Manifestement, Terre-Neuve-et-Labrador n’est plus en crise économique, puisque les chiffres révisés du gouvernement pour 2022-2023 affichent un revenu supplémentaire de 1,5 milliard de dollars au dernier exercice. Et pourtant, le budget 2023-2024 publié aujourd’hui ne réinvestit aucun de ces revenus dans la main-d’œuvre du secteur public, laissant le revenu des travailleuses et travailleurs de la santé, de l’éducation, des bibliothèques, du logement et des foyers de transition et de groupe poursuivre son érosion aux mains d’une inflation galopante.
Une préposée ou un préposé aux bénéficiaires qui gagnait 46 293 $ en avril 2020 devrait gagner 51 461 $ en janvier 2023 juste pour suivre l’inflation. À cause du plan du gouvernement, cette personne gagnera plutôt 47 218 $. « Pourquoi le gouvernement s’attend-il à ce que les gens travaillent pour moins chaque année ? » demande Sherry Hillier, présidente du SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador. Un préposé gagne 4 242 $ de moins en 2023 qu’en 2020 à cause de l’inflation. Et c’est ce qui explique le problème de rétention. Qui accepterait de travailler pour moins chaque année ? »
« Ce budget promet 23 millions de dollars à la main-d’œuvre de la santé, mais pas un dollar n’ira aux travailleuses et travailleurs essentiels qui sont responsables de la cuisine, du nettoyage et des soins aux résident(e)s, explique Mme Hillier. Ces gens quittent le secteur parce qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Les initiatives de recrutement, c’est génial, mais ça ne donne rien si on ne paye pas les gens ce qu’ils valent. »
« Cela fait des années que nous militons pour une augmentation des dépenses dans le logement social, poursuit-elle. Aujourd’hui, le gouvernement s’est engagé à investir dix-sept millions de dollars pour réparer et rénover les logements vacants, mais il faut parler de rétention encore une fois. La réalité, c’est qu’on n’arrive pas à pourvoir les postes nécessaires à ces améliorations parce que les salaires ne sont pas concurrentiels. Pour que cette initiative fonctionne, il faut offrir une rémunération concurrentielle aux gens du secteur public. »
« Nous nous réjouissons de la promesse de publier une nouvelle grille salariale pour les éducatrices et éducateurs de la petite enfance. Cela fait des années qu’on leur demande de faire plus avec moins. Un investissement de 64 millions de dollars, c’est un bon début. Ces personnes sont essentielles à l’éducation préscolaire de nos enfants et il est temps que nous commencions à les payer en gardant cela à l’esprit. J’espère que cette nouvelle grille reflétera correctement le travail qu’ils font sans plafonner leur salaire. »