Le SCFP représente 160 000 employé(e)s des écoles primaires et secondaires du Canada réparti(e)s dans plus de 400 unités de négociation. Les membres du SCFP occupent tous les types d’emploi du système scolaire, à l’exception du corps enseignant et de la direction des établissements.
En Ontario, le SCFP compte plus de 57 000 membres dans le secteur de l’éducation. Au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard, l’ensemble du personnel est représenté par le SCFP. L’éducation demeure l’un des secteurs d’emploi les plus importants du SCFP.
ENJEUX
Sous-financement chronique
Le financement ne reflète pas la hausse des coûts liés à la prestation des services d’éducation et à l’entretien des installations. Les conseils scolaires subissent donc des pressions énormes. Le financement réel par élève en Ontario est en baisse constante depuis l’année scolaire 2012-2013. Le gouvernement de l’Ontario s’est entre autres ingéré dans la libre négociation collective et a adopté une loi pour restreindre les hausses salariales afin de maintenir les salaires à un bas niveau. Les conseils scolaires ont du mal à recruter le personnel nécessaire pour répondre aux besoins des élèves et procèdent régulièrement à des mises à pied. Résultat : les conditions de travail et d’apprentissage ne font que se dégrader dans les écoles ontariennes.
La situation n’est guère mieux dans d’autres provinces. En Saskatchewan, le budget provincial ne prévoyait que 4,428 milliards de dollars pour l’éducation en 2025-2026, soit moins que les 4,454 milliards de dollars dépensés en 2024-2025. Le sous-financement persistant, jumelé à l’inflation croissante, cause un manque de personnel dans la province.
En Alberta, le financement des écoles publiques s’effectue maintenant en fonction d’une moyenne calculée sur trois ans. Ainsi, les administrations scolaires où le nombre d’inscriptions augmente se retrouvent avec un financement par élève insuffisant. Par exemple, cette nouvelle formule a privé le district scolaire d’Edmonton du financement équivalent à celui de 100 élèves.
Au Québec, le SCFP s’est mobilisé pour empêcher le gouvernement d’opérer les coupes qui avaient été annoncées. Toutefois, le mal a été fait dans certains centres de services scolaires, puisque des membres ont perdu leur emploi et que des mesures de soutien aux élèves ont été réduites.
Au Manitoba, l’augmentation du financement surpasse l’inflation pour l’année scolaire 2025-2026, mais ce n’est pas encore suffisant. Le SCFP-Manitoba continue de demander du financement pour contrer les inégalités salariales systémiques et améliorer le soutien aux élèves en embauchant plus de travailleuses et travailleurs dans le système scolaire.
Privatisation
Dans plusieurs provinces, l’utilisation de fonds publics pour financer des écoles privées et des partenariats public-privé (PPP) se généralise. La Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse et le Québec subventionnent en partie les écoles privées.
La Saskatchewan a augmenté le financement de ses districts scolaires publics, catholiques et francophones de seulement 13 % de 2020-2021 à 2024-2025, alors que les écoles privées (ou « écoles indépendantes qualifiées ») ont bénéficié d’une augmentation de 79 % sur la même période.
En Alberta, le Parti conservateur uni continue de faciliter l’expansion des écoles à charte, contribuant ainsi à l’érosion de l’enseignement public primaire et secondaire. Le taux de financement des écoles privées pour l’année scolaire 2025-2026 dépassera l’inflation et la croissance de la population. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du financement des écoles publiques. La province va de l’avant avec six nouveaux projets en PPP, malgré les échecs de ce modèle qui n’a rien de rentable.
Des écoles publiques ont été construites dans le cadre de PPP avec des entreprises à but lucratif dans plusieurs provinces, dont au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Alberta et en Nouvelle-Écosse (qui a toutefois fini par ramener les écoles dans le secteur public). Ces écoles coûtent plus cher et la qualité de l’enseignement y est généralement inférieure. De plus, l’accès aux installations est limité en dehors des heures de cours et leur conception répond rarement aux besoins de la communauté.
Le gouvernement du Manitoba augmente également le financement des écoles privées (« écoles indépendantes ») pour l’année 2025-2026, prévoyant 7,8 millions de dollars en fonds de fonctionnement et 6 millions de dollars supplémentaires en fonds d’immobilisations.
Les membres du SCFP de partout au pays continueront de défendre le système d’éducation public et demanderont aux gouvernements de prendre des mesures audacieuses pour le financer de façon adéquate et durable. Au lieu de justifier les subventions versées aux écoles privées par la nécessité de combler des lacunes dont ils sont responsables, les gouvernements provinciaux doivent financer un système scolaire public qui répond aux besoins des communautés.
Hausse de la violence
Le personnel de l’éducation qui travaille directement avec les élèves est confronté à une hausse de la violence et de menaces. Et nos membres ne font pas exception. Un rapport publié récemment par une équipe de recherche de l’Université d’Ottawa confirme cette hausse de la violence dans les écoles. Face à la situation, les sections locales du SCFP militent en faveur de davantage de formation et de meilleurs mécanismes de signalement, en plus de faire respecter les droits de leurs membres en vertu des lois sur la santé et la sécurité au travail. Les membres demandent aussi des effectifs suffisants dans les écoles afin de prévenir la violence et d’améliorer le soutien aux élèves.
Salaires
Les gouvernements provinciaux imposent depuis plusieurs années des gels de salaires et des mandats salariaux pour limiter la rémunération des travailleuses et travailleurs en éducation. Les membres du SCFP des quatre coins du pays luttent contre cette tendance, allant jusqu’à faire la grève si nécessaire, afin d’obtenir de meilleures augmentations salariales.
En 2021, les travailleuses et travailleurs en éducation au Nouveau-Brunswick ont participé à la grève provinciale du SCFP pour exiger que leurs salaires suivent au moins le rythme de l’inflation et rattraper l’écart salarial créé par le gouvernement après des années de sous-rémunération.
En 2022, les membres du SCFP travaillant pour les conseils scolaires en Ontario ont fait la grève pour réclamer l’abolition d’une loi qui leur imposait des augmentations salariales en deçà de l’inflation. La grève a mené à une augmentation salariale de 1 $ l’heure par année sur 4 ans. Les salaires demeurent une priorité en Ontario en raison des restrictions salariales imposées ces dernières années et de la crise de l’abordabilité qui touche l’ensemble des travailleuses et travailleurs.
En Colombie-Britannique, le personnel de l’éducation poursuit sa lutte pour obtenir des augmentations salariales suffisantes. La négociation centralisée a commencé en juillet 2025. Le gouvernement propose des augmentations salariales inférieures à celles accordées à d’autres sections locales du SCFP dans la province, et inférieures aux nouvelles tendances salariales enregistrées dans le milieu de l’éducation primaire et secondaire ailleurs au Canada.
En 2025, des membres du SCFP travaillant en éducation ont déclenché une grève dans plusieurs régions de l’Alberta afin d’obtenir de meilleurs salaires que ceux prévus par le mandat salarial du gouvernement pour le personnel du secteur public. Grâce à leur détermination, les membres ont obtenu des ententes salariales prévoyant des augmentations fixes permettant aux travailleuses et travailleurs les moins bien rémunérés de profiter d’augmentations salariales plus élevées que celles énoncées dans le mandat du gouvernement. Avant cette réussite, les membres en Alberta avaient encaissé des gels salariaux pendant près de dix ans. Leur constat : c’en est assez des mandats salariaux des conservateurs qui accentuent leur retard salarial.
La Saskatchewan est l’une des rares provinces sans aucune forme de négociation centralisée pour le personnel de soutien dans les écoles. Des efforts ont été déployés, ces dernières années, pour faire concorder les dates d’expiration des conventions collectives. Ainsi, 10 conventions collectives, couvrant 4 000 des 7 000 membres du SCFP en éducation dans la province, sont venues à échéance le 31 août 2022. Compte tenu du sous-financement chronique en éducation et de la montée en flèche de l’inflation, les sections locales du SCFP auront besoin de plans solides et de la mobilisation de leurs membres pour négocier des augmentations salariales qui suivent la hausse du coût de la vie.
Au Manitoba, le personnel en éducation était assujetti à une loi sur le gel des salaires. Cependant, grâce à des négociations coordonnées et, dans le cas du SCFP 1630, à une grève de quatre mois en plein hiver, le SCFP a réussi à obtenir de modestes augmentations salariales chaque année de la convention collective, y compris un ajustement au coût de la vie la dernière année.
Régimes de retraite
La quasi-totalité des membres du SCFP travaillant en éducation participe à un régime de retraite, dont 90 % à un régime de retraite à prestations déterminées. Les membres du SCFP au Manitoba exercent des pressions sur leurs employeurs pour transformer leurs régimes à cotisations déterminées, la norme dans la province, en régimes à prestations déterminées.
Expansion du système
Commencer l’éducation publique à un plus jeune âge permet d’améliorer le développement et le bien-être de l’enfant, l’égalité des femmes et leur présence sur le marché du travail, la qualité des soins et les emplois dans les services éducatifs à la petite enfance. En 2021, les gouvernements de l’Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador ont élargi leur système d’éducation publique pour y accueillir les enfants de 4 et 5 ans. L’Île-du-Prince-Édouard offre actuellement 15 heures par semaine de prématernelle dans les centres d’éducation à la petite enfance. Terre-Neuve-et-Labrador pilote à l’heure actuelle un programme de prématernelle dans 35 YMCA.
En 2019, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec a adopté une loi pour rendre la prématernelle accessible aux enfants de quatre ans partout dans la province. Malheureusement, comme un réseau subventionné d’éducation à la petite enfance existe déjà au Québec, contrairement aux autres provinces, cette mesure n’a fait qu’ajouter des contraintes de financement et augmenter le ratio élèves-enseignant(e) dans les écoles québécoises.