Trois syndicats représentant des prestataires de soins de santé en Saskatchewan — le SGEU, le SCFP et le SEIU-Ouest — sont en colère et déçus par la décision du gouvernement du Parti de la Saskatchewan d’imposer un décret d’urgence qui lui permettra de déplacer des milliers de travailleurs et de travailleuses de leurs emplois habituels.
Le 10 septembre, le gouvernement a menacé publiquement d’émettre un décret d’urgence le 13 septembre si les pourparlers avec les syndicats, qui ont débuté le 9 septembre, n’aboutissaient pas à une entente permettant le redéploiement du personnel. Au lieu de cela, le gouvernement a indiqué qu’il imposerait une lettre d’entente négociée antérieurement, qui a expiré en juillet, entre la Régie de la santé de la Saskatchewan (SHA) et un certain nombre de syndicats représentant du personnel de la santé. Les représentants de la SHA et les syndicats du personnel de la santé venaient de conclure une séance de négociation, lundi après-midi, lorsque le gouvernement a émis son décret.
« Depuis des mois, les prestataires de soins de santé et leurs syndicats appellent le gouvernement à prendre des mesures pour stopper l’augmentation rapide des cas de COVID-19 qui accable le système de santé », raconte Sandra Seitz, présidente du SCFP 5430. « Au lieu de cela, le gouvernement a ignoré la science et est resté les bras ballants devant cette nouvelle vague de COVID. Maintenant, après que des progrès ont été réalisés dans les négociations avec la SHA, nous sommes déçus et découragés de voir le gouvernement adopter une approche aussi sévère avec le personnel de la santé. »
La lettre d’entente précédente avait permis à la SHA de déplacer des milliers de personnes entre différents emplois pour répondre aux nécessités de la pandémie dans la province. Cette lettre d’entente a expiré plus tôt cette année, lorsque la province a levé l’ordonnance de santé publique et toutes les restrictions et mesures liées à la pandémie. Depuis, le taux de vaccination stagne, les cas de COVID-19 et les hospitalisations atteignent des niveaux records et le personnel de la santé, dans tous les postes, est confronté à une charge de travail sans précédent. De nombreux membres du personnel souffrent d’épuisement professionnel et de fatigue chronique. La négociation d’une nouvelle lettre d’entente aurait permis une mobilité de la main-d’œuvre tout en s’attaquant de manière proactive aux problèmes auxquels le personnel de la santé fait face dans la prestation des soins.
« Il est inacceptable que le premier ministre refuse d’adopter les mesures les plus élémentaires et les plus sensées, comme le port du masque à l’intérieur pour le grand public », estime Tracey Sauer, présidente du SGEU. « Pourtant, il est plus que disposé à exiger des sacrifices supplémentaires de la part du personnel de la santé, des gens qui se sont déjà surpassés dans des conditions extrêmes au cours des dix-huit derniers mois. »
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé une réduction des services non essentiels ou facultatifs afin d’accroître la capacité d’appoint du système de santé. Il a également annoncé son intention, pour alléger les tensions qui pèsent sur le système, de privatiser davantage un certain nombre de services de santé en sous-traitant la recherche des contacts et le dépistage, ainsi que des milliers d’IRM, à des entreprises privées à but lucratif.
À un moment où le premier ministre affirme que le système de santé traverse une crise si profonde qu’il doit contourner les droits fondamentaux des travailleuses et travailleurs de la santé et les fondements de notre système de santé publique, M. Moe a refusé d’envisager de réimposer le port du masque, une mesure peu coûteuse et facile à mettre en œuvre. Ceci malgré le fait que les médias ont rapporté que les propres recherches du gouvernement montrent que le port du masque pourrait réduire le nombre de cas jusqu’à 50 pour cent.
« Au lieu d’assurer un leadership efficace pour nous aider à traverser la quatrième vague de la pandémie, il est clair que le premier ministre blâme et menace les prestataires de soins de santé pour les pressions dans le système causées par l’inaction de son gouvernement », analyse Neil Colmin, vice-président du SEIU-Ouest. « Le premier ministre et son ministre de la Santé ont exprimé leur gratitude aux travailleuses et aux travailleurs de la santé par le passé. Ils les ont qualifiés de héros et d’héroïnes. Mais ces récentes mesures visant à les forcer à retourner dans des conditions de travail insalubres et dangereuses sont plus éloquentes que leurs paroles. Ce n’est pas ainsi qu’un gouvernement devrait traiter ses héros. »