Les militant(e)s des services éducatifs à l’enfance réclament du gouvernement Ford une stratégie de main-d’œuvre et une échelle salariale décente. Selon de nouvelles estimations, le système aura besoin de dizaines de milliers de personnes pour répondre à la demande prévue en places à dix dollars par jour.
« Le gouvernement Ford doit absolument comprendre l’ampleur du défi », lance Carolyn Ferns de la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l’enfance (OCBCC). « Pour répondre à la demande prévue, nous avons besoin d’une stratégie de main-d’œuvre complète et qui voit loin. C’est le seul moyen d’assurer l’accès aux familles. »
Selon un récent rapport du Bureau de la responsabilité financière (BRF), l’Ontario aura finalement besoin de près de 227 146 places supplémentaires en garderie, en plus des 71 000 places que le gouvernement provincial s’est engagé à créer, pour répondre à la demande anticipée pour le populaire programme à dix dollars. Sur la base de ces chiffres, on évalue maintenant à 65 000 le nombre d’employé(e)s supplémentaires requis pour répondre à cette demande, dont au moins 32 500 éducatrices et éducateurs de la petite enfance autorisés.
Même si on se limitait aux 71 000 places que le gouvernement s’est engagé à créer, il faudrait trouver 16 000 employé(e)s.
« Les éducatrices et éducateurs de la petite enfance (EPE) sont au cœur de ce type de programme, qui n’atteindra jamais ses objectifs sans solution à la pénurie de main-d’œuvre », affirme Rachel Vickerson, directrice générale de l’Association of Early Childhood Educators Ontario (AECEO). « Les EPE savent que nous ne pouvons résoudre la pénurie de main-d’œuvre qu’en offrant un emploi décent et décemment rémunéré. »
L’AECEO et l’OCBCC réclament une stratégie de main-d’œuvre incluant :
- une échelle salariale démarrant à 25 dollars l’heure pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses en garderie, et 30 dollars l’heure pour les EPE autorisées ;
- des assurances collectives et un régime de retraite ;
- des congés de maladie payés ;
- du temps de perfectionnement professionnel ;
- du temps de préparation rémunéré.
Joy Adeola, une EPE autorisée, explique que, pour améliorer la rétention dans le secteur, l’Ontario doit s’attaquer aux problèmes critiques que sont la faiblesse des salaires et l’épuisement professionnel.
« J’ai vu des gens se brûler au travail, fondre en larmes et ne pas revenir, raconte-t-elle. C’est difficile de venir tous les jours quand le salaire est si bas et les attentes si élevées. Nous en faisons tellement, nous valons plus. »
Les EPE et leurs alliés exhortent le gouvernement à adopter le projet de loi 49, Loi de 2022 sur la Commission consultative des préposés aux services pour la petite enfance et la garde d’enfants, de la députée provinciale Bhutila Karpoche. Celui-ci créerait un organe chargé d’établir une échelle salariale et des normes de travail décentes pour l’ensemble du personnel des services éducatifs à l’enfance.