Andréane Chénier, conseillère en santé et sécurité au SCFP, raconte son expérience.
Il y avait quelque chose de surréaliste à être parmi ces Nigaraguayennes et ces Honduriennes qui racontaient leur quotidien. Je n’arrêtais pas de me dire que leur situation ressemblait à celle des membres du SCFP ; pas en intensité, mais dans la nature des combats que nous menons toutes.
Ces femmes ont parlé de force, de victoires, de reculs amers et d’obstacles à surmonter. Elles nous ont raconté l’intransigeance de leurs employeurs, l’absence de respect envers les travailleuses et les femmes, ainsi que la violence qui règne au travail. Elles ont dit être écrasées par leur charge de travail. Elles se sont plaintes de problèmes physiques attribuables à leur milieu de travail malsain et à leur poste de travail inadéquat.
Les Nicaraguayennes doivent se défendre face à leur employeur pour obtenir des conditions de travail décentes. Elles nous ont raconté des cas d’employeurs qui congédient des employées trop malades ou blessées par leurs tâches, des cas d’employeurs qui tentent de faire passer leurs maladies et leurs blessures professionnelles pour des problèmes résultant de leur mode de vie à la maison ou de la manière dont elles élèvent leurs enfants. Comme si leurs problèmes à la colonne vertébrale, aux articulations et aux poumons n’avaient rien à voir avec le travail éreintant et répétitif qu’elles doivent faire pour respecter des quotas trop élevés pendant 10 à 12 heures par jour, à un poste de travail mal conçu et dans un environnement de travail chaud, humide et saturé de fibres.
J’ai manifesté aux côtés de Honduriennes qui réclamaient le droit à un milieu de travail sans violence. Ces femmes ont exigé de leur ministère du Travail une évaluation de l’ergonomie des milieux de travail. Elles ont marché en pleine chaleur, convaincues de pouvoir faire une différence pour leurs milieux de travail et la société hondurienne. Elles étaient engagées et unies. Les gens qui les croisaient pouvaient sentir leur détermination et leur donnaient raison.
Surtout, je m’émerveillais de la force de ces femmes. Je crois que nous avons toutes été émues par leurs anecdotes. Unies, elles avaient la force de changer les choses.
Nous étions là pour témoigner notre solidarité à leur cause, pour leur montrer qu’elles ne sont pas seules. Pour leur part, elles m’ont rappelé ce pour quoi nous nous battons. Je ne les oublierai jamais.