Selon une nouvelle enquête, les tensions induites par la pandémie alimentent des taux de violence élevés, à Horizon Santé-Nord (HSN) et dans d’autres hôpitaux du nord de l’Ontario.
L’enquête réalisée par Oracle Research au nom du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) du 17 au 24 mai révèle une inquiétante recrudescence de la violence physique et sexuelle faite au personnel hospitalier, qui à Sudbury et dans d’autres hôpitaux du Nord sont à 91 % des femmes.
Alors que seulement 13 % des plus de 239 infirmières et infirmiers auxiliaires autorisées (IAA), préposé(e)s au nettoyage, personnel administratif et autres dans les hôpitaux du Nord représentés par le SCFP s’identifient comme étant racisé(e)s, 78 % d’entre eux et elles disent être victimes de harcèlement ou d’abus en raison de leur race ou de leur apparence. Ce chiffre est plus élevé que celui qui ressort de l’enquête provinciale réalisée par le SCFP auprès de 2 300 membres du secteur hospitalier, où 71 % des répondants et répondantes racisées ont fait état de violence fondée sur la race.
Toutes catégories confondues, 53 % du personnel hospitalier d’HSN sont victimes de harcèlement sexuel et 53 % d’agressions sexuelles.
L’enquête a également révélé que 60 % des répondant(e)s de HSN (et du nord de l’Ontario) ont été victimes de violence physique, 65 % ont constaté une augmentation des incidents violents pendant la pandémie de COVID-19 et 53 % disent se sentir déprimé(e)s et épuisé(e)s émotionnellement en raison des conditions générales de travail.
Vingt-huit pour cent signalent une hausse de l’utilisation d’armes à feu ou de couteaux contre le personnel, soit 10 % de plus que la moyenne provinciale de 18 %.
Environ 4 000 personnes travaillent à HSN. Si on extrapole les résultats de l’enquête réalisée à Sudbury/nord de l’Ontario pour refléter ce total, plus de 2 400 membres du personnel hospitalier auraient été agressé(e)s physiquement au travail pendant la pandémie. Sur ce nombre, plus de 400 de ces agressions seraient à caractère raciste.
« La plus effroyable de toutes les projections est que plus de 1 500 membres du personnel d’HSN seraient victimes d’agressions sexuelles sur leur lieu de travail. Que les hôpitaux soient devenus des lieux de travail de plus en plus toxiques et dangereux où des centaines de femmes sont battues, agressées sexuellement et racisées chaque jour est une réalité qui donne à réfléchir. C’est un niveau de violence que le premier ministre provincial, le ministre de la Santé et les hôpitaux ne peuvent plus ignorer. Ils doivent y mettre fin », a déclaré Sharon Richer, secrétaire-trésorière du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP).
Cette recrudescence de la violence faite aux femmes, dont une grande partie est à caractère raciste, survient dans un contexte de pénuries de personnel et de postes vacants jamais vus dans les hôpitaux de l’Ontario qui comptent le moins de personnel et de lits par rapport à la population de tous les pays développés.
« Cela signifie que le public attend dans des hôpitaux bondés, que les patients et patientes sont renvoyées chez eux alors qu’ils et elles sont encore gravement malades ou sans même avoir été soigné(e)s. Leur famille est inquiète et en colère quant à l’accès et à la qualité des soins. Une dotation réduite au minimum et des membres du personnel qui travaillent seul(e)s dans des circonstances où ils et elles sont très vulnérables aux agressions est devenue la normalité. En raison des lourdes charges de travail, de la pénurie de personnel et des risques de violence, plusieurs IAA, PSSP, brancardiers et brancardières, préposés et préposées au nettoyage, employés et employées de bureau choisissent malheureusement de quitter leur emploi à l’hôpital », déclare Melanie Viau, IAA chevronnée et vice-présidente francophone du CSHO-SCFP.
Les recommandations visant à freiner la violence faite au personnel hospitalier commencent par la tolérance zéro et doivent inclure une prise en charge provinciale correspondant à tout le moins au coût de l’inflation pour augmenter la dotation en personnel afin que nul(le) ne travaille seul(e) et pour accroître le nombre de lits pour mettre fin aux soins dans les couloirs.