Une nouvelle étude révèle que les travailleurs du secteur public ne sont pas nécessairement mieux rémunérés, mais qu’ils sont assurément rémunérés plus équitablement. Lorsque l’on compare des professions semblables, les salaires offerts dans le secteur public sont non seulement similaires à ceux offerts dans le secteur privé, mais ils sont beaucoup plus équitables en particulier pour les femmes, les travailleurs racisés et les travailleurs autochtones.
L’ étude intitulée Refermer l’écart : la différence que font les salaires du secteur public réalisée par le Centre canadien des politiques alternatives a été réalisée à partir des données les plus précises disponibles, soient celles sur le salaire annuel de 2,5 millions de Canadiens dans 520 professions différentes compilées dans le cadre de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 (ENM). Les auteurs de l’ étude, Kate McInturff et Paul Tulloch, se sont inspirés de la La lutte des salaires, une étude du SCFP qui compare le salaire des travailleurs à temps plein des secteurs public et privé. Ils ont également tenus compte de la situation des travailleurs autochtones et racisés ainsi que du niveau de scolarité.
Les auteurs ont constaté que des écarts importants persistent dans tous les domaines pour plusieurs raisons. Toutefois, les écarts sont encore plus importants dans le secteur privé.
- Dans le secteur privé, les travailleurs autochtones ayant fréquentés l’université touchent 44 % de moins que leurs homologues non autochtones. Dans le secteur public, l’écart salarial est de 14 %.
- Dans le secteur privé, les femmes ayant fréquentées l’université gagnent 27 % de moins que les hommes dans le secteur privé. Dans le secteur public, l’écart salarial est de 18 %.
- Dans le secteur privé, les travailleurs racisés ayant fréquentés l’université touchent 20 % de moins que leurs homologues non racisés. Dans le secteur public, l’écart salarial est de 12 %.
Selon McInturff, « les salaires sont plus élevés dans le secteur public précisément pour les groupes de personnes qui font l’objet de la discrimination la plus importante dans le secteur privé, et ce, parce que le secteur public en fait davantage pour corriger ces pratiques discriminatoires. Il n’en résulte pas des salaires supérieurs, mais un système de rémunération plus équitable ». Les taux plus élevés de syndicalisation, les lois relatives à l’équité salariale et un meilleur accès aux avantages sociaux pour les familles sont autant de mesures qui contribuent à réduire la discrimination salariale dans le secteur public.
En moyenne, lorsque l’on compare des professions semblables dans les deux secteurs, les salaires offerts aux travailleurs à temps plein du secteur public étaient de 2,3 % plus élevés en 2010, soit la période couverte par l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011.
McInturff conclut : « Dans les faits, les salaires offerts dans le secteur public sont inférieurs pour certains travailleurs parmi les mieux rémunérés de notre économie. La différence entre les salaires des secteurs public et privé est tributaire de niveaux de discrimination plus élevés dans le secteur privé et d’ un système de rémunération plus équitable dans le secteur public ».
L’ étude du CCPA utilise les niveaux salariaux de 2010 parce qu’il s’agit de l’année la plus récente au cours de laquelle des données détaillées ont pu être recensées dans le cadre de l’Enquête nationale auprès des ménages et du recensement. Depuis, les augmentations salariales dans le secteur public ont été beaucoup moins importantes que dans le secteur privé. Les données relatives aux règlements salariaux compilées par le ministère du Travail montrent que les conventions collectives du secteur public sont assorties d’augmentations moyennes de 5,9 % sur quatre ans depuis 2010 alors que les conventions du secteur privé ont été assorties d’augmentations de 8,1 % au cours de la même période. Si on tient compte de cet écart de 2,2 %, la différence entre les deux secteurs enregistrée en 2010 a probablement été éliminée en raison de la faible croissance salariale observée dans le secteur public.