Selon plusieurs études récentes, près de la moitié des emplois des pays industrialisés, dont le Canada, risquent d’être automatisés ou remplacés par des robots.
Déjà, plus de 1,5 million de robots industriels sont en activité, dont plus de la moitié dans les industries de l’automobile et de l’électronique. Le nombre de robots devrait d’ailleurs tripler ou quadrupler, de sorte qu’il pourrait y avoir plus de cinq robots en activité pour chaque tranche de 1000 travailleurs américains d’ici 2025.
Ce n’est pas la première fois, que les travailleurs sont confrontés à des changements technologiques majeurs qui affectent leur emploi et leur vie. Chaque révolution industrielle a apporté son lot de modifications importantes en matière de travail. Mais chaque fois, la transformation et la disparition des emplois ont été accompagnées d’emplois dans de nouveaux secteurs.
Lors de la première révolution industrielle (XVIIIe et XIXe siècles), l’utilisation de l’eau et de la vapeur a permis de mécaniser la production. Lors de la deuxième révolution industrielle, l’électricité a permis de passer à la production de masse. Et lors de la troisième révolution, numérique celle-là, on a utilisé l’électronique et la technologie de l’information pour automatiser la production et les tâches les plus routinières.
Certaines études démontrent que l’automatisation a contribué à l’augmentation des inégalités et à la diminution du nombre d’emplois nécessitant des qualifications moyennes. Les données recueillies sur le déploiement de robots dans l’industrie manufacturière indiquent que chaque robot additionnel par millier de travailleurs a entraîné la perte de trois à six emplois locaux et fait baisser les salaires de 0,25 à 0,5 %.
Mais pour d’autres, les craintes sont exagérées. Selon eux, il n’existe aucune preuve que l’automatisation a fait augmenter le nombre de chômeurs, pas plus qu’elle contribue automatiquement à la stagnation des salaires et à l’accroissement des inégalités. À l’inverse, les tenants de cette thèse estiment que ces phénomènes sont le résultat des mesures politiques et économiques qui ont érodé le pouvoir de négociation des travailleurs.
Il est normal qu’on s’inquiète des pertes d’emplois entraînées par l’automatisation et l’introduction de robots, mais il ne faut pas s’en faire outre mesure. L’emploi canadien est concentré dans des industries où le risque d’automatisation est faible. Et cela inclut les secteurs où travaillent la plupart des membres du SCFP, comme la santé, les services sociaux, l’éducation, l’administration publique, les services publics, l’information, la culture et les divertissements. La plupart des emplois dans ces secteurs impliquent beaucoup d’interactions personnelles.
Même dans le camionnage, une industrie qui est plus à risque d’être automatisée, certaines des pires prédictions ne résistent pas à un examen plus poussé. Bien que certains prédisent que les voitures et véhicules autonomes élimineront les emplois dans le camionnage, il ne faut pas oublier que les camionneurs et les conducteurs, comme beaucoup d’autres travailleurs, doivent posséder un large éventail de compétences et accomplir plusieurs tâches différentes.
Finalement, de nombreuses conventions collectives du SCFP contiennent des clauses sur le changement technologique et sur la sécurité d’emploi. Les sections locales du SCFP et leurs conseillers syndicaux devraient bien sûr relire ces clauses et prendre des mesures proactives là où l’automatisation pourrait apparaître. Il n’y a cependant pas de raison de laisser la crainte des robots et de l’automatisation prendre le pas sur d’autres priorités de négociation.