : « Pourquoi les personnes sourdes ne sont-elles pas représentées aux SCO ou à ce tournoi? La direction essaie de réduire le personnel au silence. Elle tourne le dos aux personnes sourdes. On ne restera pas les bras croisés. Il est temps que le conseil d’administration intervienne pour remettre les pendules à l’heure. Les membres de l’Assemblée législative provinciale, les allié(e)s de la communauté sourde, et les personnes résidant en Ontario qui se soucient de l’accessibilité et de la justice doivent unir leurs efforts pour aider les SCO à redresser la situation. »

Les membres du SCFP 2073 sont en grève depuis le 28 avril. La dernière rencontre entre les deux parties remonte au 6 mai. Aucune autre rencontre n’est prévue et la direction des SCO a retiré ses propositions; par conséquent, aucune offre n’est actuellement soumise au personnel. Les membres du SCFP 2073 cherchent toujours à conclure une entente de deux ans comprenant une augmentation salariale globale de 5 %, afin d’assurer la stabilité nécessaire pour le personnel et les personnes qui bénéficient de son soutien.