La plus grande part du travail du SCFP en matière de solidarité internationale est réalisée en collaboration avec des partenaires de partout sur la planète.
Honduras
La violence et l’impunité demeurent la règle au Honduras. La violence envers les femmes continue d’augmenter, tout comme la violence et l’intimidation envers les militants, notamment ceux qui luttent pour la préservation des terres.
En mars 2016, la militante écologiste et cofondatrice du Conseil des peuples autochtones du Honduras (COPINH), Berta Cáceres, a été assassinée à Rio Blanco, sa ville natale, en raison de son travail auprès des citoyens de cette communauté qui s’opposent à l’érection d’un barrage hydroélectrique sur la rivière Gualcarque. Selon l’enquête préliminaire, on tente de maquiller cet assassinat en privilégiant la thèse du conflit interne au sein du COPINH. Cela en dit long sur la répression et la criminalisation de la dissidence pratiquées au Honduras. Le meurtre de Berta Cáceres est survenu alors que la Commission interaméricaine des droits de la personne avait ordonné au gouvernement hondurien d’assurer la sécurité de la militante. Le gouvernement hondurien a fait fi de cette obligation.
Santé-sécurité au travail
Le SCFP travaille avec le Collectif des femmes honduriennes (CODEMUH) pour mettre fin aux pratiques qui contreviennent aux droits de la personne, au droit à l’égalité entre les hommes et les femmes et aux droits au travail des employées des maquilas honduriennes. Une maquila est une manufacture appartenant à des étrangers où des employés sous-payés assemblent des pièces importées et dont les produits finis sont exportés. Le CODEMUH concentre ses efforts sur la santé-sécurité et le filet social au travail. Ses travaux de recherche et ses démarches politiques visent à amener un changement systémique à l’échelle nationale. Le CODEMUH fournit aussi de l’accompagnement juridique et médical aux travailleuses victimes d’accidents de travail ou dont les droits au travail ont été violés.
Avec l’aide d’un expert en santé-sécurité au travail dans l’industrie des maquilas, le CODEMUH a fourni des services médicaux à une trentaine de travailleuses souffrant
de blessures et de maladies musculo-squelettiques. En plus de leur offrir des soins, le CODEMUH a pu démontrer scientifiquement la relation entre les conditions de travail dans les maquilas et diverses blessures et maladies musculo-squelettiques.
L’organisme a obtenu des accommodements permanents pour les travailleuses affectées. En outre, l’Institut hondurien de la sécurité sociale a reconnu l’existence
d’autres blessures musculo-squelettiques dues au travail, ce qui permet aux travailleuses affectées de recevoir des prestations d’invalidité. Il s’agit d’une grande victoire.
Nicaragua – Défendre les droits au travail et à l’égalité des travailleuses des maquilas (MEC)
En janvier 2016, le gouvernement du Nicaragua a haussé le salaire minimum de huit pour cent dans la zone franche. Cette hausse attendue depuis longtemps était nécessaire, le taux d’inflation se situant à 5,85 pour cent. En 2015, un gel salarial a été imposé dans le secteur des maquilas, alors que les salaires avaient augmenté dans d’autres secteurs. Les femmes constituant 75 pour cent de la main-d’œuvre des maquilas, il s’agit d’un cas classique de discrimination systémique envers les femmes.
Le SCFP soutient le Mouvement Maria Elena Cuadra (MEC), qui s’efforce d’accroître la capacité des travailleuses à défendre leurs droits de la personne et leurs droits au travail. Pour atteindre son but, le MEC propose du soutien juridique en matière de droits au travail et de droit à l’égalité entre les hommes et les femmes par le biais d’une clinique juridique et d’activités d’éducation et d’organisation auprès des travailleuses et des militantes.
Le MEC est une organisation remarquable qui profite d’une belle visibilité nationale et régionale au Nicaragua et en Amérique centrale. Issu d’un petit groupe de femmes qui œuvraient clandestinement et dont les efforts en vue d’améliorer les conditions de travail dans les maquilas étaient réprimés violemment, le MEC est devenu un organisme national respecté, fréquemment sollicité par les médias et capable de représenter les intérêts de milliers de travailleuses en traitant directement avec les représen-tants du ministère du Travail et de la Commission nationale des zones franches.
Cette année, la clinique juridique du MEC s’est occupée de 3000 dossiers de violation des droits au travail dans les secteurs des maquilas, des services et de l’aide domestiques. Il a fourni des services juridiques dans des dossiers de violence envers les femmes et il a aidé des femmes à faire respecter les ordonnances de versement de pension alimentaire pour leurs enfants. Ces services sont tous offerts gratuitement. En outre, le MEC cherche à prévenir les abus à la source en sensibilisant les travailleuses à leurs droits. Cette année, il a distribué plus de 10 000 manuels sur l’ABC des droits au travail.
Colombie – Défendre les droits de la personne et favoriser la paix dans le sud-ouest du pays (NOMADESC)
Le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) sont en pleines négociations de paix. Malheureusement, les violations des droits de la personne et des droits sociaux, économiques et culturels se poursuivent.
Le SCFP soutient NOMADESC, un organisme qui cherche à renforcer les mouvements sociaux populaires du sud-ouest de la Colombie en proposant un processus de paix global et participatif. Les communautés populaires profitent du travail effectué par NOMADESC : éducation, recherche, soutien juri-dique, campagnes populaires et représentation.
Malgré les progrès réalisés sur le chemin de la paix, le nombre de violations des droits de la personne demeure très élevé. NOMADESC fait état de violences constantes perpétrées par les groupes paramilitaires et criminels, les forces armées gouvernementales et les forces rebelles. En outre, l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles, les grands projets d’infrastructure et le contrôle des routes servant au trafic de stupéfiants forcent des communautés à se déplacer constamment.
La nouvelle Université interculturelle des peuples fondée par NOMADESC sert bien l’objectif de l’organisme qui consiste à éduquer et à accroître le pouvoir des
communautés. Des membres des divers mouvements sociaux et des citoyens s’y rassemblent pour discuter de leurs luttes pour la justice sociale, s’outiller pour défendre leurs droits, planifier des actions afin de s’attaquer aux violations des droits de la personne et se faire entendre dans le cadre du processus de paix. L’organisme fournit aussi de l’aide juridique dans les communautés, notamment des services-conseils pour des cas de violation des droits de la personne. Le SCFP souhaite sensibiliser la population canadienne à ce qui se passe en Colombie, au rôle des sociétés canadiennes et du gouvernement canadien là-bas, ainsi qu’à l’importance de la solidarité internationale.
Colombie – Appuyer les communautés qui défendent l’eau publique (SINTRACUAVALLE)
Le gouvernement colombien poursuit la promotion de son programme L’eau pour la prospérité qui consiste à vendre les infrastructures publiques d’eau au privé. En Colombie, la menace de privatisation est cons-tante. Pire, les nombreux accords de libre-échange signés par le gouvernement depuis 2012 ont accéléré la privatisation. Par exemple, le gouvernement colombien a vendu sa participation majoritaire dans ISAGEN, la société d’État qui produit de l’hydroélectricité, à la société canadienne Brookfield Asset Management. Le gouvernement est allé de l’avant malgré les protestations généralisées et des allégations de corruption entourant la transaction. Les opposants au plan néolibéral du gouvernement subissent aussi des menaces et des attaques.
SINTRACUAVALLE, le syndicat des employés de la société d’État des eaux ACUAVALLE, a réussi à freiner de nombreuses tentatives de privatisation du système d’eau municipal à Valle del Cauca. La clé de son succès : la sensibilisation de la population à l’importance de l’eau en tant que service public et aux impacts de sa privatisation. Pour gagner l’appui populaire et faire comprendre les répercussions négatives de la privatisation de l’eau, SINTRACUAVALLE tisse des alliances avec le grand public, la société civile, les fonctionnaires et les élus. Le syndicat explique que, par leur travail, ses membres contribuent à rendre l’eau potable accessible pour tous. Enfin, le
syndicat sonne l’alarme lorsque le gouvernement planifie une nouvelle tentative pour privatiser l’eau.
Le SCFP soutient les efforts que déploie SINTRACUAVALLE pour consolider l’appui populaire au service d’eau public dans les municipalités de la région de Valle del Cauca, dans le sud-ouest de la Colombie. Notre projet cherche à renforcer l’opposition à l’investissement et au contrôle privé des infrastructures par l’entremise de partenariats public-privé. Il cherche aussi à sensibiliser les Canadiens et les encourager à faire preuve de solidarité avec les Colombiens qui revendiquent leur droit à l’eau.
La présidente du syndicat, Margarita López, a reçu de nombreuses menaces de mort en raison de ses efforts pour défendre l’eau en tant que bien public. Elle ne peut pas sortir de chez elle sans gardes du corps. Malgré ces menaces, SINTRACUAVALLE demeure ferme dans sa défense du droit à l’eau pour tous. Le syndicat a l’intention, dans les prochaines années, de tendre la main aux dirigeants municipaux récemment élus pour qu’ils appuient l’eau publique.
CUBA – Accroître la solidarité entre le SCFP et les travailleurs du secteur public cubain (SNTAP)
Depuis plusieurs années, le SCFP collabore avec la section locale havanaise du Syndicat national du secteur public de Cuba (SNTAP-Havana) afin de renforcer les liens de solidarité et la capacité des syndicats cubains à promouvoir l’activité syndicale.
Cuba a récemment modifié ses lois du travail, ce qui crée de nouveaux défis pour les syndicats. L’État cubain a ouvert formellement plusieurs pans de l’économie à l’entreprise privée, y compris aux petites entreprises et aux travailleurs autonomes, en plus de convertir plusieurs sociétés d’État en coopératives de travailleurs. Ces travailleurs conservent la possibilité de s’affilier aux syndicats du secteur public. D’ailleurs, le SNTAP et sa section locale de La Havane s’affairent à recruter des membres. En outre, le gouvernement cubain a permis la participation aux bénéfices pour les employés des entreprises qui génèrent des revenus. Il a aussi décentralisé la prise de décision. Dans ce contexte en mutation, le programme de formation du SNTAP-Havana est un outil précieux. Les dirigeants syndicaux et les militants doivent en effet s’adapter pour continuer à promouvoir efficacement les droits des travailleurs.
Le SNTAP-Havana fournit aux délégués syndicaux, ainsi qu’aux dirigeants des instances municipales et provinciales, de l’éducation et de la formation sur les lois du travail, la santé-sécurité et la négociation collective.
En 2015-2016, le SNTAP-Havana a commencé à aménager une nouvelle salle de classe dans l’édifice de la centrale syndicale provinciale. Au Canada, l’organisme CoDev collabore avec le SCFP-Colombie-Britannique pour mieux faire comprendre aux membres les problématiques des travailleurs cubains. Des rapports et des présentations leur sont destinés et les membres sont encouragés à participer à des activités à Cuba.
Philippines – Faire preuve de solidarité avec les travailleurs pour implanter le syndicalisme dans le secteur de l’éducation (ACT)
Ces dernières années, le SCFP aide l’Alliance of Concerned Teachers (ACT) à mettre en place des syndicats dans le secteur public, partout aux Philippines. L’ACT est devenu le plus grand syndicat de la fonction publique du pays. L’ACT compte 133 910 membres.
Au-delà de l’aide à la syndicalisation et à la négociation collective, l’ACT espère que les campagnes électorales nationales et locales de 2016 mettront un terme, du moins temporairement, à la militarisation qui affecte les Autochtones de l’île de Mindanao. Une trêve permettrait aussi de procéder à l’évaluation du programme scolaire instauré récemment au primaire et au secondaire.
L’ACT est un membre actif du réseau Sauvons nos écoles, une coalition de la société civile qui vient en aide aux enseignants et aux élèves des écoles autochtones de Mindanao. Ces derniers ont fui en raison de la militarisation, des menaces, de l’intimidation, du harcèlement et des assassinats de leurs dirigeants et de leurs proches perpétrés par les membres des forces armées philippines et des autres groupes armés qui leurs sont affiliés.
L’ACT craint que le nouveau programme scolaire modifie le système d’éducation des Philippines pour répondre aux besoins en main-d’œuvre des pays étrangers. Le nouveau programme est axé sur la formation de diplômés semi-qualifiés qui quitteraient les Philippines pour aller travailler ailleurs, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
PHILIPPINES – Faire preuve de solidarité avec les travailleurs de la fonction publique (COURAGE)
La collaboration du SCFP avec la Confédération pour l’unité, le respect et l’avancement de la fonction publique (COURAGE) aux Philippines vise à consolider la campagne municipale et provinciale en cours contre la privatisation du secteur de l’eau.
Les syndicats de la fonction publique, certains législateurs inquiets, des élus locaux et des organismes de la société civile collaborent étroitement afin de dénoncer la privatisation sous toutes ses formes. La solidarité entre travailleurs et communautés s’est resserrée lorsque les travailleurs ont compris qu’ils ne pourraient pas gagner la guerre contre la privatisation à eux seuls. Les syndicats qui ont travaillé de près avec divers organismes populaires ont approfondi leur conscience sociale. Avec le temps, leurs membres ont réalisé qu’il existe un lien étroit entre salaires, sécurité d’emploi et préoccupations syndicales d’un côté et problèmes et luttes de la population de l’autre.
En outre, les employés du secteur public ont compris l’importance d’exercer leur droit à la syndicalisation, et ce, malgré le risque d’être étiqueté comme opposant au gouvernement.
En avril 2015, les dirigeants de trois syndicats affiliés à COURAGE ont reçu de graves menaces de la part d’hommes non identifiés qu’on croit appartenir aux forces armées philippines et à la police nationale philippine. On les a étiquetés comme membres du Parti communiste des Philippines et on les a intimés de se rendre aux autorités
ou de subir les conséquences de leurs gestes soi-disant anti-gouvernementaux. On a d’abord recensé six cas de menaces directes, de lettres empoisonnées et de visites importunes au domicile des dirigeants syndicaux de l’Autorité nationale du logement, de l’Autorité nationale des aliments, à du ministère du Travail et de l’Emploi et du ministère du Bien-être social et du Développement. Depuis, des membres du personnel et des organisateurs de COURAGE ont eu droit au même traitement.
COURAGE s’est adressé à la Commission des droits de la personne et à la Cour suprême du pays pour demander que les victimes soient placées en détention préventive pour leur propre sécurité. On a aussi réclamé l’intervention de l’Organisation internationale du travail et de la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Des organismes internationaux de défense des droits et des syndicats ont condamné les menaces contre la vie et la liberté des victimes.