Le Comité d’experts sur l’approvisionnement en produits d’immunoglobuline et ses répercussions au Canada de Santé Canada vient de publier son rapport final. Hélas, il ne soutient pas notre filière publique du sang.
Le comité écrit que « la transformation visant à recueillir davantage de plasma par aphérèse par la Société canadienne du sang (SCS) et Héma-Québec se fonde sur des principes d’affaires rigoureux, des enseignements tirés ainsi que sur des partenariats avec le secteur privé qui possède une expertise majeure dans ce domaine ».
Malheureusement, le comité :
- formule des recommandations alors qu’il n’en avait pas reçu le mandat;
- propose de privatiser notre système de prélèvement de plasma, pour régler la question de notre autosuffisance;
- ne se penche pas sur ce que la SCS et Héma-Québec peuvent faire pour accroître notre autosuffisance par l’entremise du système public existant;
- fait fi des lois de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de l’Ontario et du Québec qui interdisent la rémunération des dons de sang et de plasma dans le but de protéger notre système de dons bénévoles;
- enfreint le protocole d’entente entre le fédéral, les provinces et les territoires qui permet à la SCS d’opérer comme la seule autorité en matière de gestion du système du sang à l’extérieur du Québec;
- va à l’encontre des conseils de l’Organisation mondiale de la santé, de la Croix-Rouge internationale et de la Société du Croissant-Rouge, de l’Alliance européenne pour le sang, de la Société internationale de transfusion sanguine et des principes de la commission Krever qui recommandent tous un système de dons de sang bénévole et non rémunéré.
Dès le départ, Santé Canada a créé un problème en appointant à ce comité deux experts entretenant des liens directs avec l’industrie du plasma contre rémunération. On dirait que le ministère cherchait sciemment à justifier sa décision de permettre à une société privée à but lucratif de mener des activités en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick. Santé Canada déçoit le SCFP dans ce dossier. Le ministère ne devrait pas laisser des intérêts privés influencer les politiques de l’État en matière de santé.
La mémoire collective canadienne n’a pas oublié la crise du sang contaminé des années 1980. Cette tragédie terrible et évitable nous coûte encore des vies. Pourtant, le comité écrit qu’ « aucun cas confirmé de maladie transmise par des [produits dérivés du plasma] n’a été relevé » depuis la mise sur pied de la Société canadienne du sang en 1998. La privatisation va mettre cette réussite en grand danger. Santé Canada ne devrait pas prendre ce risque. Il devrait plutôt soutenir les plans d’expansion de notre organisme public du sang, la SCS.
Notre système public déploie des efforts pour accroître notre autosuffisance en plasma. Le comité reconnaît d’ailleurs que le Canada doit améliorer son autosuffisance. Depuis 2013, Héma-Québec a réussi à presque doubler les dons de plasma bénévoles. La SCS vise une expansion similaire en ouvrant 40 points de collecte, en recrutant des donneurs et en créant 2 600 emplois directs et indirects. Ces exemples démontrent que les solutions publiques donnent de meilleurs résultats.
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