En marge du congrès national du SCFP, le président de la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSP) en Haïti, Jean Bonald Golinsky Fatal a brossé un portrait inquiétant de la situation dans son pays, qui depuis deux ans, traverse une période d’instabilité causée par à une crise économique, sociale et politique.
Pire, depuis environ quatre semaines, le pays est littéralement bloqué. Des manifestations souvent violentes compliquent davantage la vie des gens. Les jeunes en particulier sont très en colère envers la corruption et l’immobilisme des dirigeants.
L’élément déclencheur de cette dernière crise fut l’accord conclu entre le Fonds monétaire international et le gouvernement de Jovenel Moïse, sur une augmentation importante des prix de l’essence. Cette soudaine hausse du coût du carburant a engendré des actes de violence.
Autre fait important, le président Moïse est impliqué dans plusieurs cas avérés de corruption. Il ne bénéficie de la confiance d’aucun secteur de la société civile haïtienne.
« Dans un tel contexte, les pistes pour une sortie de crise sont peu nombreuses. Du point de vue syndical, la seule issue possible est la démission du président Moïse et son remplacement par un membre du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire », a expliqué M. Fatal qui est également avocat spécialisé en droit du travail et dans la défense des droits de la personne.
Il a cependant souligné que « les leviers pour régler nos problèmes ne sont pas en Haïti ».
En effet, le « Core group », composé des pays dits « amis » d’Haïti (États-Unis, Canada, France, Espagne, Brésil, Union européenne et un représentant des Nations-Unies) soutient toujours le président Moïse malgré le manque de légitimité de son gouvernement.
Selon le syndicaliste, si la communauté internationale persiste à soutenir ce président dans les jours à venir, Haïti risque de sombrer dans la « guerre civile ». Il implore les puissances étrangères à respecter la souveraineté des Haïtiennes et des Haïtiens.
La CTSP a été fondée en 2008 afin de lutter contre la privatisation, de défendre l’accessibilité aux services publics et de protéger les intérêts des travailleurs en Haïti. Elle compte plus de 22 000 membres.