Lorsque les femmes francophones de la région d’Ottawa cherchent à se protéger contre la violence familiale, un seul refuge s’offre à elles : Maison d’amitié. Les portes de Maison d’amitié pourraient bientôt être fermées aux femmes dans le besoin car, lors de la Journée internationale des droits des femmes, la direction a choisi de demander l’abandon de la conciliation, déclenchant le compte à rebours en vue d’un possible lock-out dans sa tentative d’exiger des concessions de la part des travailleuses.
Le travail quotidien des 30 femmes qui forment la section locale 5237 du SCFP a beaucoup changé ces dernières années en raison de l’intersection des crises de la santé mentale et du logement. Alors qu’elles concentraient uniquement leurs efforts sur les programmes destinés aux femmes et aux familles victimes de violence, les travailleuses consacrent maintenant une grande partie de leur temps à soutenir des femmes, des enfants et d’autres personnes aux problématiques multiples ou qui ont récemment vécu dans la rue, signe du manque de soutien communautaire et en santé mentale en amont.
Malgré des taux croissants d’épuisement professionnel et de traumatisme indirect chez les travailleuses, la direction tente de leur imposer des journées de travail de 12 heures.
« On est déjà épuisées après huit heures passées à gérer une crise, puis une autre. Comment la direction s’attend-elle à ce qu’on travaille quatre heures de plus en offrant la même qualité de service? », a déclaré Anick McMilan, travailleuse de première ligne chez Maison d’amitié, forte de plus de vingt ans d’expérience et vice-présidente du SCFP 5237. « La direction va détruire notre santé mentale, mais on ne sera pas les seules à souffrir. Les femmes et les familles qui dépendent de nous vont aussi souffrir. »
La direction affirme que le changement d’horaire proposé offrira une meilleure continuité des services pour les femmes; pourtant, Maison d’amitié fonctionne avec des quarts de huit heures depuis qu’elle a hébergé la première famille en 1977. Selon Anick McMilan, les conséquences concrètes sont une réduction des heures pour les employées à temps partiel et occasionnelles – qui représentent 68 % du personnel, ce qui mènera à la perte des avantages sociaux pour les employées à temps partiel.
Ce n’est pas la première fois que les tactiques de négociation de Maison d’amitié mettent en péril ces services essentiels. Bien qu’il s’agisse du seul refuge pour femmes francophones à Ottawa, lors de la dernière ronde de négociations, ce n’est qu’au dernier moment qu’une entente a permis d’éviter la fermeture du refuge. Le moment choisi pour demander l’abandon de la conciliation, qui intervient le jour de la Journée internationale des droits des femmes, est particulièrement exaspérant.
« La directrice distribuait des fleurs et du gâteau pour souligner la Journée internationale des droits des femmes au moment même où leur avocat demandait l’abandon de la conciliation pour les laisser nous mettre en lock-out, a déclaré Anick McMilan. C’est scandaleux de menacer de perturber le soutien à des femmes vulnérables qui tentent de retrouver leur indépendance, dans le seul but de retirer des avantages sociaux à un autre groupe de femmes précaires. »
À tout moment, la Commission des relations de travail de l’Ontario pourrait émettre un avis de non-constitution d’une commission, ce qui déclenchera le compte à rebours de 17 jours avant un éventuel lock-out. On encourage toute la communauté intéressée à soutenir le maintien des services de ce refuge par une entente équitable à visiter le site Web https://scfp.ca/soutenez-maison-damitie.