Le bon fonctionnement du système de santé canadien dépend de l’ardeur de l’ensemble du personnel infirmier, ainsi que de tous les travailleurs et travailleuses de première ligne, sans qui nous ne pourrions recevoir des soins. Or le Canada est confronté à une crise d’embauche et de rétention dans ce secteur.

Les gouvernements provinciaux de droite attaquent l’intégrité de la profession infirmière. Ils menacent l’accès à des emplois syndiqués, stables et décents en canalisant les fonds publics vers des agences de recrutement au lieu d’offrir des salaires et des avantages sociaux qui reflètent la valeur du travail accompli. D’après des recherches menées au Royaume-Uni, le personnel infirmier des agences privées a tendance à être moins bien formé et à offrir des soins de moindre qualité que les infirmières et infirmiers occupant un emploi régulier dans le système public. Le personnel de première ligne est bien placé pour savoir que le recrutement par des agences ne fait qu’aggraver la situation sur le terrain : déjà sous-payé, il doit redoubler d’efforts pour pallier le manque de formation et de connaissances du personnel recruté de cette façon.

Malgré ce piètre bilan, des enquêtes du Globe & Mail et du Toronto Star montrent que ces dépenses publiques ont explosé partout au Canada. En Ontario, par exemple, 78 hôpitaux ont fait appel à infirmières et infirmiers d’agences privées en 2022 (comparativement à 31 en 2020-2021), ce qui représente 168,3 millions de dollars pour les contribuables de la province. Au Manitoba, le NPD estime que le gouvernement précédent a dépensé ainsi en une seule année 3,9 millions pour combler la pénurie de main-d’œuvre dans la seule ville de Winnipeg. En Nouvelle-Écosse, le ministère des Aînés et des Soins de longue durée a versé plus du triple de son budget à des agences de recrutement privées qui profitent de la situation pour pratiquer des prix abusifs. Ce sont des millions de dollars financés par les contribuables qui pourraient autrement servir à verser une rémunération décente au personnel régulier des professions de la santé.

Cela dit, grâce aux pressions exercées par ces travailleuses et travailleurs et le mouvement syndical, les gouvernements commencent enfin à prendre conscience des inconvénients d’employer du personnel d’agences dans le système public de santé. En avril 2023, le Québec a adopté une loi visant à éliminer progressivement le recours aux agences et à l’interdire totalement d’ici à la fin de 2025. Au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve, le vérificateur général et la vérificatrice générale, respectivement, enquêtent sur les coûts exorbitants de ce recrutement pour leur province.

Le SCFP soutient activement le système public de santé en réclamant plus de personnel infirmier, des charges de travail réalistes, de meilleurs salaires et avantages sociaux, mais aussi de milieux de travail plus sains et plus sécuritaires. Récemment, le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario a remporté en arbitrage une hausse de 6 % après que les travailleuses et travailleurs se sont mobilisés pour faire annuler le plafond salarial indûment imposé par le gouvernement de Doug Ford dans le secteur public. Les membres du SCFP au Nouveau-Brunswick sont en train de s’organiser afin de défendre les régimes de retraite et le droit à la négociation collective du personnel des soins de courte et de longue durée. Au Québec, enfin, les membres du SCFP du secteur de la santé ont obtenu, sous la conduite du Front commun, une augmentation de 17,4 % grâce à une grève concertée.