Les changements climatiques affectent nos vies à tous, mais aussi les emplois de nombreux travailleurs. En raison des événements météorologiques extrêmes plus fréquents, les premiers intervenants, les travailleurs du secteur de l’énergie et les employés municipaux sont parmi ceux dont le travail prend encore plus d’importance.
Cet automne, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport soulignant que le monde doit prendre des mesures énergiques au cours des 12 prochaines années pour limiter les risques de canicule, de sécheresse et d’inondation, ainsi que les pertes de vies humaines qui en résultent. Le GIEC a été créé en 1988 pour évaluer les connaissances scientifiques liées aux changements climatiques. Il s’appuie sur le travail de centaines de scientifiques pour rassembler et analyser les preuves nécessaires à la prise de mesures visant à réduire l’ampleur des changements climatiques et à s’adapter à notre climat changeant.
Les travaux du GIEC ont incité les gouvernements du monde entier à agir. Plus de 180 pays ont ratifié l’Accord de Paris, dans lequel ils s’engagent à réduire leurs émissions en fixant des objectifs nationaux et à rendre compte régulièrement des progrès accomplis.
Nous avons besoin de nombreux outils pour lutter contre les changements climatiques. Celui qui retient le plus l’attention actuellement est la taxe sur le carbone. La politique environnementale nationale du SCFP appuie la tarification du carbone, pourvu que celle-ci soit progressive et favorise les services publics et la justice environnementale sans nuire aux travailleurs à faible revenu ou aux Autochtones.
Mais pourquoi taxer le carbone ? L’idée est que le coût initial plus élevé des combustibles fossiles forcera les entreprises, les gouvernements et les particuliers à changer leurs comportements.
En 2016, le gouvernement fédéral a publié son Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Celui-ci accordait deux ans aux provinces pour mettre en place leur propre taxe. Celles qui ne l’ont pas fait risquent de se faire imposer une taxe fédérale.
L’Ontario, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Saskatchewan ont refusé de se doter d’un plan. Certaines de ces provinces contestent même le projet fédéral devant les tribunaux ou menacent de le faire. La taxe fédérale sur le carbone pour ces provinces sera d’abord de 20 dollars la tonne en 2019, puis atteindra 50 dollars en 2022. La tarification comprend des frais sur les combustibles fossiles payés par les producteurs ou les distributeurs et des redevances distinctes défrayées par les grandes installations industrielles qui génèrent de fortes émissions. Pour la plupart des ménages, le prix de l’essence augmentera d’environ 4,5 cents le litre. Pour le chauffage domestique au gaz naturel, on parle d’une hausse d’un dollar le gigajoule.
Le gouvernement libéral fédéral a promis que les recettes iraient aux résidents de la province où elles ont été collectées, au moyen d’un « incitatif à agir pour le climat ». Le montant du remboursement dépendra du lieu de résidence, de la taille de la famille et de ses revenus. Les résidents des petites communautés et des zones rurales recevront un bonus de 10 pour cent en reconnaissance de leurs besoins énergétiques plus élevés. Comme le montant du rabais tient notamment compte des revenus, il neutralise le caractère régressif d’une taxe uniforme sur le carbone. Le gouvernement fédéral estime que la plupart des gens finiront par recevoir plus qu’ils ne débourseront.
Les économistes s’accordent à dire que, pour changer réellement les comportements, la taxe devrait s’approcher de 200 dollars la tonne. C’est pourquoi on s’attend à ce que le prix augmente au fil du temps. C’est clairement une réponse aux changements climatiques inspirée du libre-marché et il ne fait aucun doute que ce ne sera pas suffisant en soi pour empêcher la catastrophe climatique annoncée par le GIEC. Mais c’est quand même un début.