Il n’y a plus de bourbon sur les étagères de la LCBO et le premier ministre Doug Ford a menacé de couper l’électricité aux États-Unis; pourtant, la direction de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) a choisi de sous-traiter du travail à une entreprise américaine et, ce faisant, de supprimer des emplois au Canada.
La CSPAAT s’apprête à licencier 26 travailleuses et travailleurs tout en étant sur le point de signer un contrat avec la société américaine Iron Mountain, cotée à la Bourse de New York et sise à Boston, dans le Massachusetts.
« Tout le pays se tient les coudes pour soutenir notre économie et protéger les emplois et les familles du Canada, mais la CSPAAT veut faire bande à part », se désole Harry Goslin, président du SCFP 1750 (ou OCEU, Ontario Compensation Employees Union). « L’argent qui provient des entreprises canadiennes et qui sert à financer la formation à la sécurité et l’assurance contre les accidents du travail pour les travailleuses et travailleurs d’ici, il doit rester au Canada, un point c’est tout! »
Iron Mountain aura la tâche d’extraire et de numériser d’anciens dossiers; 26 personnes qui s’occupent de la gestion des documents seront ainsi remplacées. Certaines d’entre elles travaillent à la CSPAAT depuis plus de 25 ans; leur parcours est irréprochable et elles ont une connaissance approfondie du système. L’entreprise Iron Mountain a, quant à elle, fait l’objet de plusieurs plaintes, justement dans ce domaine.
Selon le Bureau d’éthique commerciale du Canada, Trustpilot et Google Reviews, Iron Mountain cumule les retards, fournit un service à la clientèle médiocre et fait mauvais usage de l’information qui est en sa possession. Elon Musk a récemment braqué les projecteurs sur Iron Mountain en se plaignant de ses pratiques obscures en matière de stockage de données, ce qui est pourtant l’un des services qu’elle fournira désormais à la CSPAAT, au même titre que la numérisation des dossiers papier. Si la tendance d’Iron Mountain à prendre du retard se répète, cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur la capacité des personnes blessées de l’Ontario à recevoir le soutien dont elles ont besoin et qu’elles méritent.
« Cette entreprise ne sera jamais en mesure d’égaler les délais d’exécution ou l’efficacité du travail réalisé à l’interne. La CSPAAT le sait et, malgré tout, elle met des travailleuses et des travailleurs au chômage, met en péril notre capacité à soutenir les gens blessés et verse de l’argent à une entreprise américaine », affirme Harry Goslin. La CSPAAT a également signé récemment un contrat de plusieurs millions de dollars avec BetterUp, un service de coaching professionnel établi à Austin, au Texas, même s’il existe pourtant de nombreuses options canadiennes. « Le message des premiers ministres du Canada et de l’Ontario est clair : nous devons tous et toutes protéger nos emplois et notre économie. La CSPAAT est entièrement financée par les employeurs de l’Ontario. Il est irrespectueux, en pleine guerre commerciale, de mettre ces dollars dans les mains d’une entreprise américaine. »
Le SCFP 1750/OCEU s’est réuni avec la CSPAAT à plusieurs reprises pour proposer des solutions qui auraient permis de conserver ces emplois à l’interne et de garder au Canada l’argent provenant des employeurs ontariens. La direction de la CSPAAT a toutefois refusé d’envisager d’autres solutions que la sous-traitance à une entreprise des États-Unis.