Alors que le gouvernement canadien intensifie ses efforts en faveur de la privatisation dans les pays en développement, un nouveau rapport « soulève de sérieux doutes » sur les partenariats public-privé (PPP).

Dans un discours prononcé récemment aux Nations Unies, le premier ministre Justin Trudeau a encouragé les investissements du secteur privé dans les infrastructures comme solution à l’atteinte des objectifs de l’ONU comme l’éradication de la pauvreté, la lutte aux changements climatiques et l’élimination des inégalités dans les pays en développement d’ici 2030.

Justin Trudeau a également annoncé que le Canada fournira 20 millions de dollars pour la création d’un centre mondial de coordination en matière d’infrastructures à Toronto. Cette organisation parrainée par le G20 encourage le secteur privé (y compris les caisses de retraite) à acquérir et à exploiter des actifs publics tels que les écoles, les routes, les services publics, les hôpitaux et les systèmes d’approvisionnement en eau dans le but de réaliser des profits.

Or, partout dans le monde, les expériences passées soulèvent « de graves préoccupations quant à la capacité des PPP à produire des résultats dans l’intérêt public ». Les problèmes sont décrits dans un nouveau rapport du Réseau européen sur la dette et le développement (Eurodad).

Ce document intitulé l’Histoire se réPPPète souligne la pression croissante qu’exercent les gouvernements donateurs et les institutions financières internationales comme la Banque mondiale pour que les pays en développement misent sur les partenariats public-privé pour construire leurs infrastructures et offrir des services essentiels à la population.

À partir de dix études de cas dans des pays en développement et développés, le rapport démontre que les PPP constituent une mauvaise politique publique.

Les projets privatisés analysés ont rencontré de nombreux problèmes communs, notamment des coûts exagérés, le manque de transparence, des négociations contractuelles excessivement complexes et une prise de risque élevée de la part des gouvernements et non des entreprises. La moitié des projets, au lieu de réduire la pauvreté, ont creusé l’écart entre les riches et les pauvres. Plusieurs projets ont eu des répercussions environnementales et sociales néfastes. Trois projets ont été des échecs totaux et ont dû être annulés.

Les objectifs de développement durable des Nations Unies sont axés sur les droits fondamentaux de la personne, notamment l’accès à l’eau, aux soins de santé et à l’éducation. Le Canada devrait écouter les conseils fondés sur des preuves de Réseau européen sur la dette et le développement. La recherche du profit et la participation du secteur privé n’ont pas leur place dans la prestation des services publics. 

Le rapport réclame la fin « de la promotion agressive » des PPP pour financer les infrastructures sociales et économiques » ainsi que l’élimination des subventions gouvernementales pour ces PPP.

Eurodad a publié ce rapport en marge des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, deux institutions qui ont une longue tradition de promotion dynamique de la privatisation des services publics dans les pays du Sud.