Les hôpitaux ontariens, déjà surpeuplés, en sous-effectif et sous-financés, ont beaucoup de difficulté à répondre aux besoins d’une population croissante et vieillissante. Par conséquent, ils sont « gravement désavantagés lors d’épidémies virales mondiales, comme le coronavirus qui se propage actuellement en Amérique du Nord de la Chine », explique le président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO), Michael Hurley.
« L’Ontario est la province canadienne disposant du moins de lits et de personnel dans ses hôpitaux. Et le budget du gouvernement conservateur laisse planer des coupes importantes. Pourtant, avec la crise du coronavirus, on va demander aux hôpitaux d’accroître leur capacité et d’absorber de nombreux coûts supplémentaires (pour de l’équipement spécialisé et du personnel additionnel qui remplacera les employés mis en quarantaine et qui assurera la décontamination des salles). Le moment serait donc bien choisi pour le gouvernement provincial d’accroître son financement, au moins pour suivre la croissance des coûts de fonctionnement. »
On s’entend de plus en plus pour dire que le surpeuplement constitue une grande vulnérabilité pour les hôpitaux ontariens, où le ratio de lits et d’employés par habitant est le plus bas de toutes les provinces canadiennes. Selon une enquête sur l’épidémie de SRAS, les hôpitaux ontariens ont affiché un rendement médiocre pendant cette période en partie parce que le sous-financement, le surpeuplement, une structure de commandement hiérarchique et une dépendance systémique au personnel à temps partiel ont exposé les établissements au puissant virus.
Bien que le premier ministre et le ministre de la Santé de l’Ontario aient promis de mettre un terme au surpeuplement et à la « médecine de couloir », les hôpitaux voient leur financement réduit, en chiffres réels, de 3 pour cent en 2019 et pour chacune des cinq prochaines années (pour un total de 15 pour cent d’ici 2024). Ce sont là les chiffres mêmes du gouvernement. « Les hôpitaux, les patients et le personnel souffrent; ils paient le prix de ce sous-financement », explique Michael Hurley.
Il est fréquent qu’on accorde peu de temps de convalescence aux patients ontariens hospitalisés. Les données montrent que, dans le reste du Canada, on dénombre 31,2 pour cent de jours d’hospitalisation de plus par millier d’habitants qu’en Ontario. Depuis l’élection des conservateurs en juin 2018, le temps d’attente aux urgences pour les patients hospitalisés avait augmenté de 2,2 heures en novembre 2019, pour s’établir à 16,6 heures. Il s’agit d’une augmentation de 15,3 pour cent. Parallèlement, les taux de réhospitalisation et de septicémie hospitalière en Ontario sont supérieurs respectivement de 2,1 pour cent et de 17,9 pour cent à la moyenne canadienne.
Le CSHO, la division hospitalière du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente 85 000 travailleurs de la santé, dont 45 000 employés d’hôpitaux, réclame une augmentation de 5,3 pour cent du financement des hôpitaux en 2020.
« Le gouvernement conservateur doit tirer des leçons du leadership affiché par son prédécesseur pendant la crise d’Ebola. Il doit réunir rapidement les dirigeants de ses principales institutions hospitalières et les représentants de sa main-d’œuvre pour dresser un plan de bataille viable qui nous permettra de faire face au coronavirus. Enfin, les employés d’hôpitaux qui travaillent auprès de patients soupçonnés d’être porteurs du virus devraient avoir accès aux mêmes équipements de protection que leurs collègues chinois. Ce n’était pas le cas au Congo pendant la crise d’Ebola. »