Après leur rassemblement de mercredi dernier à Westville, les travailleuses et travailleurs des centres de soins de longue durée Admiral et Whitehills – qui sont représentés par le SCFP 1259 – ont voté à 99 % en faveur d’un mandat de grève, déplorant particulièrement les maigres salaires, les problèmes de recrutement et de rétention (qui mènent à du travail en sous-effectif), les heures supplémentaires obligatoires et les conditions de travail non sécuritaires.
« La hausse du coût de la vie et le stress constant induit par le travail en sous-effectif poussent les gens à quitter les soins de longue durée pour d’autres secteurs et professions », constate Dawn Vardy, présidente du SCFP 1259. « La plupart du temps, on nous affecte à une unité pour la journée, en solo. Ça fait qu’on doit répondre à tous les besoins de 15 résident(e)s, et ce, en travaillant entièrement seul(e)s. Ce n’est pas soutenable, et ça n’a rien de bon non plus pour les gens qui vivent dans nos résidences. »
La difficulté à conserver les travailleuses et travailleurs est l’un des points centraux que les membres du SCFP en soins de longue durée cherchent à régler dans la présente ronde de négociation. Même si le gouvernement a mis sur pied des programmes pour encourager les gens à faire carrière dans le domaine des soins de santé (et celui des soins de longue durée plus spécifiquement), les faibles salaires et le manque chronique de personnel font partir les travailleuses et travailleurs, rendant ces programmes inefficaces.
« Les employeurs auront beau courir les salons de l’emploi et offrir des primes à l’embauche, si l’emploi même ne permet pas de vivre, personne ne restera. Certain(e)s de mes collègues n’ont même pas de toit! Ils et elles vivent dans leur auto ou logent chez des ami(e)s, faute de gagner assez pour se payer un loyer », raconte Dawn Vardy. « Voilà pourquoi les gens quittent, ou évitent d’entrée de jeu de travailler en soins de longue durée. Je ne peux pas leur en vouloir. On aura beau aimer ce qu’on fait et prendre soin des autres, si ça ne remplit pas le réfrigérateur, on ira ailleurs. »
Les travailleuses et travailleurs en soins de longue durée de la Nouvelle-Écosse sont les moins bien payés du Canada atlantique. Plusieurs postes, comme ceux d’aide-diététicien(ne) et de préposé(e) à l’entretien ménager, ne donnent même pas droit à 20 $ l’heure. Comme d’autres secteurs de la santé dans la province (dont celui des soins de courte durée) paient mieux, les travailleuses et travailleurs en soins de longue durée finissent souvent par changer d’emploi afin d’arriver à joindre les deux bouts.
« À titre de coordonnatrice, j’ai l’occasion de parler à beaucoup de travailleuses et de travailleurs du milieu. Et même si certains éléments varient, le constat global est toujours le même : leur emploi ne leur donne pas les moyens de vivre », explique Tammy Martin, coordonnatrice des soins de longue durée au SCFP. « Les membres du personnel de soutien, qui jouent un rôle pourtant essentiel, doivent parfois cumuler deux ou trois emplois pour boucler leur fin de mois. Des auxiliaires aux soins prolongés doivent pour leur part s’occuper des résident(e)s d’un étage complet sans aucune aide. Est-ce vraiment le genre de soins que vous voulez que vos parents et grands-parents reçoivent? Bien sûr que non! Ces travailleuses et travailleurs sont aussi du même avis, mais le gouvernement a fait de cette situation la seule voie possible. »