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La privatisation des services publics dTclenche une sTrie de reculs pour les femmes, les Autochtones, les personnes de couleur, les personnes handicapTes et les groupes a la recherche dTgalitT dans la sociTtT canadienne. Ces reculs privent de nombreux Canadiens et Canadiennes de la dignitT et de lTquitT quils ont mis des annTes a acquTrir et minent ainsi leur capacitT a gagner leur vie et a contribuer pleinement a lTconomie. Ces reculs alourdissent la charge de travail non rTmunTrTe de femmes qui comptent sur un rTseau de services qui, depuis des dTcennies, soccupe des personnes GgTes, des malades, des enfants, des personnes handicapTes un rTseau que la privatisation est en train de dTmanteler systTmatiquement. Ces reculs menacent de mettre un terme aux nombreux gains rTalisTs, au fil des ans, par les femmes et les minoritTs.

Le secteur public a longtemps constituT une source de bons emplois pour les femmes et les minoritTs des emplois dont le salaire permettait de faire vivre une famille et de jouir dune certaine sTcuritT. La prTsente dTcennie a TtT marquTe par le renversement de cette tendance. Globalement, dans le secteur public, les travailleuses reprTsentent les deux-tiers de la main-doeuvre syndiquTe et cette proportion augmente radicalement dans les secteurs qui sont les cibles de choix de la privatisation: la santT, lTducation et les soins de longue durTe.

Entre 1992 et 1996, lemploi dans le secteur public a chutT de 5 pour cent, cest-a-dire que 121 000 emplois ont TtT perdus. Et, dans les deux dTcennies entre 1976 et 1996, le pourcentage de femmes travaillant dans le secteur public est passT de 21 pour cent de tous les emplois occupTs par des femmes a seulement 18 pour cent ; par ailleurs, 25 000 travailleuses du secteur public ont perdu leur emploi entre 1992 et 1996.

La sTcuritT offerte par les bons emplois du secteur public est rapidement remplacTe par linstabilitT des emplois temporaires, a temps partiel ou autonomes. Depuis les annTes 70, les femmes forment environ 70 pour cent de la main-doeuvre a temps partiel et le travail a temps partiel est de moins en moins volontaire. Bien que lon dise souvent que le travail a temps partiel est une option qui offre davantage de souplesse aux femmes, un tiers des Canadiennes disent travailler a temps partiel non par choix, mais parce quelles ne peuvent pas trouver un emploi a plein temps. Au moment o de plus en plus de femmes sont les principales gagne-pain du mTnage, les covts sociaux des compressions et de la privatisation sont incommensurables: la pauvretT grandit, linTgalitT saccroet et linsTcuritT menace des centaines de milliers de Canadiennes et Canadiens.

La vente des services publics touche de faton disproportionnTe celles et ceux qui sont dTsavantagTs sur le marchT du travail, particuliFrement celles et ceux qui avaient rTussi a mettre un pied dans la porte, mais qui ont TtT les premiers a perdre leur emploi, notamment les travailleuses et travailleurs autochtones, de couleur et handicapTs des personnes qui avaient trouvT leur place dans un secteur o dimportants changements se produisaient: lTgalitT en matiFre demploi, lTquitT salariale et lanti-discrimination.

Avec des taux de ch(mage systTmatiquement au-dessus de la moyenne nationale, les Autochtones, les personnes de couleur et les personnes handicapTes sont doublement dTsavantagTs lorsquils cherchent un nouvel emploi. Et bien que certains puissent trouver un emploi dans le secteur privT, ils narrivent pas toujours a joindre les deux bouts. Plus de 40 pour cent des femmes qui travaillent dans le secteur privT gagnent moins de 10 $ lheure, comparativement a 7 pour cent seulement dans le secteur public. Et de nombreux emplois dans le secteur privT noffrent pas davantages sociaux suffisants pour soutenir la famille.

La privatisation dun service public bouleverse le milieu de travail sans parler des inTvitables diminutions de salaires et davantages sociaux. + mesure que le nombre demplois diminue, la charge de travail augmente pour celles et ceux qui restent, les niveaux de stress et de tension montent, les demandes dheures supplTmentaires grimpent en flFche, et le harcFlement et la violence au travail deviennent plus frTquents. Les travailleuses et travailleurs qui assument des fardeaux de travail additionnels paient souvent de leur santT, parce que les maladies et les accidents de travail augmentent. Et le racisme systTmique, encore trop prTsent dans la sociTtT canadienne, est exacerbT lorsque les travailleuses et travailleurs sont obligTs de se faire concurrence pour obtenir les quelques emplois qui restent. Ce sont la des covts sociaux qui napparaissent pas souvent sur le bilan ou dans le rapport dun consultant et dont on tient rarement compte lorsquil est question de sous-traiter ou de privatiser un service. Et ces covts sont la plupart du temps assumTs par les femmes et les membres des minoritTs. Mais ils sont inTvitables.

Les pertes se font ressentir bien au-dela de la main-doeuvre rTmunTrTe. Les services publics du Canada ont TtT instaurTs et financTs a partir du principe voulant quils soient offerts par la sociTtT dans son ensemble et non par les individus. Autrement dit, un travail pertu comme un travail de femme et habituellement effectuT dans lisolement de la maison a non seulement acquis de la valeur, mais il est aussi devenu rTmunTrT. Prendre soin des autres est devenu une responsabilitT sociale. Et tout le monde sentendait sur les avantages immenses de cette prise de responsabilitT. La socialisation dun travail qui nTtait pas reconnu auparavant a ouvert de nombreuses portes aux femmes et a permis a nombre dentre elles de faire partie, pour la premiFre fois, de la main-doeuvre rTmunTrTe. Elle a Tgalement permis de commencer a Tliminer les inTgalitTs en Tlargissant laccFs aux soins de santT et a dautres services qui sont partie intTgrante de la sociTtT canadienne.

Le rTtrTcissement de notre rTseau de soutien a des rTpercussions dTvastatrices sur les familles et les collectivitTs. Les gouvernements cessent doffrir des services publics de qualitT et accessibles. Les postes non comblTs et le travail non fait retournent vers la maison et sajoutent a la liste des choses a faire+ des femmes. Partout, des collectivitTs luttent pour sadapter a la perte de services publics maintenant offerts par le secteur privT, ou a la rTduction ou a lTlimination de services, aux nouveaux frais dutilisation, qui sont des barriFres a laccFs, et a un dTclin marquT de la qualitT des services.

Les patients sont renvoyTs chez eux plus vite et plus malades, les parents GgTs sont incapables de trouver un centre daccueil a covt abordable, des patients doivent manger pendant des mois une nourriture dh(pital prTparTe dans une autre province dans tous ces cas et dans bien dautres, les regards se tournent vers les femmes pour quelles assument les services que noffrent plus les Ttablissements privTs. Dans le cas des services dalimentation privatisTs des h(pitaux, la centralisation de la prTparation des repas signifie que la nourriture y compris des aliments comme des toasts est faite a lavance, congelTe, envoyTe par avion a sa destination, rTchauffTe et servie. Les travailleuses et travailleurs de la prTparation de la nourriture a Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, signalent que la qualitT de la nourriture Ttait si pauvre lorsquelle Ttait servie complFtement congelTe ou carbonisTe que de nombreux parents ont dTcidT dapporter a leurs malades des repas prTparTs a la maison.

Ce transfert de responsabilitTs sociTtales et Ttatiques vers les femmes oblige certaines dentre elles a se trouver des emplois a temps partiel ou a carrTment quitter leur travail. Une Ttude menTe derniFrement rTvTlait que les femmes pouvaient sabsenter de leur travail jusqua une semaine complFte par annTe pour prendre soin de parents GgTs. De ces femmes, une sur cinq envisageait de quitter son travail a cause de ses responsabilitTs familiales. Une autre Ttude montrait quune femme sur trois aux prises avec des responsabilitTs familiales avait dv quitter son emploi ou en modifier les conditions.

Dinnombrables sondages rTvFlent que les personnes les plus menacTes par la privatisation des services les femmes et les autres personnes habituellement marginalisTes au travail sont celles qui rTagissent le plus nTgativement a la privatisation. Ce sont ces personnes qui connaissent le mieux la valeur inestimable de services publics bien financTs. Et linquiTtude grandit. Un rTcent sondage Vector a trouvT que les trois quarts des Canadiennes et Canadiens interrogTs se disaient inquiets de la vague de privatisation des services publics, de la perte de bons emplois et de la diminution de laccFs des personnes pauvres, des femmes et des personnes de couleur a ces services.

La privatisation des services publics entraene de nombreux risques immTdiats et sTrieux. Une gTnTration entiFre de jeunes travailleuses et travailleurs nauront jamais accFs a des emplois svrs et bien payTs. Une autre gTnTration de femmes doit faire face aux doubles responsabilitTs quexigent les soins a prodiguer aux parents GgTs et aux jeunes enfants. Et ce sont celles et ceux qui commencent a peine a sintTgrer a la sociTtT canadienne qui subiront le recul le plus important.

Rapport annuel sur la privatisation - Menu