Les économistes utilisent souvent des lettres de l’alphabet pour décrire la forme que pourrait prendre la courbe de la reprise économique après une récession. On évoque souvent la reprise en forme de V, où tout rebondit très rapidement, mais en réalité, elle est rarement observée. Une reprise en L décrit une forte baisse suivie d’une longue période d’attente avant qu’une reprise se manifeste. Pour décrire la situation économique actuelle, les commentateurs utilisent fréquemment la lettre K. En fait, ils font référence au haut et au bas du K : les choses s’améliorent très rapidement pour les gens représentés par la portion supérieure du K, tandis que la reprise tarde pour ceux qui se retrouvent dans la partie inférieure.
Les répercussions d’une récession sur les travailleurs varient en fonction de facteurs comme le secteur économique, le lieu géographique et l’âge. La COVID-19 a amplifié cette réalité pour deux raisons. La force de ses répercussions sur l’emploi a été beaucoup plus grande que lors des récentes récessions, et les conséquences sur les travailleurs varient fortement en fonction de quelques caractéristiques.
Les travailleurs sont essentiellement répartis en trois catégories : ceux qui peuvent travailler à domicile, ceux dont le travail essentiel doit être effectué en personne et ceux qui ont perdu leur emploi parce que leur employeur a réduit ses opérations ou carrément fermé. En avril, lorsque les répercussions sur le marché du travail ont atteint leur sommet, environ cinq millions de personnes ont travaillé de la maison, sept millions ont continué à travailler en personne et 5,5 millions de travailleurs ont perdu leur emploi ou vu leurs heures de travail considérablement réduites.
Les pertes d’emplois initiales et l’ampleur de la reprise de l’emploi varient considérablement selon le secteur. Ceux qui ont pu travailler à domicile sont concentrés dans quelques secteurs offrant des salaires plus élevés, comme la finance, les assurances et les services professionnels et techniques. Ceux qui ont perdu leur emploi ou des heures de travail étaient plus susceptibles d’être des travailleurs précaires dans les secteurs de services, comme l’hôtellerie et la restauration, les loisirs et la vente au détail. Même au sein d’un secteur donné, les travailleurs à statut précaire sont plus susceptibles d’avoir perdu leur emploi.
Lorsqu’ils parlent de la forme que peut prendre la reprise, les économistes visualisent généralement des graphiques qui tracent l’évolution de quelques grands indicateurs, comme le produit intérieur brut (PIB), les cours boursiers et les taux d’emploi. Parfois, ces indicateurs suivent une trajectoire de reprise similaire, mais cela dépend de ce qui a causé la récession et de la façon dont les gouvernements réagissent à la crise.
Avec la COVID-19, le marché boursier s’est redressé plus rapidement que tout autre indicateur, en grande partie grâce aux banques centrales qui ont abaissé les taux d’intérêt et aux gouvernements nationaux qui ont annoncé de nombreuses mesures de soutien de l’emprunt et du revenu pour stabiliser certains pans de l’économie.
L’épargne a augmenté, car les ménages à revenu élevé ont dépensé moins d’argent dans les restaurants, les voyages et les loisirs. Le marché de l’habitation a surpris en continuant de croître dans la plupart des villes canadiennes, probablement en raison des faibles taux hypothécaires et des familles qui ont décidé d’investir leurs nouvelles économies disponibles dans l’immobilier. Parallèlement, un nombre croissant de locataires qui n’ont pas été en mesure de s’acquitter de leur loyer sont menacés d’expulsion.
Peu importe la lettre qu’on choisit pour décrire la reprise, la crise économique n’a pas eu un impact égal pour tous. La forme de la reprise à partir de maintenant dépendra de la capacité des gouvernements à limiter la propagation de la COVID-19 et à maintenir le soutien aux personnes les plus touchées par la perte d’emploi et la maladie. Les gouvernements doivent continuer à faire les investissements nécessaires pour notre santé et notre économie tout au long de la reprise.