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Des centaines de réfugiés, de travailleuses et travailleurs de la santé et de sympathisants se sont rassemblés sur la Colline du Parlement pour condamner les compressions radicales imposées par le gouvernement Harper aux soins de santé des réfugiés, des compressions qui entreront en vigueur le 30 juin.

La manifestation était l’une parmi 13 qui avaient été organisées partout au pays, dans le cadre d’une journée nationale d’action pour préserver le Programme fédéral de santé intérimaire, qui fournit une assurance-maladie temporaire aux réfugiés.

« Le Programme fédéral de santé intérimaire n’est pas une mesure de charité – c’est un investissement », a déclaré la médecin de famille Parisa Rezaiefar, elle-même arrivée au pays comme réfugiée.

« Les réfugiés ne viennent pas au Canada pour profiter du généreux Programme fédéral de santé intérimaire, a expliqué la Dre Rezaiefar. Ils y viennent parce que les autres possibilités sont le déplacement, la torture, le viol et la mort. »

« En chemin, nous perdons nos familles, nos amis, nos foyers, notre santé et notre dignité … Je suis ici pour vous demander de ne pas abandonner les plus vulnérables.  Dans ce magnifique pays qui est le nôtre, tout le monde mérite d’être traité avec dignité. »

Mark Tyndall, directeur du département des maladies infectieuses à l’Hôpital d’Ottawa, a passionnément défendu le droit des réfugiés à un plein accès aux soins de santé.

« Le gouvernement se sert de ce dossier pour diviser les Canadiens, pour dresser ceux qui sont insatisfaits de leur propre assurance-maladie contre les réfugiés.  Mais les Canadiens sont assez intelligents pour se rendre compte de la supercherie. Cette mesure est une attaque contre l’ensemble de notre système de santé », a soutenu Mark Tyndall.

« Les médecins qui défendent la santé des réfugiés sont les mêmes qui défendent les droits de tous les Canadiens aux meilleurs soins de santé possibles. »

Mado Mushimiyimana, infirmière à un centre de santé communautaire, a décrit les soins qu’elle a reçus lorsqu’elle est arrivée au Canada avec de graves problèmes de vision. Aujourd’hui, elle porte des lunettes. Mais les compressions proposées mettront fin aux soins ophtalmologiques pour les réfugiés.

« Je ne peux pas imaginer qu’aujourd’hui, une personne qui a quitté son pays, qui a quitté sa famille pour venir au Canada puisse ne pas avoir accès aux soins de santé. Ce n’est pas acceptable », a affirmé Mme Mushimiyimana.

Doug Gruner, médecin de famille, travaille au centre de médecine familiale Bruyere avec la Dre Rezaiefar. Il a expliqué les effets qu’auront ces compressions sur son travail. Après le 1er juillet, ses patients réfugiés n’auront pas l’assurance voulue pour se procurer des médicaments qui pourraient pourtant leur sauver la vie.

« Le Canada a reconnu, il y a très, très longtemps, qu’il est sensé de payer les sous que coûtent les médicaments pour prévenir l’aggravation des maladies, parce que c’est la chose à faire. C’est de la simple compassion. Et cela permet d’économiser à long terme.  Ce plan est voué à l’échec.  Il mettra en danger la vie des réfugiés et coûtera plus cher aux contribuables. »

« Les compressions nuiront aux enfants réfugiés, qui en subiront les conséquences toute leur vie », a déclaré aux manifestants le pédiatre Toby Audecent.

« Le lien entre les soins de santé primaires au cours des premières années et la santé et la productivité des adultes a été démontré.  Il n’y a pas de deuxième chance. »

« En offrant des soins de santé aux réfugiés au Canada, nous faisons preuve de compassion et d’équité, en plus de prendre la meilleure décision », a précisé le Dr Audecent.

Betty Ann Davis, sage-femme d’Ottawa, a fait le lien avec les politiques gouvernementales qui créent un plus grand nombre de personnes déplacées et de réfugiés, notamment l’appui du gouvernement aux activités des entreprises minières dans le tiers monde.

Les membres du SCFP ont pris part à des rassemblements d’un bout à l’autre du pays. À Winnipeg, Shereen Denetto, membre de la section locale 2348 du SCFP, a aidé à organiser un rassemblement, parce que pour elle, les compressions sont « tout simplement injustes ».

Mme Denetto coordonne des programmes de promotion de la santé pour et avec les communautés de réfugiés depuis huit ans.

« J’ai rencontré des gens qui ont vécu les expériences les plus difficiles et les plus traumatisantes que l’on puisse imaginer, a-t-elle raconté.  Les personnes à qui nous offrons ces services sont très reconnaissantes et s’efforcent toujours avec détermination de s’intégrer à la société canadienne – malgré de nombreux obstacles comme le choc culturel, la barrière de la langue, la pauvreté et la discrimination. »

Shereen Denetto a affirmé qu’elle constate déjà les effets des compressions.  « Une femme nous a demandé “Comment pourrai-je me procurer les médicaments dont j’ai besoin pour mes enfants? ». Avec les compressions, les médicaments essentiels pour des maladies comme l’asthme, l’épilepsie et le diabète ne seront plus assurés.  Les lunettes, les visites chez le dentiste, les fauteuils roulants et les béquilles ne seront plus couverts non plus. »  

« En somme, les familles de réfugiés devront choisir entre avoir un toit au-dessus leur tête et manger – ou se procurer les médicaments ou d’autres soins de santé, a déploré Mme Denetto.  Ils n’auront pas le choix.  Les adultes tomberont malades, les enfants aussi – et c’est terrible à dire, mais je crains qu’il y en ait qui meurent. »