Un arbitre ontarien a statué que Sue McIntyre doit récupérer son emploi. L’hôpital North Bay Regional Health Centre (NBRHC) avait congédié cette infirmière après qu’elle eut dénoncé la violence en milieu de travail dans une conférence sur les soins infirmiers. Elle avait été citée dans un communiqué de presse syndical. Dans sa décision, l’arbitre Bram Herlich précise que Mme McIntyre « n’avait pas l’intention de déclencher une campagne médiatique dans le but de ternir la réputation de l’hôpital » et qu’elle doit « réintégrer son emploi avec pleine compensation, sans perte d’avantages sociaux ou d’ancienneté ».
M. Herlich est arrivé à la conclusion que « le fait que la violence au travail soit prévalente dans le secteur hospitalier fait consensus ». En outre, les commentaires formulés par des infirmières dans un communiqué de presse du CSHO publié à la suite de la conférence de Kingston correspondent aux préoccupations exprimées dans des documents de l’Association des hôpitaux de l’Ontario et le New England Journal of Medicine.
Cette sentence arbitrale tombe plus de deux ans après que l’hôpital de North Bay eut congédié Mme McIntyre, une infirmière parmi plusieurs ayant participé à une table ronde dans une conférence organisée par le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO), la division hospitalière du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Cette affaire avait soulevé de graves questions concernant la liberté d’expression et la nécessité de protéger les employés qui dénoncent la violence en milieu de travail. Le licenciement de Mme McIntyre faisait ressortir le climat de terreur qui règne dans le secteur de la santé autour de la violence.
Selon un sondage mené par le SCFP auprès de près de 2 000 de ses membres du secteur hospitalier, 44 pour cent des répondants craignent des représailles de leur employeur s’ils signalent les cas de violence au travail. Ce n’est pas tout : 68 pour cent du personnel en soins directs (infirmières, préposés aux services de soutien à la personne, porteurs) ont été attaqués physiquement par des patients dans la dernière année ; 20 pour cent l’ont été plus de neuf fois en un an ; et 42 pour cent ont été harcelés ou agressés sexuellement.
« Notre sondage interne, comme la récente étude à l’Université de Stirling, démontre que nos hôpitaux sont des lieux de travail violents où, souvent, on intimide le personnel pour qu’il ne dise rien sur la généralisation de ce problème, explique le président du CSHO, Michael Hurley. Pour le personnel de la santé, Sue McIntyre est une héroïne. Elle a eu le courage de dénoncer la situation. »
M. Hurley presse le gouvernement ontarien d’admettre l’existence de circonstances particulières justifiant un appui au projet de loi présenté par l’opposition. Ce projet de loi protégerait les employés de la santé qui signalent ou dénoncent la violence en milieu de travail.
« Enfin, conclut-il, l’hôpital de North Bay doit rendre des comptes à l’État pour avoir dilapidé des centaines de milliers de dollars – des deniers publics – afin de contester cette affaire. Le SCFP a dû dépenser près de 500 000 $ pour défendre Mme McIntyre ; j’imagine que l’hôpital a dépensé beaucoup plus. Cet argent aurait pu servir au maintien de lits, de programmes et de services à North Bay. »
« Il faut que quelqu’un au gouvernement lui pose la question : pourquoi fallait-il, dans le cadre des dépenses en soins de santé, prioriser la persécution d’une infirmière qui disait la vérité ? »