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Il n’est pas étonnant que Stephen Harper ait choisi un point de mire de la privatisation pour lancer le plan d’infrastructure
« Chantiers Canada » de son gouvernement au début du mois. C’est que la promotion de la privatisation est en fait le but visé par les beaux discours des conservateurs.

Le pont en PPP de Kicking Horse Canyon a servi de toile à Stephen Harper et au premier ministre de la Colombie-Britannique Gordon Campbell pour annoncer l’adhésion de la province à la toute première entente avec le gouvernement fédéral dans le cadre du plan Chantiers Canada. La Nouvelle-Écosse a emboîté le pas peu après.

 

Les conservateurs utilisent de grands mots comme « historique » et « sans précédent » pour décrire le plan, mais l’analyse de Toby Sanger, économiste du SCFP, va au fond des choses et montre qu’il y a peu d’argent nouveau dans le plan Chantiers Canada. Par contre, on y trouve beaucoup de nouvelles façons de promouvoir la privatisation.

Le premier ministre Stephen Harper soutient que Chantiers Canada « prévoit une aide à long terme sans précédent pour remettre en état et moderniser le réseau de transport au Canada ». Cette affirmation est peut-être exacte d’un point de vue technique, si l’on regarde l’engagement financier à long terme et la consolidation de plusieurs programmes en un seul tout nouveau.

Mais le budget fédéral de 2007 et d’autres annonces ne prévoient que bien peu d’argent pour l’infrastructure, et certainement pas assez pour avoir un impact de proportions « historiques » sur le déficit d’infrastructure du Canada.

En réalité, à la longue, le plan des conservateurs aboutira à une diminution du soutien fédéral à l’infrastructure. L’analyse économique du SCFP montre que Chantiers Canada est « sans précédent non pas par ses hausses de financement, mais plutôt par sa détermination à privatiser les services publics et par son niveau d’hyperbole politique ». Le SCFP a dévoilé la vérité qui se cachait derrière le brouhaha fabriqué en Nouvelle-Écosse et a influencé la couverture médiatique de l’annonce.

L’un des éléments du financement fédéral destiné à l’infrastructure qui connaît la plus grande croissance est un fonds pour les PPP de 1,25 milliard de dollars, qui est en fait une immense subvention de l’État à des projets du secteur privé et à la privatisation. La recherche montre clairement que ce genre de politique ne profite pas à l’ensemble de la population.

Le pont de Kicking Horse Canyon met en lumière quelques-uns des nombreux problèmes qu’ont entraînés les PPP en Colombie-Britannique. Une analyse effectuée en 2006 par le Centre canadien des politiques alternatives concluait que les PPP augmentaient de plusieurs années les longueurs bureaucratiques, y compris « les retards importants avant même qu’un contrat ne soit signé ». L’auteur du rapport soutient que le processus de PPP a ajouté trois ans à l’échéancier de réalisation du projet du pont.

En mars 2003, le financement fédéral et provincial destiné à la construction du pont était en place, mais il a fallu attendre trois ans avant la première pelletée de terre, un retard causé par le processus de PPP. Les fonctionnaires affirment maintenant que le pont est en avance sur les délais prévus – mais l’échéancier a été révisé en fonction du moment où la construction a commencé et le calendrier original de 2003 a été oublié.

Stuart Murray, recherchiste sur l’intérêt public au CCPA, a aussi conclu que le gouvernement provincial « se livre à une promotion énergique » des PPP, « en dépit de l’absence de faits objectifs démontrant la supériorité de ce modèle ». Le rapport s’ajoute à un nombre croissant d’études qui condamnent les PPP parce qu’ils sont « moins économiques, efficaces et transparents que les processus habituels d’achat du gouvernement ».

Le gouvernement Harper n’a pas encore inauguré le bureau fédéral destiné à promouvoir la privatisation grâce aux PPP. Les détails sur l’unité, qui consacrera 25 millions de deniers publics au cours des cinq prochaines années à la promotion et à l’évaluation des PPP, sont attendus sous peu. Là encore, il y a une leçon à tirer de la Colombie-Britannique, où le CCPA a conclu que l’agence provinciale des PPP Partnerships BC « est incapable de protéger correctement l’intérêt public à cause de ses conflits d’intérêt inhérents ».

L’illustration la plus évidente de ce conflit est fournie par le directeur de Partnerships BC lui-même, Larry Blain. En 2003, à une réunion de l’Autorité financière municipale de
la C.-B., il a déclaré que « les comparateurs du secteur public ne vous serviront pas à grand chose de toute façon, puisque je peux rendre le comparateur du secteur public aussi mauvais que je le veux pour rehausser l’image du secteur privé ».

Visitez scfp.ca pour en savoir plus sur la privatisation de l’infrastructure fédérale et sur les moyens mis en œuvre pour s’opposer aux PPP d’un bout à l’autre du pays.