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La population de Hamilton a remporté une victoire écrasante dans leur lutte contre la privatisation de leau en cours depuis une décennie. En effet, le conseil municipal vient de voter en faveur de la reprise par la ville des usines dépuration des eaux et de traitement des eaux usées, mettant du même coup fin à une ère de grands secrets, de déversements deaux usées, de défaillances matérielles et de va-et-vient dentrepreneurs privés.

Dix ans auparavant, la ville avait confié les services dépuration et de traitement des eaux à la Philip Utilities Management Corporation en vertu dun contrat octroyé sans appel doffres. Il sagissait alors du premier grand réseau daqueduc à être géré en vertu dune entente de type P3. Presque du même coup, les problèmes ont commencé à pulluler, en commençant par un déversement majeur deaux usées dans le lac Ontario peu après une réduction draconienne du personnel. Philip Utilities a plié bagage, puis Azurix la filiale dEnron spécialisée dans le secteur du traitement des eaux a fait faillite. Les employées et employés municipaux géraient les activités de peine et de misère, et de graves problèmes dentretien saccumulaient.

Ensuite est venu le moment très attendu de renouveler le contrat. Les employées et employés municipaux, membres de la section locale 5167 du SCFP, se sont joints aux militantes et militants locaux du Conseil des Canadiens pour former une coalition dévaluation de la qualité de leau fondée sur le pouvoir de la foi de même que le militantisme environnemental et syndical. Le groupe a mené une campagne visant à promouvoir la gestion publique de leau et y a remporté un vif succès.

La mégasociété American Water Services, propriété du géant multidisciplinaire allemand RWE, est sortie grande perdante de cette affaire. La soumission initiale déposée par American Water, qui aurait coûté 39 millions annuellement à la ville, a été rejetée. Lentreprise a ensuite présenté une soumission beaucoup plus basse qui trahissait toutefois son intention de sengager dans une course aux profits. Sa nouvelle soumission ne se chiffrait quà 13 millions un montant qui, selon American Water, lui permettrait de satisfaire les mêmes exigences techniques tout en soustrayant lentreprise à une partie du risque associé à lexploitation des usines.

Maintenant que les gouvernements ont avoué que le financement privé coûte plus cher, ils tentent de justifier les P3 et la sous-traitance en invoquant largument que le secteur privé accepte les risques associés à lexploitation. Toutefois, malgré limportante prime quelles prélèvent, les entreprises ne font pas le travail de bras nécessaire pour sacquitter de leurs responsabilités. Au cours des dix dernières années, les exploitants privés ont trouvé diverses façons de se soustraire aux risques associés à lexploitation des usines dépuration et de traitement des eaux, laissant à la ville le soin de payer la note.

Cest en effet la ville qui a eu lentière responsabilité de nettoyer le déversement deaux usées (le déversement le plus important dans lhistoire du lac Ontario dailleurs), même si lexploitation de lusine relevait alors du secteur privé. Le coût total du nettoyage ainsi que le détail des mesures prises par la ville pour tenter de tenir les entreprises responsables nont jamais été rendus publics.

Une autre faille dans le contrat limitait la responsabilité de lentreprise à lentretien et aux réparations coûtant moins de 10 000 $. Cette faille incitait donc lentrepreneur à laisser aller la situation jusquà ce que des réparations majeures soient requises. Plus tôt cette année, un conseiller municipal avait dû déposer une requête en vertu de la Loi sur laccès à linformation pour tenter de savoir combien lentente de privatisation coûtait à la municipalité en entretien et en réparations. Cela ne fait quillustrer une fois de plus les effets pervers des P3 sur la transparence et limputabilité.

La population de Hamilton peut maintenant envisager un réseau daqueduc collectif mieux géré et plus imputable. La ville reprendra les commandes des usines à compter du 1er janvier 2005.