Un sondage auprès de plus de 500 membres du personnel hospitalier de la région de Hamilton révèle que ce groupe subit des taux de harcèlement racial et sexuel et d’agressions physiques parmi les plus élevés dans la province. On explique ces chiffres par les tensions en lien avec la pandémie.
Un sondage mené du 17 au 24 mai par Oracle Research pour le compte du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) montre une vague troublante de violence physique et sexuelle contre le personnel hospitalier qui, à Hamilton, se compose à 90 % de femmes alors que la moyenne provinciale est de 85 %.
Les chiffres de ce sondage concernant la violence raciale et sexuelle sont choquants.
33 % des infirmiers et infirmières auxiliaires autorisées (IAA), des préposé(e)s au nettoyage, des employé(e)s de bureau et des autres membres du personnel s’identifient dans le sondage de Hamilton comme racisés. Et 75 % d’entre eux déclarent être victimes de harcèlement ou de mauvais traitement en raison de leur race ou de leur apparence. C’est supérieur à la moyenne de 71 % obtenue dans le sondage provincial du SCFP auprès de plus de 2 300 membres du personnel hospitalier de l’Ontario.
En prenant toutes les catégories de travailleuses et de travailleurs hospitaliers de Hamilton, 57 % sont victimes de harcèlement sexuel et 39 % d’agression sexuelle. Ces deux chiffres sont supérieurs aux moyennes provinciales de 49 % et de 36 % aux mêmes questions.
Le sondage révèle également que 64 % des répondantes et répondants de Hamilton ont subi des violences physiques et que 53 % ont été témoins d’une augmentation des incidents violents pendant la pandémie de COVID-19.
Seize % signalent une augmentation de l’utilisation d’armes à feu et de couteaux contre le personnel.
Ensemble, les hôpitaux Hamilton Health Sciences et St. Joseph’s Healthcare totalisent environ 20 400 employées et employés. En extrapolant les résultats du sondage, ce serait plus de 13 056 membres du personnel hospitalier de la région (à 90 % féminin) qui auraient été agressés physiquement au travail pendant la pandémie. Sur ce nombre, plus de 5 049 agressions seraient motivées par des motifs raciaux.
« La plus sombre de toutes les projections est que plus de 7 956 membres du personnel hospitalier de Hamilton auraient été agressés sexuellement au travail », dit Sharon Richer, secrétaire-trésorière du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP). « La réalité est que les hôpitaux sont des lieux de travail de plus en plus toxiques et dangereux, où chaque jour des femmes se font battre, agresser sexuellement et harceler racialement par centaines. Le premier ministre, le ministre de la Santé et les hôpitaux ne peuvent plus fermer les yeux sur un tel niveau de violence. Ils doivent agir pour que ça cesse. »
Cette recrudescence de violence, en grande partie à motivation raciale, envers les femmes s’inscrit dans un contexte sans précédent de grave pénurie de personnel et de postes vacants dans les hôpitaux ontariens. Or, l’Ontario est déjà l’économie développée qui compte le moins de personnel et de lits pour sa population.
« Cela signifie que les gens doivent attendre avant d’être reçus dans un hôpital qui déborde et qu’ils sont renvoyés chez eux alors qu’ils sont encore malades, quand ils ne retournent pas chez eux sans avoir été soignés », explique Dave Verch, infirmier auxiliaire chevronné et premier vice-président du CSHO-SCFP. « L’accès aux soins et la qualité des soins rendent les proches de ces malades inquiets et en colère. Une dotation en personnel famélique est devenue la norme, et nos membres doivent fréquemment travailler seuls dans un contexte où ils sont très vulnérables à une agression. En raison de la lourde charge de travail, du manque de personnel et des risques de violence, beaucoup de gens préfèrent quitter leur emploi à l’hôpital, dont des IAA, des PSSP, des porteurs, des préposé(e)s au nettoyage et du personnel de bureau. »
Toute recommandation pour freiner la violence contre le personnel hospitalier commence par la tolérance zéro. Il faut aussi que le provincial finance une augmentation des salaires qui couvre au moins l’inflation pour dynamiser le recrutement de personnel, afin que plus personne n’ait à travailler seul. Enfin, il faut ajouter des lits si on espère un jour mettre fin à la médecine de couloir.