Selon le SCFP et Unifor, les tensions pandémiques ont soumis le personnel hospitalier du nord de l’Ontario à un taux élevé de violence. On parle ici de gestes allant d’insultes raciales à des attaques au réservoir à oxygène. Ensemble, ces deux syndicats représentent plusieurs milliers d’employées et employés de première ligne qui travaillent dans les hôpitaux du Nord : Lake of the Woods à Kenora, St. Joseph’s Care Group à Thunder Bay et l’hôpital de Sault-Sainte-Marie.
Un récent sondage d’Oracle Research pour le compte du SCFP auprès de 2 300 membres du personnel hospitalier de première ligne (y compris dans le nord de l’Ontario) montre une augmentation inquiétante de la violence physique et sexuelle contre le personnel hospitalier qui, dans les hôpitaux du Nord, est composé à 91 % de femmes.
Bien que seulement treize pour cent des 239 infirmiers et infirmières auxiliaires autorisées (IAA), préposé(e)s au nettoyage, employé(e)s de bureau et autres membres du personnel des hôpitaux du Nord interrogés s’identifient comme racisés, 78 % d’entre eux déclarent être victimes de harcèlement ou de mauvais traitement en raison de leur race ou de leur apparence. Ce chiffre est supérieur à la moyenne du sondage provincial, où 71 % des personnes racisées ont signalé de la violence raciale.
En considérant toutes les catégories de travailleuses et de travailleurs hospitaliers du nord, 53 % sont victimes de harcèlement sexuel et 38 % d’agression sexuelle.
Le sondage a également révélé que 60 % des répondantes et répondants du Nord de l’Ontario ont été victimes de violence physique ; 65 % ont été témoins d’une augmentation des incidents violents pendant la pandémie de COVID-19 ; 53 % déclarent se sentir déprimés et émotionnellement épuisés en raison des conditions générales de travail.
Vingt-huit pour cent signalent une augmentation de l’utilisation d’armes à feu et de couteaux contre le personnel. C’est dix pour cent de plus que la moyenne provinciale de dix-huit pour cent.
Environ 2 200 employés travaillent au St. Joseph’s Care Group de Thunder Bay, plus de 1 900 à l’hôpital de Sault-Sainte-Marie et près de 550 à l’hôpital Lake of the Woods à Kenora. Si on extrapole les résultats du sondage pour le nord de l’Ontario pour refléter ces effectifs totaux, cela signifiera que 1 320 membres du personnel de l’hôpital St. Joseph auraient été agressés physiquement au travail pendant la pandémie, 1 140 à celui de Sault-Sainte-Marie et 330 au Lake of the Woods.
« La plus sombre de toutes les projections est que, en tout, 1 767 membres du personnel de ces trois hôpitaux auraient été agressés sexuellement au travail au cours des deux dernières années », explique Sharon Richer, secrétaire-trésorière du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP). « La réalité, c’est que les hôpitaux sont des lieux de travail de plus en plus toxiques et dangereux, où chaque jour des femmes se font battre, agresser sexuellement et harceler racialement par centaines. Le premier ministre, le ministre de la Santé et les hôpitaux ne peuvent plus fermer les yeux sur un tel niveau de violence. Ils doivent agir pour que ça cesse. »
Cette recrudescence de violence, en grande partie à motivation raciale, envers les femmes s’inscrit dans un contexte sans précédent de grave pénurie de personnel et de postes vacants dans les hôpitaux ontariens. Or, l’Ontario est déjà l’une des économies développées qui comptent le moins de personnel et de lits pour sa population. Souvent, les employées doivent travailler seules dans des circonstances qui les rendent très vulnérables à une agression.
En juillet, des membres du personnel de l’hôpital de Sault-Sainte-Marie ont été agressés par un patient qui a lancé un réservoir d’oxygène et proféré des menaces. À l’automne 2021, plusieurs membres du personnel du Lake of the Woods à Kenora ont quitté l’hôpital en raison de ce que la direction a décrit comme un bon de 300 % du harcèlement du personnel.
« La recrudescence des incidents de violence au cours de la pandémie est une préoccupation majeure qui contribue à la crise de dotation en personnel dans notre secteur hospitalier », précise Andy Savela, directeur du secteur santé chez Unifor.
Toute recommandation pour freiner la violence contre le personnel hospitalier commence par la tolérance zéro. Il faut aussi que le provincial finance une augmentation des salaires qui couvre au moins l’inflation pour dynamiser le recrutement de personnel, afin que plus personne n’ait à travailler seul. Enfin, il faut ajouter des lits si on veut mettre fin éventuellement à la médecine de couloir.