Le SCFP réclame depuis longtemps la création d’un régime d’assurance-médicaments pancanadien, public et universel. Malheureusement, ce n’est pas ce que propose le budget fédéral 2018.
Or, un régime d’assurance-médicaments, c’est logique du point de vue économique. En septembre 2017, le directeur parlementaire du budget a fait la démonstration qu’un régime pancanadien permettrait de réduire d’au moins 4,2 milliards de dollars par année les dépenses en médicaments d’ordonnance au pays. De plus, grâce à un tel régime, 3,5 millions de Canadiens qui n’ont pas les moyens de payer leurs médicaments n’auraient plus à choisir entre leurs prescriptions et leur loyer ou leur épicerie.
Avant le dépôt du budget 2018, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un conseil qui mènera des consultations et présentera des options pour un éventuel régime pancanadien d’assurance-médicaments. Ce comité sera présidé par l’ex-ministre ontarien de la Santé et défenseur de longue date de l’assurance-médicaments, Eric Hoskins. Cette annonce était encourageante.
Pas d’argent ni d’échéancier
Hélas, le budget fédéral ne prévoit pas de ressources financières pour ce comité et il ne fixe pas d’échéancier à ses travaux.
Au cours des dernières décennies, de nombreuses recherches, consultations, commissions royales et études parlementaires ont recommandé la création d’un régime pancanadien d’assurance-médicaments. Les Canadiens n’ont pas besoin de nouvelles études.
Pire, avant même que l’on connaisse le mandat du conseil, le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau a déclaré que la mise en place d’un régime universel ne sera pas étudiée. Le ministre s’attend plutôt à ce que le conseil recommande le maintien des régimes privés et publics existants, tout en élaborant une stratégie pour combler leurs lacunes.
Cette approche n’est clairement pas dans l’intérêt public. En effet, neuf Canadiens sur dix croient qu’il est temps d’instaurer un régime universel d’assurances-médicaments.
Même si plusieurs travailleurs bénéficient d’assurances collectives au travail, bon nombre de ces régimes collectifs ne couvrent pas tous les coûts des médicaments d’ordonnances. Les travailleurs doivent assumer des franchises qu’ils n’ont souvent pas les moyens de payer. Le régime proposé par le ministre Morneau n’améliorera pas leur sort, puisqu’ils sont déjà couverts en partie par un régime privé.
L’assurance-médicaments pour tous
Le SCFP s’oppose fortement à la proposition Morneau. Nous sommes convaincus qu’un régime pancanadien d’assurance-médicaments doit profiter à tous les Canadiens, et ce, sans exception.
Nous avons besoin d’un régime universel, financé et géré par le gouvernement fédéral, qui couvre tous les médicaments sécuritaires et efficaces disponibles.
Ce dont nous n’avons pas besoin, c’est d’une « stratégie » à la Morneau qui fait passer les intérêts des assureurs privés et des pharmaceutiques avant les intérêts de la population. Pour le SCFP et ses membres, la santé des Canadiens doit primer sur les profits du secteur privé.
Il est possible de se donner un régime d’assurances-médicaments pancanadien, public et universel, mais le gouvernement Trudeau doit avoir la volonté politique pour le concrétiser. Espérons que c’est aussi l’avis d’Eric Hopkins.