Il peut être difficile de distinguer les véritables pénuries de main-d’œuvre des stratégies des employeurs qui sont simplement à la recherche d’une main-d’œuvre bon marché. L’un des signes d’une véritable pénurie de main-d’œuvre est l’augmentation des salaires proposés pour les postes vacants, les employeurs étant forcés d’offrir plus d’argent pour attirer et retenir de la main-d’œuvre qualifiée.

L’examen de la relation entre les postes vacants et les salaires peut fournir un aperçu des tendances du marché du travail. Le taux de postes vacants correspond au nombre de postes vacants en proportion de la demande totale de main-d’œuvre (la somme du nombre de salarié(e)s et le nombre de postes vacants). Ce graphique compare le taux de postes vacants de plusieurs secteurs avec l’évolution des salaires offerts pour ces postes vacants. Dans une situation de véritable pénurie de main-d’œuvre, les secteurs ayant des taux de postes vacants plus élevés offriraient des augmentations de salaire plus importantes, ce qui formerait une ligne diagonale sur le graphique. Au lieu de cela, on constate que le graphique se rapproche davantage d’un cercle, ce qui témoigne d’une absence de lien clair entre le nombre de postes vacants et les salaires.

Compte tenu de l’augmentation du chômage global et de la diminution des postes vacants, il est clair qu’on n’est pas en situation de pénurie de main-d’œuvre généralisée. Dans les secteurs où les taux de postes vacants sont élevés et où les augmentations de salaire sont inférieures à la moyenne, il existe probablement d’autres dynamiques qui font baisser les salaires ou gonfler les postes vacants.

Par exemple, au troisième trimestre de 2023, les hôpitaux canadiens affichaient un taux de postes vacants de 7. Autrement dit, 7 % des postes dans les hôpitaux du pays étaient vacants. Le fait que les salaires n’aient pas augmenté en réponse à ce taux élevé et persistant de postes vacants peut être attribuable à l’austérité des gouvernements provinciaux et à leur refus d’augmenter les salaires.

En revanche, différentes dynamiques entrent en jeu dans le secteur de l’hébergement et de la restauration. Le taux de postes vacants dans ce secteur était de 6,7 au troisième trimestre de 2023, mais les salaires n’ont augmenté que de 4 % par rapport à l’année précédente. Le nombre élevé de postes vacants dans ce secteur pourrait être attribuable aux employeurs qui ont recours à des travailleuses et travailleurs à temps partiel et qui prévoient une forte rotation du personnel.

Même s’il n’y a pas de pénurie de main-d’œuvre généralisée, des professions et des régions précises pourraient tout de même être en situation de pénurie. Pour y remédier, les employeurs et les gouvernements devraient améliorer l’accès à la formation et accroître la reconnaissance des titres de compétences pour les travailleuses et travailleurs de l’étranger ou qui ont une expérience professionnelle à l’extérieur du Canada.