Photo of Jean Bonald Golinsky Fatal and international solidarity allies

Alors que le peuple haïtien continue de faire face à l’instabilité politique et économique, le besoin de solutions haïtiennes – et non d’interventions étrangères – est palpable. Le président de la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSP), Jean Bonald Golinsky Fatal, participe à la mise en place d’une coalition syndicale-communautaire visant à amorcer des changements dont le pays a cruellement besoin.

Dans le discours qu’il a prononcé au Congrès national du SCFP en 2023, M. Fatal a évoqué l’histoire et les luttes d’Haïti, en plus de remercier nos membres pour leur solidarité inébranlable envers le mouvement syndical haïtien pendant toutes ces décennies.

En 1791, les esclaves d’Haïti ont pris les armes et ont arraché leur indépendance à la domination coloniale française. En représailles, la France, et d’autres puissances coloniales alliées, a imposé à Haïti un embargo cruel, allant jusqu’à exiger qu’Haïti lui paie l’équivalent de près de 40 milliards de dollars américains en argent d’aujourd’hui en guise de « dédommagement » aux propriétaires d’esclaves.

« Cette rançon versée à la France a porté à Haïti un coup dur dont les effets se font encore sentir », soutient M. Fatal. « Depuis lors, on a tout fait pour déstabiliser mon pays. On lui impose des dirigeants, des politiques et des programmes avec la complicité de pays étrangers, incluant le Canada, et d’une élite de droite en Haïti. »

Solidarity photo of allies in HaitiM. Fatal parle avec passion de l’importance des services publics, en particulier dans les pays en développement : « Les générations futures peuvent avoir un avenir prometteur si les services publics, tels que l’éducation, la santé, les transports collectifs ou l’électricité, restent publics. On mesure le niveau de vie d’un pays à l’aune de son service public. Pas de niveau de vie acceptable et digne sans des services publics accessibles à tous et de qualité. »

Il décrit les expériences pénibles des pays du Sud, dont Haïti, où le Fonds monétaire international a orchestré la privatisation des services publics. Il cite l’exemple de la cimenterie haïtienne qui appartenait autrefois à l’État. Aujourd’hui, Haïti importe du ciment et le personnel de l’usine est sans emploi. L’histoire se répète avec la privatisation de sociétés publiques d’autres secteurs, comme les télécommunications et la production de sucre.

« Nous étions, en Haïti, autosuffisants; maintenant, nous importons nos biens et les travailleuses et travailleurs sont dans le chômage et la misère. Leurs enfants aujourd’hui ne font que recruter pour des bandes criminelles. Voilà le résultat quand on s’attaque aux services publics », déclare le président de la CTSP.

M. Fatal estime que lutter pour les services publics, c’est un devoir et une obligation, car la privatisation aggrave l’érosion de tous les droits.

« Il est important de lutter contre toute forme de privatisation des services publics, car en privatisant les services publics, on va créer encore plus de pauvres et construire un petit groupe de riches », dit-il. « De telles expériences démontrent que, point besoin de faire la guerre pour détruire un pays, il suffit de s’attaquer aux services publics pour réduire les populations à l’indignité, la misère et la pauvreté. »

Il fait également valoir que les syndicats sont le « moteur de la démocratie » et que les travailleuses et travailleurs constituent la première ligne de défense des droits de la personne. « Pas de démocratie sans syndicats! », ajoute M. Fatal.

Photo of Jean Bonald Golinsky FatalIl nous met en garde contre les discours pernicieux de la droite, une « machine qui s’en prend constamment aux syndicats et qui lance des mensonges pour affirmer que les syndicats sont inutiles et ne jouent aucun rôle. Un pays sans syndicats, ou un pays où les syndicats sont faibles, est un pays où les gens peuvent vivre dans l’indignité. »

Ainsi, lorsque les membres du SCFP prennent des décisions qui améliorent les conditions de travail et de vie de plus de 750 000 travailleuses et travailleurs au Canada, ces retombées se font sentir au-delà de la société canadienne et des générations futures. Elles atteignent des pays comme Haïti.