Par Mark Hancock et Debra Merrier
À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, il est temps de prendre acte des problèmes existants dans nos communautés que la pandémie a mis en lumière et de les corriger. Au cours de la dernière année, les services publics ont été comme une bouée de sauvetage à laquelle s’accrocher, notamment l’eau potable publique qui coule de nos robinets. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, mais le gouvernement libéral a laissé tomber les peuples autochtones.
L’accès à l’eau et à l’assainissement est un droit de la personne en vertu du droit international, mais de nombreuses communautés autochtones du Canada ont toujours de l’eau impropre à la consommation ou pour se laver. Certaines communautés sont dans cette situation depuis des décennies. D’autres n’ont aucun réseau d’aqueduc et d’égout.
La COVID-19 a aggravé les injustices dans de nombreuses communautés autochtones. Sans eau courante potable, il est difficile, voire impossible, de se laver les mains pour arrêter la propagation du virus. De plus, les logements et les soins de santé de qualité inférieure et inadéquats accroissent les risques de contamination dans les communautés autochtones depuis un an.
Durant la campagne électorale de 2015, les libéraux ont promis d’offrir de l’eau potable à toutes les communautés des Premières Nations d’ici mars 2021. Le mois dernier, le rapport de la vérificatrice générale fédérale sur la crise de l’eau potable chez les Premières Nations révélait que, même avant la pandémie, le gouvernement libéral n’était pas en voie de tenir cette promesse. Pire encore, il montre qu’il manque à l’approche du gouvernement fédéral un financement prévisible à long terme pour assurer les opérations et l’entretien nécessaires pour vraiment mettre fin à la crise. Les salaires et les conditions de travail de nombreux opérateurs d’aqueduc dans les réserves nuisent au recrutement et à la rétention de personnel qualifié.
La réponse du gouvernement au rapport de la vérificatrice générale est tout à fait inacceptable : un nouveau site Web et aucune échéance pour mettre fin à cette injustice liée à l’eau. L’approche fragmentaire du gouvernement Trudeau a lamentablement échoué. Le besoin d’une action sérieuse, coordonnée et entièrement financée ne pourrait être plus urgent.
Il faut d’abord mettre fin au sous-financement chronique des services d’eau et de l’ensemble des services et infrastructures dans les communautés autochtones. Les libéraux doivent également s’assurer que les communautés autochtones contrôlent directement leurs systèmes et services d’eau, au lieu de promouvoir des « partenariats » public-privé coûteux et risqués avec des intermédiaires commerciaux.
En plus de l’insuffisance d’infrastructures, de nombreuses communautés autochtones dépendent de sources d’eau qui ont été endommagées par des projets de mise en valeur des ressources ou qui sont menacées par de nouveaux développements traversant leurs territoires. L’extraction commerciale des ressources, y compris l’industrie de l’eau en bouteille, draine les sources d’eau, alors que les communautés autochtones voisines n’ont pas accès à l’eau potable. Les peuples autochtones du Canada défendent et reprennent le contrôle de leurs eaux et leurs territoires pour les protéger de ces abus, des abus que nos gouvernements permettent et souvent soutiennent directement.
Pour ces raisons et bien d’autres, le SCFP reconnaît que l’eau est un droit fondamental de la personne, pour tout le monde. Nous croyons que le fait d’honorer le rôle des peuples autochtones comme intendants et protecteurs des eaux de leurs terres visées par un traité et de leurs territoires traditionnels non cédés est primordial à une véritable réconciliation.
Le Canada dispose des ressources nécessaires pour garantir que chaque personne dans ce pays puisse jouir du droit à une eau potable accessible, fournie et entretenue par la communauté et non par des sociétés qui contrôlent les services dans le but de réaliser des profits. Il est temps pour le gouvernement fédéral de livrer la marchandise.
C’est notre honte collective que même une seule communauté autochtone se soit vu refuser le droit à l’eau potable ou à un système de traitement des eaux usées fonctionnel. En cette Journée mondiale de l’eau, le SCFP demande au gouvernement fédéral de faire enfin le nécessaire pour mettre fin à la crise de l’eau dans les communautés autochtones.
Mark Hancock est président national du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Debra Merrier est vice-présidente à la diversité du SCFP national représentant les travailleurs autochtones. Le SCFP représente plus de 10 000 travailleurs qui fournissent des services publics d’aqueduc et d’égout dans les villes et villages du pays. La lettre d’opinion est disponible en anglais ici.