Le budget « insensible » dévoilé hier par le gouvernement Rankin présente de nombreuses lacunes au chapitre des nouvelles dépenses, notamment les soins de longue durée, les garderies et les services communautaires. « Plus particulièrement, on n’y reconnaît pas du tout la valeur des emplois liés aux “soins”, des secteurs mal rémunérés à prédominance féminine », souligne la présidente du SCFP-Nouvelle-Écosse, Nan McFadgen.
« Parmi les leçons importantes à tirer de la pandémie de COVID-19, il y a l’importance de soutenir pleinement ces secteurs tout de suite. Ce sont des services publics et des travailleurs du secteur public qui font tourner notre économie, mais qui sont sous-valorisés par le gouvernement. »
« Ce budget est-il vraiment suffisant pour répondre aux besoins des Néo-Écossais ? demande-t-elle. En fait-il assez pour que personne dans un établissement de soins infirmiers ne meure seul ? En fait-il assez pour fournir des services de garde à toutes les familles qui en ont besoin, et pas seulement aux parents d’enfants de quatre ans ? Pour permettre aux travailleurs des soins à domicile de voir les mêmes clients de manière cohérente ? Les nouveaux logements avec services de soutien auront-ils suffisamment de ressources pour répondre aux besoins des personnes qui vivent actuellement dans des foyers de soins pour adultes ? »
Le budget ne prévoit aucune dépense pour faire face à la crise démographique dans les soins de longue durée. On n’y trouve que 236 nouveaux lits au cours des cinq prochaines années, alors qu’il y a déjà une liste d’attente de plus de 1 200 personnes.
« Le Groupe d’experts sur les soins de longue durée a clairement déclaré que le recours aux aides-soignants de longue durée était censé être une mesure à court terme, rappelle Nan McFadgen. Or, le gouvernement libéral semble adopter cette solution pour le long terme. Même dix millions de dollars ne suffiront pas à résoudre la crise actuelle dans la dotation en personnel. Ce recours aux aides-soignants témoigne de la dévalorisation constante du travail dans les soins, qui est effectué de manière disproportionnée par des femmes, et en particulier des femmes de couleur. »
« Où est l’argent pour le recrutement et la rétention dans le secteur des soins de longue durée ? L’an dernier, le provincial a dépensé plus de 70 millions de dollars pour recruter des médecins. Dans ce budget, on n’a que trois millions de dollars pour la dotation en personnel des soins de longue durée. Comment recruter des gens pour faire un travail physiquement exigeant où on est sous-payé et sous-valorisé pendant des années en raison de la pénurie de personnel ? »
Autre déception : il n’y a aucune augmentation du financement des garderies ni mention d’un quelconque investissement dans les services de garde pour les enfants de moins de quatre ans. Les familles devront continuer de se débattre pour payer des frais de garde élevés, les exploitants seront mis au défi de recruter et de retenir des éducatrices, et nous risquons de perdre des places autorisées.
« Encore une fois, qui est le plus touché ? Les femmes, lance Mme McFadgen. Ce sont surtout les femmes qui prodiguent l’éducation à la petite enfance, qui ont du mal à rester sur le marché du travail, qui aident leur famille lorsqu’il n’y a plus de places en garderie. »
Le ministre Kousoulis a également annoncé une augmentation de 46,7 millions de dollars pour déplacer les résidents des établissements de soins pour adultes et des hôpitaux vers la communauté. « Ce n’est qu’un chiffre. Le plan, c’est quoi ? s’interroge Nan McFadgen. On a besoin d’une ventilation de cet argent. Est-ce du financement au fonctionnement ? Du capital ? Cela inclut-il le recyclage du personnel qui travaille actuellement dans les établissements de soins pour adultes et les foyers de groupe ? »
« Les gens qu’on déplacera dans la communauté auront besoin de plus de soutien, pas de moins ! Comme il n’y a pas eu de planification, nous ne pouvons pas savoir si ce qui a été budgété se rapproche seulement de ce qui sera nécessaire pour appuyer cette transformation. »
La pandémie n’a pas seulement fait ressortir les failles de notre politique économique, elle a révélé les politiques ratées qui rendent la vie moins égalitaire pour les femmes, les aidants naturels, les personnes âgées et des milliers d’autres Néo-Écossais qui méritent beaucoup mieux.