« Les gouvernements fédéral et provinciaux ont adopté, depuis notre congrès de 1981, pas moins de 17 lois destinées à freiner les syndicats du secteur public et à suspendre leurs droits. Notre tâche sera de préserver une société honnête, humaine et civilisée. » …tiré du discours de départ de Mme Hartman en 1983.
Commis-dactylo à North York au milieu des années 50, Grace Hartman était indignée par la discrimination exercée contre les femmes dans le milieu du travail. Cette indignation a suscité son intérêt pour les syndicats et l’a menée à une carrière de 30 années comme militante syndicale. Pendant 15 de ces années, elle a été secrétaire-trésorière nationale, puis présidente nationale du plus grand syndicat du Canada.
« À cause d’elle, des milliers de travailleuses ont commencé à croire qu’elles pouvaient faire bouger les choses », a dit la présidente nationale du SCFP Judy Darcy lorsque Grace Hartman est morte, en décembre 1994, à l’âge de 75 ans.
Puis, le président du CTC Bob White a dit qu’avant Hartman, les syndicats du secteur public n’étaient pas aussi actifs – et leur croissance n’était pas aussi rapide – que d’autres syndicats du mouvement syndical canadien. La décision de Mme Hartman de défier, en 1981, une ordonnance de retour au travail de la Cour suprême de l’Ontario, ce qui lui a valu une peine d’emprisonnement de 45 jours, « a été très importante et très courageuse et c’était une décision majeure prise par (la dirigeante) d’un grand syndicat du secteur public de faire partie à part entière du mouvement syndical », a dit White.
Pendant la grève menée dans les hôpitaux de l’Ontario pour obtenir un meilleur salaire et le droit de négocier, Mme Hartman a dit qu’elle irait en prison s’il le fallait parce que « si nous baissons les bras maintenant, ils trouveront d’autres moyens de nous exploiter que nous n’avons même pas encore imaginés. » Elle a aussi mené la lutte contre les contrôles et les gels des salaires imposés par le gouvernement fédéral dans les années 70.
Au fil des ans, Mme Hartman a reçu de nombreux honneurs, dont le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne » en 1985, la mention Femme de distinction décernée par le YWCA en 1986, un doctorat honorifique en droit des universités York et Queen’s et son intronisation au Temple de la renommée syndicale du Canada.
Militante au groupe de paix La Voix des femmes, Mme Hartman laisse le souvenir d’une femme déterminée, courageuse et inébranlable dans sa recherche de la paix et de l’égalité.
« Les plus grandes réalisations de Grace sont, sans aucun doute, les chemins qu’elle a tracés pour les femmes, a dit Mme Darcy, non pas par de belles paroles ou par des discours enflammés, mais plutôt avec une tranquille détermination et une ferme résolution. Elle a lutté pour des idéaux comme l’équité salariale et l’action positive des décennies avant que ces enjeux ne deviennent courants. »
Pour en savoir plus sur Grace Hartman et sur le rôle central qu’elle a joué au SCFP et au sein du mouvement syndical canadien, lisez Grace Hartman, A Woman for her Time de Susan Crean, publié aux éditions New Star Books, Vancouver.