Selon un sondage provincial publié aujourd’hui, les Ontariens résistent à l’idée que les appels de nature médicale au 911 soient dirigés vers les services de lutte aux incendies plutôt qu’aux services ambulanciers. Pourtant, c’est ce qui arrivera avec les changements apportés récemment par le gouvernement libéral.
Plus de 83 pour cent des 2500 Ontariens sondés affirment que, s’ils avaient à appeler le 911 pour une raison médicale (pour eux-mêmes ou un proche), ils préféreraient que ce soit des ambulanciers qui leur viennent en aide. Seuls 6,8 pour cent des répondants ont dit préférer que la réponse vienne des pompiers.
Ce sondage s’est déroulé à la fin de 2017, immédiatement après l’adoption de changements à la Loi sur les ambulances. Selon les ambulanciers membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), ces changements font chambouler la réponse aux urgences médicales du 911 et les soins préhospitaliers. Ils vont permettre la mise en place de projets pilotes dans les municipalités qui le souhaitent. Ces projets vont expérimenter le recours aux pompiers ayant aussi le titre d’ambulancier pour répondre aux appels d’urgence médicale.
Quand on leur demande directement s’ils appuient l’idée que le gouvernement confie la réponse à une partie des appels médicaux au 911 aux pompiers plutôt qu’aux ambulanciers, plus de 70 pour cent des gens répondent par la négative. Un peu plus de 65 pour cent affirment ne pas croire que cela permettra d’améliorer les soins aux patients.
Le sondage montre « que le provincial n’a pas l’appui de la population pour modifier la réponse aux appels du 911, explique Jason Fraser. Selon les chiffres, la population ne veut pas de ces changements. Les Ontariens comprennent que le nouveau modèle va coûter plus cher aux municipalités et qu’il aura un impact sur les soins aux patients. » M. Fraser est président du Comité ambulancier du SCFP en Ontario (CACO), qui représente plus de 5500 ambulanciers œuvrant dans les services ambulanciers de la province. On dénombre environ 8000 ambulanciers en Ontario.
« Les ambulanciers que nous représentons supplient le gouvernement d’investir ses ressources dans l’amélioration de la réponse ambulancière au lieu de mener ces expériences avec les pompiers », ajoute-t-il.
Pour l’instant, aucune municipalité ne s’est portée volontaire, malgré le fait que le provincial compte mettre les premiers projets pilotes en place en mars 2018. En fait, les municipalités se sont prononcées contre ce modèle, par le biais de leur association provinciale. Un tel modèle leur coûterait plus cher, puisque le coût d’une heure de service de lutte aux incendies est supérieur de 55 pour cent à celui d’une heure de service ambulancier. En outre, les municipalités assument 100 pour cent des services de lutte aux incendies, contre 50 pour cent des services ambulanciers.
Les études confirment que le nombre d’appels d’urgence médicale est en hausse, alors que le nombre d’appels liés aux incendies est en baisse. Près de 62 pour cent des personnes sondées sont d’accord pour dire que le provincial doit envisager de transférer des ressources des services dont la demande est en baisse (comme les pompiers) vers ceux dont la demande est en hausse (comme les ambulanciers). « La planification des services d’urgence doit se faire de manière rationnelle et non pour des raisons politiques, souligne M. Fraser. Or, il semble bien que les seules personnes à appuyer ce modèle soient l’association des pompiers qui l’a proposé et les Libéraux provinciaux qui le favorisent. »
Le sondage a été mené par Public Polling. Sa marge d’erreur est de plus ou moins 3,82 pour cent, 19 fois sur 20.