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L’appel des géants du secteur entrepreneurial à un commerce réglementé, mais accru, ne convainc pas les délégués.

Les délégués au deuxième congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI) ont eu droit à un rare appel de la part des titans du commerce international ce mardi (22 juin) à Vancouver. Les hauts représentants du Fonds monétaire international et de l’Organisation mondiale du commerce ont demandé, dans leurs allocutions distinctes, davantage de coopération entre le secteur financier mondial et les organisations syndicales. 
 
En dépit de leur soutien à une plus grande réglementation dans le sillage de la crise économique mondiale, l’appel du FMI et de l’OMC à un commerce accru comme moyen de créer de l’emploi et réduire la pauvreté a été mal accueilli par les centaines de représentants syndicaux internationaux qui assistent au congrès. Selon Paul Moist, président national du SCFP, l’attitude polie, mais évasive du directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn et du directeur général de l’OMC Pascal Lamy envers les délégués de la CSI a nui à leur cause. 
 
« Malgré tout ce qu’a dit M. Strauss-Kahn sur les ajustements de son organisation en 2008, a affirmé M. Moist, le modérateur a correctement identifié le FMI comme un ‹gagnant› à l’issue de la crise mondiale ». 
 
Quant à l’OMC, a-t-il ajouté, M. Lamy se livrait à des vœux pieux lorsqu’il tentait de faire valoir qu‘accroître le commerce peut réduire la pauvreté et l’injustice sociale dans le monde : « Sa déclaration contredit le bilan des accords commerciaux mondiaux qui exercent une pression à la baisse, plutôt qu›à la hausse, sur les droits du travail. Et impossible d’atteindre l›égalité et la justice sociale si les droits du travail cèdent du terrain à l›échelle mondiale. »
 
Un terrain d’entente?
 
En ouverture d’allocution, M. Strauss-Kahn a déclaré que le FMI prend au sérieux ses interactions avec le mouvement syndical international. Il a rappelé la tenue en Norvège, en septembre prochain, d’une conférence conjointe avec l’Organisation internationale du travail (OIT), y voyant un progrès, même si l’OIT, en matière d’influence sur les affaires mondiales, est considérée comme un « cousin pauvre de la fesse gauche », a souligné M. Moist.
 
M. Strauss-Kahn a déclaré que les plans de relance économique pour les banques internationales poussés par le FMI, « ont marché grâce à l’existence d’une coopération mondiale. C’est l’un des héritages de la crise : lorsque les pays travaillent ensemble. Il n’y a pas de solution nationale à une crise mondiale. »
 
En défendant les actions du FMI pendant la crise, il a souligné sa protection des pensions minimales en réponse à la crise financière en Grèce. Mais en suggérant que son organisme et le milieu syndical mondial partageaient des buts semblables, il n’a obtenu que rires cyniques et applaudissements tièdes. 
 
« Nous travaillons tous pour la paix et contre la guerre; nous refusons les solutions nationales à une crise mondiale, et nous dénonçons le nationalisme », a-t-il dit.
 
Par contre, a noté M. Moist, M. Strauss-Kahn n’avait pas tout faux.
 
« Le Canada est devenu un modèle de réduction de la dette, et nous acquérons une réputation d’arriver à la table sans solutions. Même M. Strauss-Kahn le reconnaît lorsqu’il qualifie de ‹ridicule› la position canadienne sur la taxe sur les transactions. Son commentaire souligne la position étroite et destructrice du Canada sur la scène mondiale, une reprise, en quelque sorte, du rôle improductif du Canada au sommet COP15 sur le climat. D’autre part, il semble y voir une simple ‹assurance› contre la prochaine bévue du secteur financier. Cela contredit son appel pour la réduction de la pauvreté. »
 
Réglementer ou non?
 
Cependant, Pascal Lamy de l’OMC louangeait le Canada pour sa gestion de la crise mondiale, comparant favorablement son système bancaire à celui des États-Unis, où l’environnement financier non réglementé a conduit à une catastrophe.
 
M. Lamy a pris soin de rejeter les craintes des syndicats que l’ouverture du commerce international mène à une déréglementation généralisée.
 
« Il n’y a aucune contradiction entre l’ouverture commerciale et la capacité des entités souveraines à réglementer », a-t-il dit.
 
Toutefois, il a reconnu que le G8 et le G20 ont un plus petit ordre du jour cette année par manque de consensus sur l’environnement, la réglementation financière ou le commerce; cela n’avait rien pour rassurer les délégués de la CSI.
 
« Voilà un commentaire fascinant provenant de la direction de l’OMC, a affirmé M. Moist. Si les dirigeants mondiaux se réunissent sans mettre les questions difficiles à l’ordre du jour, c’est dire que les gagnants sont les banques renflouées qui esquivent la réglementation et que les perdants sont les 34 millions de travailleurs qui ont perdu leur emploi depuis septembre 2008. »