Lisa Djevahirdjian | Service des communications
Le 30 avril dernier, le gouvernement libéral de Justin Trudeau, appuyé par les députés conservateurs, a voté une loi spéciale forçant le retour au travail des membres du Syndicat des débardeurs du port de Montréal (section locale 375 du SCFP) en grève générale illimitée depuis cinq jours.
Le lendemain, premier mai, le syndicat a ouvert à Montréal la marche de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs.
Lors de l’événement, le conseiller syndical et porte-parole du Syndicat des débardeurs a affirmé : « Les droits des débardeurs en grève ont été brimés par l’adoption à la Chambre des communes d’une loi spéciale. Nous sommes heureux de marcher avec nos confrères et consœurs en cette fête internationale des travailleuses et travailleurs malgré le fait que ce soit une journée bien triste pour les syndiqué(e)s au pays. Visiblement, on a beaucoup de chemin à faire pour protéger les droits des salarié(e)s durement acquis ».
La négociation, ça se fait à deux
La convention collective de la section locale 375 est venue à échéance en décembre 2018. Les discussions avec l’employeur ont principalement achoppé sur la question des horaires et de la conciliation travail-vie personnelle.
Ces négociations ont été très laborieuses, car les représentants de l’Association des employeurs maritimes (AEM) ne voulaient tout simplement pas négocier. Ils ont perdu plus d’un an et demi à tenter de faire déclarer le port, dans son ensemble, service essentiel. Le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) ne leur a pas donné raison. L’AEM a tout fait pour que le gouvernement vote une loi spéciale, même si elle lésait des droits fondamentaux.
La section locale 375 a déjà commencé à préparer la contestation de la loi devant les tribunaux et une plainte a été déposée auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Une grève évitable
Alors que les parties étaient encore à la table de négociations au début avril, c’est l’employeur qui a exercé un premier moyen de pression contre les membres du syndicat en leur enlevant leur sécurité d’emploi. Ce dernier a riposté à cet affront en entamant une grève des heures supplémentaires, à laquelle une grève de fin de semaine s’est ajoutée.
Ensuite, ce fut de nouveau l’employeur qui a poursuivi les moyens de pression, cette fois en changeant la structure des horaires, ce qui rendait encore plus difficile la conciliation travail-vie personnelle. Le syndicat a répliqué avec un avis de grève générale illimitée. Cependant, lors de la conférence de presse annonçant le début de celle-ci, le syndicat a offert de retirer l’ensemble des avis de grève si l’employeur mettait fin à ses moyens de pression. L’AEM a refusé.
Les parties ont malgré tout maintenu les discussions durant les premiers jours de la grève, mais dès que l’employeur a su qu’une loi de retour au travail était en préparation, il a quitté la table de négociations.
Le droit de grève est important pour assurer l’équilibre du pouvoir entre le syndicat et l’employeur. L’employeur qui sait que le gouvernement adoptera une loi spéciale pour priver le syndicat de ce droit n’a plus de raison de négocier.