Comme 192 autres pays, le Canada s’est récemment engagé à atteindre d’ici 2030 les 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU (ODD).

En plus des engagements visant à protéger l’environnement, à réduire la pauvreté et les inégalités, l’ONU a, pour la première fois, inclus le plein emploi et le travail décent pour tous dans ses objectifs de développement durable :

« D’ici 2030, parvenir à une situation d’emploi productive et complète en procurant un travail décent pour toutes les femmes et tous les hommes, y compris pour les jeunes et les personnes ayant un handicap, ainsi qu’une rémunération égale pour un travail de valeur égale » et « protéger les droits dans le domaine du travail et promouvoir des milieux de travail sécuritaires et sans danger pour tous les travailleurs, y compris les travailleurs migrants, en particulier les migrantes, et les personnes qui ont un emploi précaire. »

Les objectifs de développement durable de l’ONU posent de nombreux problèmes, y compris le degré d’implication des entreprises, l’appréciation inadéquate de l’apport des services publics et l’absence de remise en question les politiques économiques capitalistes traditionnelles.

Malgré ces lacunes, c’est quand même la première fois que le Canada et d’autres pays s’engagent à atteindre le plein emploi et à offrir un travail décent à tous les travailleurs. Qu’est-ce que ça veut dire?

L’Organisation internationale du travail définit le travail décent comme étant :

« la possibilité pour le travailleur d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d’une protection sociale pour sa famille. Le travail décent donne aux individus la possibilité de s’épanouir et de s’insérer dans la société, ainsi que la liberté d’exprimer leurs préoccupations, de se syndiquer et de prendre part aux décisions qui auront des conséquences sur leur existence. Il suppose une égalité de chances et de traitement pour les femmes et les hommes. »

Pour l’OIT, le plein emploi existe lorsque :

« presque toutes les personnes qui peuvent et veulent travailler peuvent se trouver un emploi au niveau salarial existant. »

Le plein emploi ne signifie pas que le taux de chômage est nul. Il y a toujours un chômage dit « naturel » attribuable aux personnes qui passent d’un emploi à l’autre, mais cela se traduit par des taux de chômage de 2 à 4 %. Le Canada n’a pas connu de taux de chômage aussi bas depuis les années 1960, où la croissance économique était beaucoup plus dynamique.

Outre une croissance économique plus forte, que faudrait-il pour atteindre le plein emploi et offrir un travail décent à tous?

Lorsque les entreprises privées et les familles n’investissent pas suffisamment dans l’économie pour générer le plein emploi, les gouvernements devraient prendre le relais, en réalisant davantage d’investissements publics et en bonifiant les services publics, en particulier ceux qui génèrent de bons emplois.

Plusieurs pays européens ont introduit la « garantie pour la jeunesse », qui assure à tous les jeunes l’accès à l’éducation, à la formation ou à des possibilités d’emploi. Cette mesure pourrait être élargie pour offrir à tous les travailleurs, pas seulement aux jeunes, une « garantie d’emploi ». En vertu de cette garantie, le secteur public offrirait des emplois à salaire fixe pour du travail qui profite à la communauté, et ce, à tous ceux qui désirent et peuvent travailler.

Mais compte tenu de la croissance de la productivité et de la consommation, la seule façon d’atteindre le plein emploi et d’offrir un travail décent à tous consistera probablement à réduire les heures de travail, à partager le travail disponible et à augmenter les salaires en conséquence.