Le syndicat représentant, entre autres, les aides-soignant(e)s, les commis et le personnel d’alimentation, de sécurité et d’entretien ménager demande au gouvernement du Manitoba qu’il vienne immédiatement en aide au personnel de l’Hôpital Saint-Boniface et d’autres établissements. Il cite le dépôt de près d’une trentaine de plaintes pour charge de travail excessive au cours du dernier mois seulement.
« Le personnel de soutien en soins de santé crie à l’aide, mais le gouvernement n’écoute pas », résume Debbie Boissonneault, présidente de la section locale 204 du SCFP, qui représente le personnel de soutien de l’ORSW et de Soins communs. « Ces gens sont les piliers de notre système de santé, et ces piliers s’effondrent sous le poids de la charge de travail et du manque de main-d’œuvre. »
Entre le 1er novembre et le 10 décembre, le personnel de soutien de l’Hôpital Saint-Boniface a déposé, à lui seul, 29 plaintes pour charge de travail excessive. Ces plaintes mentionnent la pénurie de personnel et ses impacts sur les soins à la clientèle.
Cette forme de plainte permet au personnel de signaler les incidents de charge de travail excessive au syndicat, qui contacte ensuite l’employeur ou la personne dont relève la partie plaignante pour régler la situation. Malheureusement, en raison de l’inaction de la gent politique provinciale, l’employeur n’a pas été en mesure de remédier à une crise de dotation qui affecte la plupart des hôpitaux et des maisons de soins de la province.
Le 4 novembre, un aide-soignant en poste de nuit à l’Hôpital Saint-Boniface a signalé être le seul aide-soignant pour une aile de 31 patientes et patients, ce qui l’a empêché de s’acquitter de tâches importantes, comme de vérifier l’état des personnes incontinentes. « Je n’ai pas eu le temps de donner de l’eau fraîche à 85 pour cent des patientes et patients », a-t-il noté sur le formulaire.
Le 25 novembre, une aide-soignante a signalé qu’il « n’y avait pas assez de personnel pour le service des urgences, et qu’une aide-soignante avait été transférée aux soins constants [où on surveille quelqu’un en tout temps], de sorte que nous étions encore moins nombreux ». Résultat, le personnel n’a pas pu répondre en temps opportun aux boutons d’appel qu’utilisent les patient(e)s pour demander de l’aide.
Le 30 novembre, quelqu’un a mentionné qu’une journée en sous-effectif « c’est une journée normale en ce moment dans l’unité COVID positive », notant que les membres du personnel n’arrivent pas à prendre leurs pauses, ce qui aggrave le stress et l’épuisement.
La pénurie affecte également le rythme d’admission et d’enregistrement des patient(e)s, notamment dans les cliniques.
Le personnel de ces services a noté qu’on y travaille en effectif réduit 95 pour cent du temps, ce qui fait manquer des rendez-vous aux patient(e)s, retarde l’arrivée de patient(e)s dans les salles d’opération et empêche d’effectuer les rappels de rendez-vous.
« Ce n’est que la pointe de l’iceberg, précise Debbie Boissonneault. Le personnel est épuisé, le moral est à plat et, pour couronner le tout, notre convention collective est échue depuis cinq ans. Le personnel de soutien est en première ligne de cette pandémie depuis le premier jour, mais la situation actuelle dans nos hôpitaux et nos maisons de soins n’est pas viable. »
Le 6 décembre, le SCFP 204, de concert avec les sections locales du SCFP représentant le personnel de soutien de Southern Health-Santé Sud, de la Régie de la santé du nord du centre Riverview Health, ont demandé à rencontrer de toute urgence la ministre de la Santé et des Soins aux aînés Audrey Gordon, sans réponse jusqu’à présent.
« De l’admission à la sortie, les soins aux patientes et patients sont mis à mal, et il est de la responsabilité du gouvernement d’y remédier sans tarder », conclut Mme Boissonneault.