Il est dangereux de trier et de détourner des hôpitaux les patients qui appellent le 911 pour des soins médicaux d’urgence, et de permettre aux ambulanciers d’exercer dans des camions d’incendie au lieu d’ajouter des ambulances et des ambulanciers sur la route, préviennent les ambulanciers du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), en réponse à une annonce publiée aujourd’hui par le gouvernement libéral de l’Ontario concernant les modifications qu’il prévoit appliquer au système d’intervention médicale d’urgence de la province.
Les ambulanciers du SCFP estiment que ces changements entraîneront des résultats négatifs pour les patients ayant besoin de soins médicaux d’urgence. Nous avons souvent déconseillé aux libéraux d’appliquer au système des services médicaux d’urgence des changements coûteux et risqués qui permettraient aux municipalités d’autoriser des ambulanciers à exercer dans les camions d’incendie. Pour améliorer les délais d’intervention, il faut plutôt augmenter la capacité des services d’ambulance à ajouter des ambulanciers sur la route. Cela coûterait beaucoup moins cher que d’affecter des ambulanciers dans les camions d’incendie, et cela permettrait de sauver des vies », a dit Fred Hahn, président du SCFP-Ontario.
Le SCFP qui représente la majorité des ambulanciers – environ 6000 ambulanciers, répartiteurs et agents de communication à travers la province – est troublé par le fait que la première ministre Kathleen Wynne ait annoncé cette nouvelle de façon clairement partisane et partiale, dans une salle remplie de pompiers. Les ambulanciers n’appuient pas ce changement parce qu’il mettrait les patients en danger. « Les ambulanciers ne sont pas les seuls », affirme Fred Hahn. « De nombreuses municipalités s’y opposent aussi, parce que si ce changement est pleinement appliqué, les municipalités devront assumer l’augmentation des coûts, puisque la province finance la moitié des coûts de leurs services d’ambulance, mais ne finance pas les coûts liés aux incendies. Les municipalités devront payer la totalité des coûts liés aux ambulanciers exerçant dans les camions d’incendie en raison de ce plan des libéraux. »
À la réunion annuelle du syndicat des pompiers de l’Ontario, aujourd’hui, la première ministre a également annoncé des changements importants au système des services médicaux d’urgence visant à détourner des patients des hôpitaux, « ce qui pourrait entraîner des effets négatifs pour les patients qui appellent le 911 », a déclaré Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO/SCFP).
Présentement, les ambulanciers sont tenus d’amener les patients à l’hôpital. La province a l’intention de modifier la loi, de sorte que les patients pourraient être orientés vers des fournisseurs de soins primaires, des cliniques externes et d’autres organismes de soins communautaires déjà surchargés. Selon ce modèle, qui consiste à « traiter et diriger » les patients ailleurs que dans les hôpitaux, les patients seraient dirigés vers des organismes communautaires offrant des soins de santé moins chers. Selon nous, cette idée ne vise pas de meilleurs résultats pour les patients, mais plutôt à limiter les coûts. Ce gouvernement prévoit continuer à réduire les soins dans les établissements hospitaliers, a déclaré Hurley.
Ces propositions de modifier le système de soins médicaux d’urgence pourraient avoir de graves conséquences pour les patients.
D’abord, selon Hahn, de nombreux pompiers ont des quarts de travail de 24 heures. Les recherches montrent qu’un tel nombre d’heures de travail entraîne de graves répercussions sur le jugement d’une personne dans des situations où il faut prendre des décisions graves pouvant menacer la vie du patient. Il n’y a pas de système de surveillance ni d’assurance de la qualité par un personnel pleinement qualifié en ce qui a trait aux fonctions médicales qui seraient assumées par des pompiers effectuant des soins médicaux d’urgence.
Même si certains aspects du triage des patients étaient utiles pour s’assurer que des services d’ambulanciers soient affectés aux appels nécessitant des soins médicaux d’urgence, plutôt qu’aux appels nécessitant des services d’incendie, il serait dangereux de diriger de patients vers des établissements communautaires sous-financés, et cela ajouterait des contraintes supplémentaires aux ambulanciers en les obligeant à diagnostiquer des symptômes médicaux qui peuvent ne pas être apparents lors d’une réponse à un appel 911, a déclaré Hurley.
Le SCFP encourage la province à organiser des consultations approfondies auprès des ambulanciers à propos de l’expansion de soins médicaux d’urgence économiques fournis par des ambulanciers plutôt que d’adopter les changements proposés aujourd’hui au système des soins médicaux d’urgence.