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Le SCFP demande au gouvernement fédéral de :

Mettre en œuvre une stratégie nationale de réduction des infections associées aux soins de santé, assortie de fonds dédiés à l’application de normes de bionettoyage, à l’augmentation du personnel affecté à l’entretien et au contrôle des infections, à la réduction du taux d’occupation dans les hôpitaux et au signalement obligatoire.

Le Canada a besoin d’une stratégie nationale pour lutter contre les infections associées aux soins de santé (IASS). Notre pays affiche le deuxième taux d’IASS le plus élevé parmi les pays riches, mais aucune mesure n’a été prise jusqu’ici. La surpopulation hospitalière, la sous-traitance et le manque de personnel entravent les efforts de prévention et de contrôle des infections. Les dispositifs fédéraux de déclaration publique des IASS et de surveillance sont déficients.

Chaque année, des milliers de personnes contractent et meurent inutilement d’une infection associée aux soins de santé au Canada.

  • Plus d’un patient sur 10 souffre d’une infection acquise à l’hôpital.1
  • Selon les dernières estimations datant de 2002, jusqu’à 12 000 en mourraient chaque année.2
  • Le Canada affiche un taux de prévalence d’IASS de 11,6 pour cent, soit le deuxième taux le plus élevé parmi les pays riches, bien au-delà du taux moyen de 7,6 pour cent .3
  • Au moins 30 pour cent  de ces infections sont évitables.4

En plus de provoquer des souffrances et des décès inutiles, l’échec de la prévention des IASS coûte cher à nos hôpitaux : entre un milliard5 et 4,5 milliards par an.6 C’est sans compter les coûts que le problème entraîne pour les patients, les prestataires de soins et non rémunérés, les programmes de soins communautaires et à domicile; à cela s’ajoutent les frais d’avocat, le temps de travail perdu et d’autres conséquences économiques.7

Des preuves solides confirment que le manque de personnel et la sous-traitance des services d’entretien contribuent aux taux d’infection élevés.8

  • La sous-traitance amène des compressions de personnel, un roulement important des effectifs, une formation moindre et une séparation entre les services cliniques et de soutien.9
  • En Écosse, le vérificateur général relève que les hôpitaux qui sous-traitent l’entretien, si on les compare à ceux qui disposent de leur propre service de nettoyage, affichent un nombre réduit d’heures de nettoyage, un contrôle et une supervision moindres, un recours accru au personnel suppléant et des scores plus faibles en matière de propreté.10
  • Le ministère de la Santé du Royaume-Uni a découvert que parmi les 20 hôpitaux du Service national de santé qui affichaient le pire bilan en matière de propreté, 15 avaient confié l’entretien à des sous-traitants.11

Les hôpitaux canadiens sont surpeuplés, ce qui aggrave le problème. Un taux d’occupation de 85 pour cent  est considéré comme une norme minimale pour garantir la sécurité; au-delà, les établissements ne sont pas en mesure d’isoler suffisamment les patients, de veiller à l’hygiène des mains et d’assurer un entretien adéquat.12 Selon des recherches menées au Royaume-Uni, les hôpitaux dont le taux d’occupation dépasse les 90 pour cent  affichent des taux de SARM dix fois plus élevés que les établissements se maintenant sous la barre des 85 pour cent.13

Au Canada, le nombre de lits a diminué de 36 pour cent  de 1998 à 200214 ; le ratio lits‑habitants est l’un des plus faibles et le taux d’occupation l’un des plus élevés de tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

  • Le nombre de lits (par rapport à la population) correspondait en 2010 au deux tiers de la moyenne des pays de l’OCDE : 3,2 lits par 1000 habitants comparativement à 4,9.15
  • En 2008, le taux d’occupation des lits s’élevait à 93 pour cent  en moyenne, soit le deuxième taux le plus élevé parmi les 26 pays de l’OCDE (la moyenne est de 76 pour cent ).16
  • En Ontario et en Colombie-Britannique, le taux d’occupation atteint un niveau alarmant, soit 97,9 pour cent 17 et à 96,8 pour cent 18 respectivement. En Alberta, les services de santé rapportent depuis dix ans un taux dépassant les 100 pour cent  dans les hôpitaux de Calgary et d’Edmonton19 , alors que le Health Quality Council of Alberta recommande un seuil de 85 à 90 pour cent .20

Le manque de personnel et la surpopulation s’aggraveront avec les compressions budgétaires du fédéral en matière de santé, à l’image de ce qui s’est produit dans les années 1990.

Le Canada affiche un piètre bilan même en ce qui concerne la surveillance des IASS et des facteurs responsables. Le Conseil canadien de la santé a critiqué le signalement inégal des événements indésirables21 ; d’éminents spécialistes de la santé publique ont demandé que la déclaration des taux d’IASS devienne obligatoire dans tout le pays.22 Par ailleurs, les données pancanadiennes sur le taux d’occupation des hôpitaux, l’entretien et la sous-traitance sont lacunaires. L’Institut canadien d’information sur la santé ne tient pas compte des services et du personnel d’entretien dans ses rapports sur les ressources humaines et les dépenses – ni même dans son rapport sur les IASS.23 Les rapports de Santé Canada sur les indicateurs de santé évoquent à peine les IASS et ne parlent même pas de contamination environnementale.24 Statistique Canada, pour sa part, répertorie de façon inadéquate les activités d’entretien et d’autres services auxiliaires; il dénombre les préposés à l’entretien comme des travailleurs du secteur d’accueil et des services, sous‑estimant ainsi la complexité des activités d’entretien dans celui de la santé.25

L’approche fragmentée et anémique du gouvernement canadien en matière d’IASS contraste fortement avec les moyens mis en œuvre en Angleterre,26 en Écosse et aux Pays-Bas27 ; elle ne lui permet pas de satisfaire à ses obligations relatives au respect des normes mondiales en matière de gestion de la santé.28 Pour renverser la vapeur et mener une lutte véritable contre ces infections meurtrières, il faudra instaurer des normes pancanadiennes strictes et des mécanismes pour les mettre en œuvre.